Generic chez Monsieur + (2009) Generic chez Monsieur + (2009) Perdue au milieu de la "Petite Montagne" jurassienne, à quelques encablures du néant et à deux pas de nulle part, se tient L'Etable de Monsieur + dont la devise "Plus haut, plus fort mais plus près !" résume parfaitement l'esprit. Une cuisine faisant office de loges et de bar, une grange aménagée en salle de spectacles ou comment inventer le concept de "showcase à la maison". Voilà un lieu totalement improbable qui, grâce à la détermination de son tenancier, accueuille depuis environ un an troupes de théâtre et groupes de musique pour faire vivre ce petit bout de campagne, non sans quelques réticences de la part d'obtus riverains.
Toujours est-il qu'après leur escapade ch'nordiste, les Generic font leur apparition chez Monsieur + devant exécuter un concert fait de "ballades" (dans le même ordre d'idée que celui de Brainans à Bourges 2009 (déc. 2008)) selon les indiscrétions recueillies auprès de Fred lors du Méline rock festival 2009. Bien que ne devant pas forcément attirer le même public, cette date souffre de la double concurrence d'une "Soirée années 1980" à une vingtaine de kilomètres de là et du passage des vétérans de Ange au Moulin de Brainans guère plus loin. Si bien que lorsque Sylvain et Fred en viennent à se mettre en place, je dois être le seul à faire partie du public. Dans la foulée, quelques habitués débarquent et la salle se complètera petit à petit jusqu'à atteindre la jauge mirifique de dix-huit têtes (sauf erreur de ma part), orga et groupe compris. Sauf qu'en lieu et place d'un anodin petit concert entre amis, Generic nous l'a fait comme en vrai, comme à Wembley.
Une recherche sonore improvisée à laquelle succède un envol vers des strates cotonneuses : voilà par quel moyen le binôme nous embarque dans un trip totalement ahurissant, à la fois chatoyant et introspectif, un feu qui couve tout en crachant parfois quelques flamèches. On navigue ainsi dans l'éther pendant plus de trois quarts d'heure avant de redescendre sur le plancher des vaches... le temps d'un entracte ! Sans première partie et avec une personnalité aussi complexe, Generic voit double ce soir et ne se contente pas de cet apéritif pourtant déjà somptueux. Après s'être désaltéré, le groupe retourne au charbon pour dévoiler sa face massive et intense, déjà largement présentée mais dont on ne se lasse pas. Et c'est à nouveau une baffe immense que Fred et Sylvain envoient aux quelques privilégiés que nous sommes : destruction en règle des codes établis et catharsis extrême, bestialité et apocalypse contenue (sic !) sont au programme de cet épisode ô combien salvateur. Et c'est bien peu dire face à l'ultime morceau (¼ d'heure au compteur, minimum), une fatale progression qui a bouclé la boucle de façon mo-nu-men-tale !
Dans un contexte aux antipodes des Eurocks 2008, cette alchimie entre un groupe hors du commun, un lieu pas banal et quelques individus passionnés pouvait bien faire croire que le reste du monde avait tort et que nous étions une poignée à avoir raison. Magique.