A l'origine, il y avait Dickybirds, trio rock havrais connu pour sa propension certaine à déverser des riffs bien brûlants dans les enceintes et portant des mélodies violentes et enfiévrées. Le groupe sortira 4 albums et un maxi entre 1994 et 2003. Puis s'arrête. En 2007, deux de ses (ex-)membres, Doris Le Mat-Thieulen et Jean-François Thieulen se laissent porter par le désir de vivre de nouveau en tant que groupe les conduit à monter Grand Final... en duo. Les deux composent, composent et composent puissent se rendent à San Francisco pour enregistrer sous la houlette de l'américain Joe Goldring. Le résultat a pour titre The bridge (référence à la ville dans laquelle a été mis en boîte le disque) et sort au printemps 2009 via Les disques du hangar 221 (Aghostino, Poutre, Scul Hazzards...).
Grand Final
Biographie > 2/3 de Dickybirds = Grand Final
Grand Final / Chronique LP > The bridge
Est-ce parce qu'il a été enregistré à San Francisco que The bridge (en même temps l'influence suit le groupe jusque dans le titre de son album...) sonne aussi américain ? On peut parier que oui. D'autant qu'on notera au passage la qualité de la production. Toujours est-il qu'une fois passée cette constatation finalement bien superflue (mais pas tant que ça au fond), Grand Final déballe ici 13 titres tranchants exécutés dans une configuration assez basique sur la forme : guitare/voix + batterie. Sur ce format sommes toute assez réduit, le duo dispose pourtant d'une palette artistique assez complète qu'il met au service d'un disque fondamentalement rock, abrupt et par instants assez punk dans l'esprit.
Dès le premier "Shout", Grand Final injecte son cocktail rock brut en intraveineuse sans se poser de question. Et s'il commence paradoxalement par une introduction presque folk, ce n'est que pour mieux faire parler les riffs au cours des douze titres qui vont suivre. Deuxième constatation : ce qui coule dans les veines du groupe n'est pas diluable dans le mainstream ou le calibrage marketing. Le duo affiche son indépendance et son style, plutôt très affirmé ("Happy lovers"). Pas question de faire des concessions, l'intransigeance a son prix et "The man who want to be taller" ou "Inch Allah" en sont les exemples les plus flagrants. Tout ici respire le rock, le vrai, sauvage et indomptable, depuis les décibels qui saturent l'atmosphère jusqu'à la plus petite vibration rythmique qui percute la caisse claire.
Les titres s'enchaînent, les entrelacs noisy se mêlent aux gros riffs ("Pain"), les textes sont acerbes (mention spéciale à "The french people") et le duo bétonne progressivement son jeu. Jusqu'à faire de ce The bridge est un disque incroyablement compact, porté par le charisme de sa vocaliste et la maîtrise rythmique de son batteur ("We talked", "Let's talk about me"). Lignes de gratte épaisses, groove lourd et tranchant, un chant qui harangue jusqu'à incendier les amplis, Grand Final accentue un peu plus son emprise et réussi parfaitement son coup. En guise de (grand) final, le duo impose une dernière fois sa griffe avec "Aileen" puis "Me and myself" et "Serenade is dead" et démontre, à l'instar des excellents Generic (qui sont deux eux-aussi...), que ce n'est pas le nombre de zikos qui fait la qualité d'un groupe...