Grit - Shreds of tales Très joli coup que celui de Grit qui a enregistré son album mais l'a découpé en 3 EPs pour faire monter le désir et occuper le terrain de longs mois durant, cette fois-ci, pas de chronique de leur troisième chapitre (le bonhomme jaune à tête d'enclume ou Chapter three - Head's up) mais de l'ensemble dénommé Shreds of Tales (oui, entre le début et la fin du projet, le groupe a finalement laissé tomber le sous-titre "The story of normal people living normal lives, at least according to them") et si on connaissait déjà plus de la moitié de l'opus (6 titres sur 11), l'impatience était grande de savoir comment les pièces du puzzle allaient s'assembler. En effet, Grit n'a pas empilé les plages (comme Harmonic Generator mais ces derniers ont enregistré leurs différents EPs sur plusieurs années) mais a redistribué les cartes pour faire de Shreds of Tales ce qu'il a toujours été : un album à part entière.

"Time out" sert de locomotive à ce train de titres power-pop qui entraîne des wagons entiers d'énergie, d'ondes positives et de mélodies saturo-sucrées. Ultra percutant, il mérite cette première place même si d'autres morceaux n'auraient pas failli à la tâche de nous accrocher tel ce "Others" aux mouvements parfois hachés et à la distorsion soignée (comme l'ensemble de la production), c'est un des petits nouveaux comme "Kind of Grit" (dispensable interlude), "Divided by two" (très bel instrumental), "Fight" (qui joue sur l'amalgame d'une voix aiguë très aérienne et de guitares plus sourdes) et "G.F.Y." (pour Go Fuck Yourselves et son gimmick sur le refrain qui fera danser toutes les salles). Au final, tous les titres s'imbriquent avec une sorte de logique évidente, seule la minute de "Kind of Grit" après trois plages me laisse quelque peu circonspect, les dix compositions oscillant entre le très bon, l'excellent et le génial, il était certainement facile de les enquiller sur le disque et beaucoup plus complexe de les extraire pour en faire 3 EPs équilibrés.

La belle promesse du printemps est devenue un des excitants de l'été avant de se transformer en disque de l'automne, les trois étages de la fusée Grit sont désormais en orbite et les frileux qui hésitaient à investir quelques deniers dans des EPs numériques n'ont plus d'excuse avec ce premier disque compact et jouissif.