C'est parce qu'ils pensaient qu'ils avaient fait le tour des expérimentations possibles avec Shuffle que le quintet a déposé les instruments. Et c'est parce qu'ils avaient encore des idées à exprimer qu'ils les ont repris... Mais en se focalisant sur un style plus précis et pointu, ils ont préféré changer de nom pour ne pas décevoir les amateurs de rock très ouvert et marqué par les États-Unis. Le choix, affiné, s'est porté vers un rock-metal progressif et ce "nouveau" combo s'appelle HamaSaari, une connotation scandinave qui évoque le froid, l'aventure et la beauté des aurores boréales.
Mêmes musiciens, même graphiste, même studio, même label, les Manceaux ont gardé tout ce qui fonctionnait très bien du temps de Shuffle et se sont fait plaisir pour vivre à fond leur nouvelle aventure. En l'occurrence, ils ont travaillé sur la composition et les arrangements avec Guillaume (Klone) et ont fait mixer et masteriser leur premier album par Forrester Savell (Karnivool, Animals as Leaders...), deux renforts de poids pour exprimer l'indicible avec Ineffable.
Si les titres ne sont pas très longs (entre 4 et 7 minutes), les ambiances prennent le temps de s'installer, plutôt dans la clarté et la douceur, c'est avec des sons clairs et ronds qu'on entame chaque trip, l'électricité comme la distorsion n'arrivent qu'en cours de route pour apporter de la tension si c'est nécessaire ("Lords" ou "Prognosis" préférant par exemple rester paisible et tranquille). Exception à cette règle, c'est avec saturation que nous reçoit "White pinnacles", et malgré le déluge de feu des guitares et de la rythmique, le chant garde son aspect lumineux et chaleureux, nous laissant la tête hors de l'eau, limitant les écarts gutturaux, ces derniers étant même passés relativement à l'arrière-plan dans le mix.
Avec cette domination d'une approche plus rock que metal et un timbre de voix assez pop, HamaSaari peut être comparé à Porcupine Tree ou Steven Wilson en solo. Il y a pire comme référence...
Publié dans le Mag #55