Rock Rock > Godspeed You! Black Emperor

Biographie > De GYBE! à GY!BE

godspeed_you_black_emperor_promo.jpg Le groupe naît en en 1994 sous l'impulsion d'Efrim Menuck et Mauro Pezzente. Les deux décident de l'appeler Godspeed You Black Emperor! en référence à un documentaire japonais "Godspeed you! Black Emperor" (de Mitsuo Yanagimachi) traitant des Black Emperors, un gang de bikers japonais. Les GYBE! produisent dans la foulée une cassette distribuée à 33 exemplaires All lights fucked up on the hairy amp drooling. De 1995 à 1998, le collectif à géométrie variable compte une quinzaine de membres et sort f#a# en 1997 au format vinyle sur Constellation Records, label dont il devient l'incontournable pilier, aux côtés notamment de Do Make Say Think, Sofa ou Hangedup. Il sera réédité en cd par Kranky (un label indépendant de Chicago) l'année suivante. C'est en 1999 que les Canadiens sortent de l'anonymat en produisant Slow riot for new zero kanada. Le groupe bénéficie des soutiens influents du magazine de The Wire et surtout du célèbre John Peel qui les invite à ses fameuses Peel sessions, émission radio produite par la BBC de Londres. GYBE! compte désormais 9 membres : Mike Moya est remplacé par Roger Tellier-Craig durant la tournée de 1998.
En 1999, le groupe participe au FIMAV (Festival International de musique actuelle de Victoriaville, Canada) et impressionnent à travers des prestations scéniques riches en décibels et en émotions. Une tournée avec le groupe Labradford (évoluant également dans un post-rock ambiant) s'ensuit et accroît encore un peu plus une notoriété déjà balbutiante. En 2000, GYBE! publie Lift your skinny fists like antennas to heaven suivi par Yanqui U.X.O en 2002. Pour cet album, le groupe décide de changer la place du point d'interrogation : le groupe devient alors Godspeed You! Black Emperor. En 2008, Efrim Menuck, souvent considéré comme le leader de la formation bien qu'il rejette cette étiquette, met fin à l'aventure GY!BE. Il évoquera une "panique existentielle" au sein du collectif dont la source serait.la guerre en Irak, ce qui n'étonnera vraisemblablement personne puisque le collectif a toujours fait preuve d'une conscience politique alliant anticapitalisme et utopisme.
Les membres, du désormais feu GY!BE, sont tous investis dans une nébuleuse considérable de projets : 1-Speed bike, Bakunin's Bum, Balai Mécanique, Black Ox Orkestar, Bottleskup Flenkenkenmike, Esmerine, Et Sans, Exhaust, Fly Pan Am, Fifths Of Seven, Hrsta, Molasses, Set Fire To Flames, Shalabi Effect, A Silver Mt Zion/The Silver Mt. Zion Memorial Orchestra & Tra-la-la Band, Triple Burner, Valley of giants.

Godspeed You! Black Emperor / Chronique LP > Yanqui U.X.O

gybe_xanqui_uxo.jpg L'histoire de la musique est pétrie d'artistes et de groupes profitant de leur notoriété et d'une exposition médiatique conséquente pour faire avancer une cause ou un débat. De Jimmy Hendrix (contre la guerre du Vietnam) aux Beastie Boys (contre l'annexion du Tibet par la Chine) en passant par les Rage Against The Machine (contre... un peu tout), il existe une longue lignée de groupes pour lesquels musique riment avec engagement et il faut avouer que l'on trouve avec les Godspeed You! Black Emperor un de ces dignes représentants. A l'instar de Michael Moore dans son documentaire pamphlétaire Bowling for Columbine (sorti la même année), c'est l'industrie de l'armement américaine qui reçoit les foudres du collectif montréalais : l'artwork et plus particulièrement le titre Yanqui (Yankee en espagnol) U.X.O ("Unexploded ordnance", munitions non-explosées) ne faisant aucun mystère sur la cible dans la ligne de mire des GY!BE. Il est paradoxal qu'un groupe qui a visiblement de la substance en matière de messages puisse trouver son épanouissement dans l'instrumental mais c'est sans compter l'énorme pouvoir évocateur de la musique de GY!BE. La musique justement, parlons-en. Elle semble se nourrir de cette facette revendicative en cultivant un atypisme chevronné : à l'image de cette prise de position, elle est une forme de résistance face à des forces qui sont inégales et disproportionnés (la toute puissante industrie de l'armement dans un premier temps, le conformisme ambiant dans un second temps). Au menu de ce Yanqui U.X.O (produit par Mr.Steve Albini s'il vous plait) : des compositions étirées et éthérées, des atmosphères paisibles se mêlant à des passages plus chargés en densité mais aussi en tension mélo-dramatique, des conclusions se terminant souvent en explosion de guitares flirtant parfois avec une cacophonie d'une certaine musicalité. Les GY!BE évitent brillamment l'ennuie et l'impression de monotonie souvent inhérente à la musique atmosphérique en insufflant l'envie omniprésente de ne pas se répéter : un savoir faire hors du commun, l'addition d'instruments inhabituels (entre autres, la trompette lancinante de "Rockets fall on rocket falls") sont autant d'éléments qui contribuent à renouveler l'attention de l'auditeur au fur à mesure de l'immersion. Car c'est bien d'immersion dont il s'agit : Yanqui U.X.O est constitué de 5 pistes oscillant entre 6 et 21 minutes pour une heure et quart de musique. Un pavé qui ne se laissera apprivoiser qu'au prix d'une certaine abnégation et d'une totale propension de l'auditeur à se laisser guider dans l'univers déroutant des GY!BE.

En 2008, après quelques années de silence, le collectif transforme le hiatus en un split qui semble définitif. Les GY!BE laissent une discographie à la fois succincte mais aussi d'une richesse évidente avec pour chant du cygne un Yanqui U.X.O des plus réussis. Un groupe fascinant et incontournable dans la sphère des musiques à part.