Ginger Wildheart - Albion Bon, j'ai beau chercher, j'ai du mal à comprendre. Et je peux t'assurer que j'y ai passé du temps à me poser cette question, tout en écoutant Albion qui sera livré dans quelques jours aux souscripteurs du site pledgemusic.com, et dans quelques semaines dans les bacs pour les autres. Comment un artiste comme Ginger Wildheart peut-il être aussi productif sans rogner sur la qualité ?

Après 555 %, Hey! Hello! et les projets Mutation, entre deux tournées du Ginger Wildheart Band et en "guitar support" de Courtney Love, notre camarade rouquin a retrouvé les studios en fin d'année 2013 pour coucher sur bande tout ce qui doit lui trotter dans la tête depuis quelques temps. Accompagné de ses fidèles écuyers du Ginger Wildheart Band (au sein duquel on retrouve dorénavant un claviériste), Ginger délivre une nouvelle fois un disque d'une grande classe. Et même si le bonhomme ne doit pas être le plus fin limier quand il s'agit de choisir une illustration pour ses pochettes (merde, un lion, mais pourquoi ?), on ne peut que poser un genou par terre quand il choisit de dégainer les riffs et de balancer des chansons quasi parfaites. À la fois dansant (le fabuleux "Grow a pair"), furieux ("Cambria"), savoureux ("After all you said about cowboys"), délicieux ("Body parts " promulgué par votre serviteur comme la chanson de l'année, tout simplement) et dérangeant (" Capital anxiety"), Albion pourrait, aux termes d'un raccourci rapide, être qualifié de "best of" inédit des années 2011 à 2013. En effet, et bien que présenté comme un disque à l'esprit collectif (notez Ginger Wildheart Band), ce nouvel album est toutefois un condensé de 15 titres de tout ce que Ginger sait faire de mieux : des chansons pop comme il a su en écrire pour Hey! Hello!, des titres magiques avec des soupçons de disco, des bribes de mélancolie et des multitudes de pistes rock à la 555%, et des morceaux torturés à la Mutation. Avec toujours ces références à la musique désarticulée et aux titres complètement loufoques dans leurs structures ("The order of the dog", "Albion", "The beat goes on"), mais aussi ce cri d'amour aux Beatles et notamment à John Lennon ("Albion", "After all").

Ginger Wildheart excelle dans tous les styles, c'est certain. Le cerveau en ébullition de cette figure du rock anglais est à son rendement maximum, et ce n'est pas pour me déplaire. Et j'ai bien du mal à retenir mon excitation quand les riffs se déchaînent pour aboutir à un refrain déjà inoubliable ("Cambria", "The road to apple cross") ou quand trois accords suffisent à délivrer un tube dont lui seul a le secret ("Body parts"). Ce disque est parfait pour le néophyte voulant découvrir l'univers actuel du génie anglais.

Et vous savez le pire dans tout ça ? C'est qu'après avoir apprécié comme il se doit ce disque après de multiples écoutes, je vais maintenant me morfondre à me dire que je ne verrai peut-être jamais cet album défendu en live sur une scène en France. Quoi qu'avec Ginger Wildheart et sa bande de fantasques musiciens, on peut s'attendre à tout.