Grizzly Bear : Yellow house Yellow house, rien à voir avec une toile de Van Gogh, ou avec une lointaine évocation du romain de Gaston Leroux (Le Mystère de la chambre jaune), la maison jaune du titre est tout simplement le lieu où a été écrit et enregistré le deuxième disque de Grizzly Bear... tout simplement la demeure de la grand-mère d'Edward Droste (vocaliste de la formation new-yorkaise). Un processus de composition à l'écart du monde, complètement en vase clos et qui a permit au groupe d'accoucher d'une oeuvre à la fois plus limpide et complexe que Horn of plenty, mais également plus matûre que sur son premier effort. Lequel à défaut de manquer de personnalité, avait la facheuse tendance de vouloir plaire à tout prix, en jouant avec les modes, histoire de nourir sa hype naissante. Ici, plus question de vouloir s'attirer les faveurs des critiques de magazines rock, Grizzly Bear semble s'être recentré sur lui-même afin d'écrire avec ses trippes. Bercé par une mélancolie à fleur de peau, Yellow house est un disque qui se dévoile écoute après écoute, sans jamais verser dans l'autocomplaisance.
Une oeuvre racée qui ne se voile pas la face et se met en nu sans fausse pudeur. Des élodies acoustiques épurées et graciles sur "Little brother", "Knife", "Easier", qui viennent se mêler à des choeurs véritablement enchanteurs et des harmonies délicieusement évanescentes, le groupe distille son art avec classe. La une mise en scène parfaitement huilée, l'orchestre accompli son oeuvre. Pas de constructions ampoulées ou de structures aventureuses pour faire bien dans Yellow house, mais uniquement du folk qui s'est désinhibé, un peu plus libéré avec le temps. Les compositions sont plus compactes qu'auparavant, toujours feutrées, mais elles dévoilent plus lentement leurs apparats bien dissimulés sous une avalanche de petites trouvailles musicales, conséquences de l'usage d'instruments assez inattendus pour un album néo-folk. La production est également plus affinée, Grizzly Bear ayant depuis signé chez un gros label indépendant (Warp Records) évite soigneusement les défauts de jeunesse d'un premier album en forme d'assemblage lo-fi de morceaux enregistrés pop/folk avec les moyens du bord, pour livrer un album soigné, délicat et élégant. Là où Horn of plenty pouvait être vu comme une oeuvre de jeunesse, ingénue et foisonnante, Yellow house se fait l'écho d'un groupe plus sûr de son fait et désormais en pleine possession de ses moyens.