Halo Maud - Je suis une ile Découvert par un pur hasard sur une station de radio du service public lors d'une émission consacrée à divers artistes francophones bien installés (dont Lofofora, eh oui !), Halo Maud m'a ébloui dès les premiers instants avec "Wherever", le titre inaugural de son premier album, Je suis une île, sorti le 25 mai chez l'écurie anglaise Heavenly Recordings (Mark Lanegan, Baxter Dury, The Parrots). Curieux pour une artiste française peu connue (excepté le fait qu'elle ait collaboré par le passé avec Moodoïd, Melody's Echo Chamber ou Christophe) qui privilégie majoritairement sa langue natale à l'anglais pour accompagner sa belle pop mélodique et aérienne. Aidée par Julien Gasc d'Aquaserge et mise en lumière par les gars du label La Souterraine qui publient en 2015 son titre "À la fin" sur l'une de leurs compilations, Maud sort un EP puis son premier album qui confirme le talent de l'Auvergnate récompensée par des premières parties de Baxter Dury et Phoenix.

Car c'est bien entourée qu'elle a pu faire valoir la magie gracile de Je suis une île grâce à des esthètes de la scène pop-rock underground française... notons Olivier Marguerit, membre de Syd Matters et connu sous le nom de scène O, Benjamin Glibert et Julien Gasc d'Aquaserge, Stéphane Bellity (Ricky Hollywood), ou encore Pablo Padovani (Moodoïd) et Vincent Mougel de Kidsaredead. Être une île pour démontrer qu'elle se démarque des autres ? Oui et non. En passant aisément du français à l'anglais avec sa douce voix réverbérée Halo Maud développe une pop onirique encore assez peu représentée en France pour qu'on soit en mesure de la taxer maladroitement de plagieuse. C'est réellement quand elle s'exprime dans la langue de Shakespeare que certaines de mes références remontent le plus à la surface, à tort ou à raison (Blonde Redhead, Björk, Beach House, Flunk, Denali). Être une île pour démontrer son isolement et ses secrets ? Plus assurément car cet album comporte des textes autobiographiques, on ne peut éviter son utilisation excessive du "je" et "I" pour aborder des sujets comme son baptême réalisé par son père pasteur ("Baptism").

Le premier LP de Maud Nadal (de son état-civil) est touchant et regorge à souhait de pépites sonores exquises, citons "Chanceuse", "Tu sais comme je suis", "Je suis une île" ou le conclusif et prenant "Des bras" qui se termine par un poli "Au revoir, à bientôt" en chorale. Incroyable par le soin apporté à la production qui a réussi de bout en bout à rendre sa musique si légère et magnétisante, ce disque fait office de jolie carte de visite à cette nana d'une trentaine d'année élevée au son de PJ Harvey et Cat Power (son premier projet solo se nommait Myra Lee). On risque fort de vous reparler prochainement de cette Halo Maud.