The Globes - Future Self C'est par un détour hasardeux sur le site du découvreur de talents Seattlïte Barsuk Records (Death Cab For Cutie, Nada Surf, John Vanderslice pour les plus connus) que m'est venu aux oreilles l'alléchant indie-rock de The Globes. Produit 100% local, ce quartet n'a pas mis longtemps pour gravir les échelons découverte-prise en main-signature et pour cause, son potentiel est pour ainsi dire énorme. Certes, les deux prometteurs EPs ont permis à la formation de se forger une identité mais n'ont malheureusement pas dépassé la côte Ouest des USA. Mais Internet faisant bien les choses, Future self, le premier album des américains débarque en version digitale en France (ou disponible en import pour le CD) pour le moment et risque de faire parler de lui dans les milieux autorisés.
Ils ont pour certains à peine vingt ans et nous donnent l'impression en les écoutant d'avoir déjà pléthore d'albums dans leur besace, même mieux, qu'il ont déjà tout compris à la musique. Il y a comme une espèce de fausse-modestie qui se trame sous ce premier opus à commencer par le nombre de titres, huit, qui pour un début semble limité, surtout lorsque l'on vient d'enchainer deux maxis quelques années plus tôt. Et puis quand l'illustre John Goodmanson (Nada Surf, Blonde Redhead) te fait ta production (et avec classe, comme à l'accoutumé), et bien ce n'est pas vraiment le fruit du hasard. Bref, on l'aura compris, The Globes c'est du talent brut, de la maturité, de la fraicheur, mais surtout un style pas forcément aisé à définir car sous les attraits mélodiques de l'indie se cachent des compositions recherchées où la complexité et la finesse du jeu des musiciens jouent un rôle primordiale. En effet, les structures labyrinthiques du combo sont aux antipodes de cette scène où presque chaque groupe la représentant trouve refuge très souvent dans l'évidence, sans parler du manque de maîtrise de l'instrument de certains. Ni vraiment post-rock, ni même math-rock, encore moins progressif ou totalement pop, le son du quartet a quelque chose de spécial, comme une pépite d'or qui tombe de nulle part. 35 minutes de frissons ("Haunted By Bears"), de riffs féroces ("A stitch couldn't save the world), de vocalises magnifiques relayées entre les deux guitaristes ("Pretty birds above our heads") et de rythmiques solides ("Stay awake"), une alchimie nous ramenant indéniablement vers les nineties. Certains se sont osés aux comparaisons plus ou moins évidentes (Fugazi, Sonic Youth, Pedro The Lion, Sunny Day Real Estate ou même Radiohead), un exercice périlleux pour un des meilleurs albums de l'année dans le genre, tout simplement.