Ne jamais se fier à la première plage d'un disque. Enfin, pas tout le temps. De temps en temps, quoi. Pour le coup, la belle introduction polyphonique du premier album de Grandma's Ashes, intitulé This too shall pass, ne laissait pas présager la déflagration sonore qui éclaboussera l'auditeur 46 minutes durant. Et cela ne fait que donner encore plus de charme à ce disque de grande qualité.
Trio féminin parisien formé en 2017 et biberonné au heavy rock lent et sinueux (et n'ayons pas peur de le dire, à Queens Of The Stone Age et tout la clique entourant le groupe de Desert Rock), Grandma's Ashes frappe fort pour un premier album qui dégueule de bons plans et de chansons savoureusement construites. Ça va paraître un peu cliché, mais le groupe fait déjà preuve de maturité et son premier essai se révèle un coup de maître. La rythmique lourde et les guitares accordées très bas se marient à la perfection avec les voix d'Eva, Myriam et Edith. Que ça tabasse ("Cold touch", "Aside", "Caffeine") ou que ça défie les lois des tubes aériens et délicats ("Borderlands", le très chouette "Spring Harvest", "La ronce") le trio impressionne tant par la maîtrise des instruments que par la qualité des arrangements et le talent des compositions, qui peuvent se révéler complexes sans tomber dans le piège de la banale démonstration. Et comme si cela ne suffisait pas, Grandma's Ashes est également très à l'aise quand il s'agit de dérouler des morceaux progressifs (et absolument pas ennuyeux, ce qui est également une sacrée qualité !). C'est à la fois riche, varié, déroutant, enivrant et percutant. Que demande le peuple ? C'est à se le demander, car là, il est bien servi.
This too shall pass, un disque parfait ? N'ayons pas peur des mots, on s'en approche dangereusement. Et si le groupe persiste et signe tant sur disque que sur scène (la tournée prévue pour défendre le disque est déjà conséquente), je pense que l'on tient là un futur grand de la scène rock dans notre bel hexagone.
Publié dans le Mag #55