Alors que la conjoncture laissait espérer un nouvel American idiot (le dernier vrai bon album de Green Day, on était en 2004 et le va-t-en-guerre W. Bush avait inspiré mon trio de punk rocker favori, en 2018, les Anglais avaient même fait remonter l'album dans les charts pour célébrer la visite de Trump... Graphiquement ce Father of all... reprend les mêmes idées graphiques mais ils y ajoutent une licorne un peu défoncée qui balance de la morve arc-en-ciel... ok. Va peut-être falloir retourner voir un psy... A part ça le groupe pose en mode retro rockabilly et clame s'être inspiré de la soul, du glam et la Motown... D'ailleurs, dès le premier single (et clip) "Father of all...", on se demandait si c'était vraiment Green Day, le titre n'apporte pas grand-chose, une mélodie passe-partout, des riffs aussi rock que le dernier QOTSA et quelques effets qui tombent à plat. Comme première impression, on ne pouvait pas faire pire. C'est aussi le morceau qui ouvre l'opus, on passe rapidement à "Fire, ready, aim", c'est un peu plus pêchu mais le gimmick à l'arrière-plan et les chœurs sont juste imbuvables... Et ils remettent ça sur le troisième titre qui a le même moule... Quant aux idées et aux combats à mener, Billy Joe semble avoir rendu les armes "I'm not a soldier. This ain't no New World Order" (sur "Junkies on a high") et préfère s'intéresser aux vrais problèmes : "I think I lost my phone" (sur "Meet me on the roof"), même avec tout le second degré qu'on peut y trouver, il n'y a rien à sauver dans les paroles, d'autant que la rythmique (et ces putains de chœurs pourris) inspirée(s) des sixties font sonner les morceaux comme des reprises à la gomme...ina. Gagnons du temps, le seul titre potable de Father of all..., c'est "Sugar youth", faut profiter car en moins de deux minutes, c'est plié. On y retrouve tout ce que j'aime, une guitare saturée, le chant typique d'Armstrong et un rythme ultra nerveux qui fait qu'on ne résiste pas à sautiller même assis dans un confortable fauteuil. Et sur ce petit morceau, il y a tout de même quelques traces de leurs influences des années 50' / 60' avec des chœurs féminins et ce qui ressemble à une sorte de clapping, comme quoi il était possible de faire un bon mélange entre leurs recettes habituelles et de nouveaux ingrédients. Quand dans le même temps (ou presque) Anti-Flag sort un 20/20 vision engagé, punk et malgré tout accessible au grand public, on se dit que Green Day a vraiment raté le coche de renouer avec sa base et de redorer son blason.
Publié dans le Mag #42