Gorillaz - The Singles Collection Quand l'un des groupes supposément "mainstream" les plus cools des quinze dernières années livre un best-of, on a tendance à se dire qu'il a définitivement cédé aux sirènes des majors tentant à tout prix de sortir le plus de trucs "bankables" possible pour satisfaire les actionnaires. Pourtant quand on y réfléchi bien, Gorillaz a quand même toujours réussi à conserver une forme d'indépendance de ton, d'esprit, qui au-delà de son concept à l'inventivité fun, est parvenu à régulièrement créer de jolies surprises tout en étant largement rentable. Une certaine idée de ce que peut-doit devenir la musique du XXIe siècle sans doute.

The singles collection : 2001 - 2011 donc, un titre on ne peut plus clair et fatalement LA collection de singles parmi les plus "puissants" de la dernière décennie. Les tubes interplanétaires sont logiquement de sortie : "Clint Eastwood", "19-2000", "Feel Good Inc." et rappellent combien Gorillaz a sorti l'écriture britpop d'un enfermement créatif sclérosé en initiant un songwriting hip-hop/pop/trip-hop sinon révolutionnaire au moins d'une effervescence inventive de tous les instants ("Dirty Harry", "Kids with guns"). Parce que pour lâcher ne serait-ce que trois titres de cette trempe, faut quand même avoir ce petit truc en plus qui fait l'apanage des grands, des inventeurs qui marquent un art de leur empreinte.

10 ans d'une putain de classe, de singles aussi originaux qu'efficaces et des looks visuels à la coolitude assumée, nul ne sait trop ce qu'il adviendra de Gorillaz, ce jouet que Damon Albarn, architecte et maître d'oeuvre du projet aime enterrer et déterrer selon ses humeurs (certains oseraient "caprices créatifs") pour se défouler et se libérer de son trop-plein d'énergie créatrice ("Stylo", "On melancholy"), mais ce dont est sûr, c'est qu'on a rarement fait aussi léger mais intelligent comme pur divertissement musical, malgré quelques prises de risques parfois outrancières et deux/trois choix artistiques un peu douteux (''Superfast Jellyfish", "Doncamatic"). Pour le reste, rien à redire, cette compilation de singles en atteste même s'il n'en n'avait pas réellement besoin : Gorillaz, ça reste comme même une sorte d'ovni commercial, un "truc" un peu hors-normes et quoi qu'on en dise définitivement à part.