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Interview : Goodbye Meteor, Hello Meteor (avril 2024)

Goodbye Meteor / Chronique LP > We could have been radiant

Goodbye Meteor- We could have been radiant We could have been radiant, nous aurions pu rayonner, constat d'échec et désillusion après un Metanoia encore un peu optimiste... Mais non, l'homme n'a pas réagi et poursuit la lente destruction de son monde. Ces jolies fleurs qui parsèment la pochette pourraient donc bien se faner sur notre tombe et perdre de leur beauté. Pas très réjouissant mais assez en phase avec le propos, musical, de Goodbye Meteor qui cherche encore parfois un sursaut mais voit ses compositions davantage être marquées par la tristesse et plombées par une forme de désolation.

"This is not here" contemple les dégâts, on sent un peu de résignation avant l'arrivée d'une basse plus ronde qui redonne un peu d'énergie mais, c'est histoire de s'accrocher à quelque chose car les guitares semblent inconsolables. La suite est plus rythmée sans pour autant donner dans la joie excessive, on est juste plus à l'aise mentalement à l'écoute de la musique, comme si on pouvait un peu se sentir moins coupable. Une voix, comme un écho un peu fantomatique, traverse le mur instrumental sans qu'on sache si ce signal en est vraiment un. On arrive au cœur de l'opus avec un duo qui se complète, d'une part "Destructuration" qui allie lourdeur et noirceur et d'autre part "What we are here for" plus ouvert et lumineux, on progresse vers un horizon plus dégagé, on reprend espoir, l'un ne va pas sans l'autre... La conclusion reste la même, "We could have been radiant", il y avait tellement de belles choses à construire et on n'en a pas été capable, il y avait tant à protéger... c'est donc résignés que les Goodbye Meteor lâchent leurs derniers riffs, saturés. Enfin presque dernier car il y a encore "Phosphènes", non pas des apparitions lumineuses mais des mots lus par une voix féminine, un texte écrit par Cédric, guitariste, qui résonne ici comme une homélie.

Si c'est un premier album, We could have been radiant ressemble à la fin d'une histoire commencée il y a quelques années, Goodbye Meteor referme un chapitre réussissant à donner envie à ceux qui vont les découvrir d'aller fouiner davantage dans leur passé mais aussi à espérer qu'un autre chapitre pourra s'ouvrir, peut-être vers d'autres cieux, peut-être vers les mêmes, après tout, le combat n'est certainement pas terminé, sans être radieux on pourrait au moins survivre...

Publié dans le Mag #60

Goodbye Meteor / Chronique EP > Metanoia

Goodbye Meteor - Metanoia Goodbye Meteor ne nous a pas laissé le temps de nous impatienter de les voir revenir, ils sont déjà de retour avec un nouvel EP (pour plus de 20 minutes de musique tout de même). Si Northtape m'avait déjà tapé dans l'œil, ce premier jet était assez humble, pas de titres pour les morceaux, une simple "présentation" du groupe et de ses aspirations, ce petit frère est bien plus ambitieux, bien plus abouti et réfléchi. Musicalement les Picards n'ont rien perdu et sur tout le reste, ils ne font que gagner des points. Alors qu'ils n'ont toujours quasi pas de paroles, post-rock oblige, ils ont ainsi construit un récit autour de leur disque avec des mots évocateurs comme ce "Metanoia" placé en étendard (et au centre des 3 plages), c'est une idée antique qui correspond à une amélioration de notre comportement. Si le terme a été repris par les religieux, ici, on pense davantage à l'action de l'homme envers sa planète, qu'il pourrait (enfin ?) considérer comme un espace à protéger... Sans avoir pris connaissance de la définition de "Metanoia" et de cet ancien concept, l'artwork qui mêle joliment l'homme, l'animal et les paysages comme les mots de Greta Thunberg (extraits de son discours à l'ONU) apportent des indices sérieux sur les centres d'intérêt de Goodbye Meteor.

Si on peut les rapprocher de Way For Nothing pour leur engagement, leur musique reste très proche de Mogwai de par sa capacité à varier les rythmes tout en gardant une ligne très claire, quand bien même les guitares seraient saturées. Sur quelques passages particulièrement nerveux, le nom de Pillow m'est revenu à l'esprit mais il ne devrait pas parler à grand monde alors vois dans cette référence, la capacité du groupe à dynamiter ses morceaux en quelques accélérations lumineuses et à exprimer de nombreuses idées en peu de mesures. Une qualité indispensable quand on produit un rock instrumental qui se veut immersif et tout sauf ennuyeux.

Publié dans le Mag #50

Goodbye Meteor / Chronique EP > Northtape

Goodbye Meteor - Northtape Les 5 gaillards de Goodbye Meteor se réclament du Nord et de ses paysages qui sont une source d'inspiration de leur musique, renseignements pris, ils sont Picards. Pas franchement nordistes donc, juste Haut-de-Français et donc pas de brillants monts des Flandres, pas de larges plages de sable fin, pas de sombres terrils, la Picardie offre des sites bien moins excitants (sauf sur sa sublime côte), on est plus sur du champ ouvert tel celui de l'artwork, Dramatic View ? Et bien non, la vue n'est pas encombrée et on peut admirer le ciel étoilé loin de la pollution lumineuse, on peut se laisser porter par un clavier, deux guitares, une basse et une batterie sans se laisser emmerder par un chanteur. On peut faire du post-rock et faire défiler les planètes, les comètes et autre astronefs lors de trois morceaux relativement courts (pour ce style) et sans titre (si ce n'est "Tape one", "Tape two" et "Tape three", même pas un "Tape worm" ou une "Tape nade").

A la une, à la deux, à la trois, on se met à l'eau avec un son très clair (qui sonne très Mogwai et ce n'est pas pour me déplaire), une sonorité qui traverse tout le titre et fait fi des cahotements rythmiques et des relances de quelques riffs pour nous servir de phare. On suit donc cette lumière et on se retrouve (trop) rapidement sur une autre piste. Des nuages passent, il fait plus sombre mais cette guitare cristalline reste auprès de nous, en fait, elle est omniprésente sur cet EP, c'est le fanion agité par les Goodbye Meteor pour qu'on les repère au cœur de grandes étendues. Elle se fait ici réconfortante quand ça s'obscurcit, rassérénante quand ça s'emballe, la basse vient lui voler un peu la vedette sur la fin du titre mais c'est elle qui émerge des nappes de synthé qui débutent "Tape three", quand bien même elle emboîte le pas de la batterie, elle conserve tout son charme, c'est elle le météore que l'on cherche à suivre et qui trop vite nous dit au revoir.

Publié dans le Mag #48