Halo Maud - Celebrate C'est un album qui s'est fait plus qu'attendre... 6 ans, c'est bien trop pour le fan de Je suis une ile que je suis. Littéralement bluffé et séduit par tant de beauté que livrait ce disque, l'impatience fut longue jusqu'à la réapparition sporadique d'Halo Maud il y a deux ans à travers un EP de 4 titres nommé Pesnopoïka, puis l'année suivante avec deux participations sur des morceaux composés par The Chemical Brothers, et la présentation des premiers singles de Celebrate. En vérité, depuis 2022 et jusqu'à la date de sortie, Maud avait déjà livré au public un peu plus d'un tiers de ce deuxième album. Comme le suggère son titre, c'est une célébration à la fois pour toutes celles et ceux qui ont eu un gros coup de cœur pour sa musique, mais aussi pour elle à titre personnel, puisqu'elle a donné naissance à un garçon 6 mois avant la sortie.

L'ancienne collaboratrice de Melody's Echo Chamber et de Moodoïd a fait confiance cette fois-ci à Greg Saunier de Deerhoof pour une partie de la production de Celebrate, et s'est entouré de valeurs sûres pour l'écriture, la technique ou l'interprétation (Frànçois Atlas, Flavien Berger, Blumi, René Lussier...). De très bon choix, à la vue du résultat final un peu différent de Je suis une île, dont les chansons étaient beaucoup plus directes. En effet, l'univers de cette nouvelle œuvre paraît plus dense, colorée et impénétrable aux premières écoutes. La touche Halo Maud est clairement ancrée (dream pop), mais ses compositions empruntent des chemins plus progressifs avec quelques folies passagères (comme ce chant syllabique sur "Iceberg" en compagnie de Flavien Berger, ou ces voix sous hélium sur "You float"), le tout avec des arrangements et une écriture encore plus poussée. Certains titres font même preuve d'une puissance insoupçonnée à l'image de cette épaisse batterie sur "Terres infinies" ou bien "Last day song". La touche de Greg Saunier n'y est pas étrangère. D'ailleurs, ce dernier partage le micro avec Maud sur un "You float" d'anthologie aux accents trip-hop.

Ce disque est une authentique fête de la mélodie et repousse les limites créatives de sa génitrice, là où on pensait qu'elle les avait déjà atteintes sur son prédécesseur. Il séduit et s'équilibre parfaitement par son entrelac de chansons intimistes sublimes ("A te voir", "Pesnopoïka"), de titres pop autant psychédéliques que romantiques ("Catch the wave", "Entends-tu ma voix"), et d'élans fougueux jubilatoires ("Terres infinies", "Last days song"). Avec Celebrate, Halo Maud s'affirme et ouvre un nouveau chapitre de sa vie d'artiste qui s'annonce tout particulièrement excitant.