Halo Maud 2018 - 1 Bonjour Maud, on apprend en lisant ta biographie qu'avant Halo Maud, tu avais déjà un premier projet solo nommé Myra Lee, grâce auquel tu as pu collaborer avec Melody Echo's Chamber et Moodoïd, qu'est-ce qui a déclenché ces fins de collaboration et la naissance d'Halo Maud ?
J'ai publié un EP sous le nom de Myra Lee oui, mais mes collaborations n'ont pas vraiment de lien direct avec tout ça, mis à part le fait qu'on a tous joué les uns pour les autres à un moment, et que j'ai beaucoup appris en accompagnant sur scène mes amis. Halo Maud n'était pas un nouveau projet, mais l'évolution naturelle de ce que je faisais seule. Ceci dit j'ai effectivement eu besoin de ce nouveau nom pour marquer un repère dans le temps, et le fait que je me sente enfin proche de ce que je cherchais.

Te sentais-tu moins libre artistiquement avant de débuter cette aventure solo ?
J'ai toujours écrit mes morceaux seule, mais ce qui a probablement le plus évolué en quelques années, c'est la confiance que je place en mon instinct et en mon travail, et en un sens, ma patience. Quand je compose des chansons, je sens très vite quand je suis dans la bonne direction ou pas, mais une fois l'embranchement choisi, je peux prendre énormément de temps pour arriver exactement au bon endroit. Aussi bien pour la musique que pour les textes.

Le titre de l'album interpelle. Quel est le lien entre une île et toi-même ?
C'est juste une image pour parler de ce qui se résumerait à la condition humaine j'imagine. Nous sommes tous des entités isolées, moi pas plus que quelqu'un d'autre, mais c'est l'angle que j'ai choisi pour écrire les textes de mes chansons, depuis mon territoire de repli.

Est-ce que quelque part, tu as un sentiment d'isolement avec Halo Maud ?
Pas du tout, je me sens même incroyablement bien entourée, musicalement et professionnellement. Par contre j'ai besoin de solitude pour créer, et comme je suis assez lente dans l'écriture, j'ai besoin de passer pas mal de temps toute seule, mais sur de courtes périodes. Ça ne fonctionnerait pas sans les moments où je suis entourée.

Peux-tu nous présenter les gens qui t'entourent et leurs rôles ?
Il y en a beaucoup ! J'ai coproduit le disque avec Robin Leduc, qui m'a aidée, entre bien d'autres choses, à faire le tri dans mes idées, à faire des choix d'une manière générale. J'ai tendance à trop en mettre. Il a joué quasiment sur tous les morceaux, parfois de la batterie, parfois de la basse, parfois du clavier. C'était mon ange gardien pendant toute la production du disque et il a été d'une grande patience ! C'est ensuite Angy Laperdrix qui a mixé l'album, et son oreille fraîche et sa rigueur ont été précieuses. Et puis il y a les musiciens qui m'accompagnent sur scène et qui sont aussi intervenus sur l'album : Olivier Marguerit (O), Stéphane Bellity (Ricky Hollywood), Vincent Mougel (Kids Are Dead), mes frères de musique.

Halo Maud 2018 - 3 Est-ce que c'est plus simple ou au contraire plus difficile pour toi d'écrire et de composer seule ?
J'adorerais arriver à créer à plusieurs un jour ; je parle d'être plusieurs dans une même pièce pour écrire un morceau. Mais pour l'instant il y a encore trop de choses sur lesquelles il m'est impossible de faire le moindre compromis. J'imagine que j'ai encore des choses à me prouver avant de pouvoir m'ouvrir plus.

Quand on écoute "Je suis une île", on ne peut pas s'empêcher de penser à une multitude d'artistes plus ou moins reconnus que nous aimons comme Blonde Redhead en premier lieu. Est-ce que c'est quelque chose d'assumé ou ces influences évidentes qui ressortent sur disque sont un pur hasard ?
Ce n'est évidemment pas un hasard, Blonde Redhead fait partie des groupes que j'ai le plus écouté, mais il y a beaucoup d'autres artistes qui m'inspirent, et qui ne sont pas que des musiciens d'ailleurs. J'essaie de faire des morceaux au plus proche de ce que je suis, et tous les artistes qui m'ont nourrie en font partie.

Ta voix fragile et forte à la fois me rappelle autant Bjork que Kazu Makino (Blonde Redhead) en passant par Maura Davis de Denali. Qui t'as inspiré le plus pour te retrouver à chanter de cette manière-là ?
C'est un peu la même idée que précédemment, c'est-à-dire que les voix qui m'ont influencée font partie intégrante de ma façon de chanter. Mais pour le coup j'ai peu de modèles de voix féminines francophones, ce qui m'a un temps déstabilisée, mais finalement poussée à essayer des choses à l'aveuglette. Je ne suis en tous cas pas en total contrôle sur ma voix, j'aime qu'elle me surprenne, et j'aime la pousser dans ses limites aussi.

Il y a beaucoup de raffinement dans la production de ce disque, un peu comme le fait dans un autre style Forever Pavot par exemple. Est-ce que le son de cet album est à l'image de ce que tu espérais avant de le faire?
Je n'avais pas vraiment d'idée de comment sonnerait le disque dans son ensemble, mais par contre des idées très précises sur le son de voix, de guitare ou de clavier. Je ne peux pas expliquer à l'avance ce que je veux, mais en faisant les choses, je sais tout de suite si c'est le son dont j'ai envie ou non.

Pourquoi as-tu choisi Robin Leduc pour la production ?
On s'est rencontrés après un concert et il m'a ouvert les portes de son studio. C'est un immense cadeau parce que j'ai tout de suite senti qu'il me faisait confiance.

Halo Maud 2018 - 2 Est-ce que tu as des modèles en terme de producteurs reconnus avec qui tu aimerais un jour travailler ?
Pas vraiment ; j'ai besoin de rencontrer les gens avant d'imaginer travailler avec eux.

C'est vraiment ta participation sur une compil' de La Souterraine en 2015 qui t'a fait connaître auprès du public ? Ou tu considères juste que c'est un fait pas plus important qu'un autre dans ton histoire de musicienne ?
C'est exactement le point de départ oui. La Souterraine m'a donné le dernier petit élan dont j'avais besoin pour publier mes nouveaux morceaux, et puisque c'était justement le moment où les médias ont commencé à s'intéresser de plus près à leur démarche, j'ai pu bénéficier de cet intérêt-là.

D'ailleurs, qu'aurais-tu fait si tu n'avais pas été musicienne ? Et que ferais-tu si tu arrêtais demain Halo Maud et la musique en général ?
C'est drôle on m'a posé cette question il y a quelques jours, mais je n'ai pas su y répondre. J'ai l'impression que je ne ferai pas de musique, ou que j'aurais déjà arrêté, si je pouvais imaginer faire autre chose.

Qu'est-ce qui te débecte le plus dans le milieu musical ?
Le fait que bien trop de gens qui travaillent en maison de disque manquent cruellement de passion. J'ai l'immense chance d'avoir pu éviter ça.

Pour terminer, quelles sont les prochaines échéances avec Halo Maud ? Un nouvel album ?
Rock en Seine dimanche (26 août), puis les derniers festivals d'été et une tournée cet automne en Europe. Et effectivement je travaille sur des nouveaux morceaux, mais il est encore un peu tôt pour que je sache exactement quelle tournure cela prendra.