Guerilla Poubelle - L'ennui J'ai galéré à rédiger cette chronique, sans trop savoir pourquoi car je divulgâche d'entrée de jeu, à l'instar des précédents, j'adore ce disque. Je faisais part de ces considérations et de ma perplexité à mon petit neveu, avec qui j'entamais ma cinquième partie des Aventuriers du rail (je ne peux rien lui refuser et je vous conseille ce jeu) et lui de me rétorquer : "bah c'est facile, t'as qu'à dire que c'est du punk rock et que c'est bien". C'est beau d'avoir neuf ans... Et c'est marrant, en traînant sur le site, j'ai vu que c'est déjà moi qui avais chroniqué Amor fati (sorti en 2013). J'en connais un qui avait du me refiler le sale boulot (coucou Gui de Champi). A peu de choses près, je pourrais reprendre les mêmes mots mais ce cinquième album de GxP et son titre antinomique mérite mieux que ça. Faut dire qu'il s'est passé pas mal de choses depuis Il faut repeindre le monde en vert en 2005 et qu'il est bon de le rappeler, tant certains semblent bloqués sur cette période, quand j'en discute parfois autour de moi. Pour celles et ceux du fond qui n'avaient pas fait l'effort de suivre, ça fait un peu plus de cinq ans maintenant que la formule est stable autour de Till (guitare / chant), Paul (batterie / choeurs) et Antho (basse / choeurs), la meilleure selon moi, en live comme sur disque. Fini les morceaux un peu hardcore, au chant aigu et criard et aux émois post adolescents qui me branchaient moins. Le ton se veut désormais plus grave, plus posé et mieux maîtrisé. Forcément, on n'a pas la même expérience et expertise, le même regard, ni la même voix à 20 ans qu'à 30 ou à l'aube de la quarantaine.

L'ennui donc, tout un programme. Est-ce un clin d'œil au refrain du tube "Demain il pleut" et son fameux "Je m'emmerde..." ou alors au titre du précédent album, La Nausée ? Vous avez une esquisse de réponse dans l'interview consacrée au groupe dans les pages du Mag #41. Toujours est-il que si La Nausée et ses textes avaient été écrits en réaction à l'élection de Macron, avec des chansons comme "En marche" ou "Ceux qui ne sont rien", à la gloire des syndicats de cheminots, on ne peut pas dire que la situation sociale actuelle ait évoluée positivement. Il est l'or mon señor de rebrancher les amplis, remettre le couvert avec la même colère, indignation légitime et démarche sincère, tâchant de coller au plus près de leurs positions et engagements. Ça démarre tambour battant avec "Les frontières du présent" ou plus loin, "Qui perd perd", grâce à la frappe rapide et véloce de Paul mais c'est sur des morceaux tels "Apocalypse 6:12" (qui traite d'écologie), "L'aigle et la foudre" (sur l'ultra libéralisme) ou encore "Vampire" (questionnant la masculinité), que je trouve le groupe bien plus efficace et entraînant. Même si après une cinquantaine d'écoutes environ mais quelques unes auront suffi, ce sont "La bataille de Paris" (ma bande-son des manifs de décembre et janvier dont le refrain se chante le poing levé bien haut) et "Le casse du siècle", avec cette basse résonnante, qui sont mes préférées. C'est d'ailleurs un autre des points forts de l'album, ces nombreuses lignes de basses dynamiques, bien trouvées, ne se contentant pas de suivre les riffs sur chaque chanson et bien présentes dans le mix final. À ce propos, L'ennui a été enregistré à Montréal chez un de leurs potes et il ne s'est pas moqué d'eux en leur faisant un son assez fat.

Hum, il est temps de conclure je crois, si le mag veut sortir aujourd'hui. Tu peux normalement choper le disque pas cher en format physique et gratos sur bandcamp en digital, fais-toi plaisir, tu ne vas pas t'ennuyer, c'est du punk rock et c'est bien.