Je ne vais rien vous cacher, ce retour des Darkness à Paris n'est pour moi qu'un prétexte pour revoir l'ami Ginger Wildheart qui ouvre pour le fantasque quatuor anglais. Il faut dire que l'ancien leader des Wildhearts n'est pas ce qu'on pourrait dire un habitué des scènes françaises, et c'est donc un petit évènement de retrouver Ginger et sa bande à Paris six mois après un Zénith en première partie de Slash.
Ginger Wildheart
Rendez-vous est donc pris le 9 mars au Bataclan, où un public "moyennement" nombreux (les balcons de la salle seront fermés ce soir) et assez jeune s'est donné le mot pour honorer les deux formations britanniques. Il est un peu plus de 19 heures quand Ginger Wildheart et sa joyeuse troupe foulent les planches du Bataclan pour un show qui s'annonce explosif. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont réussi leur coup ! Alors que le répertoire du concert du Zénith en octobre dernier était axé sur les hits des Wildhearts, le génial rouquin a décidé ce soir de privilégier, durant la majeure partie des 45 minutes qui lui sont accordées, ses excellentes dernières productions. Et c'est ainsi que se succèdent en début de set de savoureux extraits de 555% (le dansant "It appears that the party is over" , le cosmopolite "Taste aversion") et de Hey! Hello! (le jouissif "Swimwear", le furieux "Feral days", le délicieux "Lock for rock" et le déjà cultissime "How I survived the punk wars"). Ces albums ont vu le jour grâce à un système de souscription sur la toile en 2012, avec l'impossibilité de trouver des exemplaires physiques de ces disques (cd ou vinyl) après la période dedite souscription. Une méthode qui peut paraître injuste pour celui ou celle qui n'est pas adepte des achats en ligne mais qui reste spéciale pour le souscripteur qui a participé à la création du disque et qui se voit récompensé de son investissement par la délivrance d'un "objet" hors commerce. Mais revenons à nos moutons. Le rendu en live de ces morceaux à la production léchée sur disque est tout à fait accrocheur, et les musiciens, constamment en mouvement, s'en donnent à cœur joie. Les guitaristes Rich Jones et Chris Catalyst sont au top de leur forme, le duo basse batterie est au poil et la touche féminine en la personne de Victoria apporte un plus non négligeable à la formation menée tambour battant par un Ginger heureux du retour du public parisien et ne ménageant pas ses efforts sur scène. L'ensemble est super pro et on sent une parfaite communion entre les musiciens. Les morceaux s'enchainent sans accroc et même si quelques irréductibles fan du frontman des Wildhearts chantent à tue-tête les refrains ultra mélodiques du groupe, le public "découvre" majoritairement la formation anglaise. Si bien qu'ayant reçu un accueil sympathique, le groupe est maintenant face à un public enthousiaste et démonstratif. Je ne cache personnellement pas ma joie de revoir ce groupe en live, et la chaleur d'une petite salle rend encore plus appréciable ce concert. Le son est bon, les lights sont minimalistes, et après avoir tapé dans son répertoire plus "ancien" (et notamment un précédent projet Silver Ginger 5) et un excellent "Do the channel bop" des Wildhearts, Ginger et sa troupe tirent leur révérence après une belle salve d'applaudissement, avec la satisfaction du devoir accompli. Bravo !!!
The Darkness
Le temps de se rafraîchir le gosier et de prendre l'air que c'est déjà le Darkness time ! Franchement, je ne pensais pas que je verrais ce groupe en 2013, après un premier disque au succès fulgurant il y a dix piges, un deuxième album sentant la fin avec un changement de bassiste, un split, une cure de désintox pour Justin, le fantasque chanteur guitariste, et une tournée avec Lady Gaga. N'empêche que tant que ça riffe, vous pouvez compter sur moi pour taper du pied ! Ca tombe bien car ce soir, les Darkness ont décidé de nous faire transpirer. Une fois que la sono a terminé de cracher un tube de Thin Lizzy (grosse référence pour nos quatre anglais), les Darkness rentrent en piste pour 90 minutes de rock et de roll. Après un "Every inch of you" tout en douceur, le groupe envoie deux hits de son premier album histoire d'enflammer une assistance qui n'en demandait pas tant. Evidemment, le public est déchaîné, et le groupe se veut théâtral et communicatif. Certains penseront que ce groupe est une funeste blague, que ça sent le scandale et le mauvais goût dans l'attitude et le visuel du groupe (la "touche" de Justin et le look merdique du bassiste), et ils ont très certainement raison. Mais reconnaissons tout de même que les gars savent jouer et que les amateurs de riffs tranchants et de chorus chaleureux sont amplement servis. Alors ok, les mecs en font trop mais ça fait partie du spectacle, et en se rendant à un concert des Darkness, on sait parfaitement qu'on ne vient pas pour brûler des cierges. Justin est bavard, et en profite pour fourguer les quelques mots qu'il connaît en français, entre un "poirier" et des "ping pong vocaux" avec le public.Musicalement, c'est pro, même si les fantômes de Queen, AC/DC et Thin Lizzy planent lourdement sur le set. Disons que le groupe pallie un certain manque d'originalité par un visuel fun et dynamique. Et ce sur ce dernier point, les Darkness sont imbattables. Alors, quand retentit le hit interplanétaire "I believe in a thing called love", c'est carrément la folie dans la salle, et la magie opère ! Le public en redemande, et il est servi. Après avoir remercié Ginger, le groupe entame une version "heavy" de "Street spirit" des Radiohead à en faire pâlir Iron Maiden. Le concert touche à sa fin quand Justin capte dans le public un fan lui adressant sur un carton un message lui demandant de jouer "I believe in a thing called love" avec eux ! Le gars ne se démonte pas et accourt sur scène quand Justin lui tend sa magnifique Les Paul blanche. Et c'est reparti pour un tour avec ce fan qui assure parfaitement son rôle (même s'il démarre le morceau alors que le batteur n'est pas prêt !). Un bel épilogue pour un concert de bonne qualité ou les éclats de rire se sont succédés !
Salutations distingués et merci à Gav Mc Caughey, Rich Jones, Ginger Wildheart et toute sa troupe, Gautier et Céline, et bien évidemment mon camarade Ted.