Une nouvelle déclinaison de l'effet papillon ? Si un battement d'ailes au Brésil peut provoquer une tempête au Texas, une invasion de cydalimas peut-elle engendrer la venue d'êtres sylvains ? Je m'explique : Après leur premier album Cydalima sorti en 2019, dont l'artwork et le clip hallucinatoire "The cave" ont failli me rendre lépidoptérophobe, à voir des papillons partout, Gliz revient cette fois avec Mass, un LP de 10 titres, et une curieuse créature sans visage flanquée dans une citée métallique. Mais qu'importent les thématiques, Gliz ne change pas dans sa bonne idée de proposer un folk alternatif avec une configuration toujours aussi originale : Florent Tissot au banjo et au chant, Thomas Sabarly au tuba et piano Farfisa et Julien Huet à la batterie.
Et Mass ne déroge pas à cette bonne recette déjà dégustée avec leur premier LP. Si tu aimes les feu 16 Horsepower, tu ne seras pas déçu(e). Cela commence doucement, un banjo, une voix, enveloppés de quelques basses et bruits lointains. Le chant clair et puissant, imbibé de mélancolie et de beauté nous clame "Everybody tells me, this is the end", et puis le clavier, la batterie, le tuba font leur entrée, et tout commence. Gliz ne fait pas que dans l'introspectif éthéré, il y a certes quelques titres épurés, comme "All is fine", un banjo - une voix, mais on glissera dans le rock plus classique ("Behind the trees"), et même assez piquant ("Totem"), voire même le psyché ("Love bot"). Le tuba et le piano Farfisa amènent une touche d'originalité et d'authenticité sur l'album, rajoutant encore à l'identité si singulière du trio. C'est une belle promenade en forêt jurassienne à laquelle nous invite Gliz en suivant l'animal totem pelucheux présent sur l'artwork, balade d'ailleurs mise en clip de "Totem". Une incursion dans un espace authentique, un peu magique et original, où l'on découvre la douceur et la fraicheur des clairières au petit matin avec des titres sobres qui font la part belle au chant que l'on souhaiterait apprécier allongé dans l'herbe ; des moments plus festifs où le tempo s'emballe un peu et invite à la danse au milieu d'une clairière baignée de soleil ; et des instants plus sauvages, quand la faune jusque là tapie dans les bosquets a des désirs de bestialité, où un coup de dent ou de griffe n'est pas loin. Bref, l'effet de Mass est touchant et entrainant, atypique et authentique.
Publié dans le Mag #53