Affranchissons-nous de l'histoire et des tentatives d'explications sur l'évolution des Girls in Hawaii pour se concentrer uniquement sur le présent : Nocturne, simplement un prétendant au titre de l'album pop de l'année.
Synthèse de mélodie et de mélancolie, les dix titres nous emmènent dans les hautes sphères de la délicatesse à l'état pur. D'une beauté immédiate et touchante, ces nouvelles compositions allient parfaitement une électro aux sonorités simples et des instrumentations variées d'une grande richesse. Accompagnées d'un chant (parfois décomposé) qui oscille entre timidité et discrétion d'une part et harmonies puissantes d'autre part, elles sont bouleversantes de sincérité et la référence qui s'impose est la plus belle : Radiohead. Le travail d'orfèvre, la qualité des sons, le côté perfectionniste des moindres secondes rappelle la bande de Thom Yorke, cette idée est plus que renforcée à l'écoute de "Cyclo" où les textes sont chantés un peu plus haut. Clin d'oeil volontaire ou non, "Cyclo" est aussi un film qui s'est servi de "Creep" dans sa bande son, participant ainsi au développement des auteurs de OK Computer. Pour le reste, l'étendue des capacités vocales des deux chanteurs agrémentée de quelques effets permet une multitude d'approches et le sentiment de redécouvrir le groupe à chaque titre.
Capable d'aller au fond de ses idées (le superbe et presque progressif "Blue shape"), le combo se laisse parfois dominer par l'ambiance, ça plaira à certains, pas forcément à ceux pour qui les rythmes froids de l'électronique prennent vite trop d'importance ("Walk"), personnellement, je préfère quand les apports électro se font par petites touches et viennent habiller des morceaux à la structure bien établie ("Indifference"). Au final, même en allant explorer plusieurs directions, en dosant plus ou moins les arrangements, les Girls in Hawaii ne sont jamais loin de la perfection pour ceux qui jugeraient qu'ils ne sont pas déjà parfaits. La plus grande imperfection, c'est donc ce choix d'artwork car c'est loin d'être la plus réussie des oeuvres de Tom Hammick...
Publié dans le Mag #30