Generic - Generic Il nous arrive parfois de recevoir des disques non destinés au public mais il est encore plus rare qu'on en relate l'existence. Oui mais voilà, lorsque c'est très bien ficelé et qu'on a un faible pour le groupe en question, impossible de ne pas vous narguer un petit peu.
"Ouch ! Ca va faire très mal" se dit-on alors que l'écoute de cet EP est à peine entamée. Et ceci pour une simple et bonne raison : la galette, enregistrée, mixée et masterisée au Cube Studio bénéficie d'un son à la hauteur de ce à quoi Generic est prêt à assurer en concert. En un mot : ébouriffant.
Morceau à couper le souffle, tout en tension, c'est donc "Albert said" qui s'offre à nous, une petite teinte eighties à la clef (notamment dans le traitement de la voix) mais qui ne gâche en rien la puissance de ses rythmes syncopés. On surfe entre post-hardcore canal historique et sa descendance de ce début de XXIème siècle, on est pas loin non plus d'un Doppler ayant croqué un gros bout de Rock, du grand art pour ainsi dire. Après nous avoir sérieusement décoiffé sous un déluge post-rockisant et afin d'illustrer ses personnalités multiples, (il serait aussi incomplet qu'inexact de se contenter de parle de dualité concernant ce binôme...), les Bisontins provoquent un grand frisson, loin du chaos technique du titre ouvrant ce disque. Donc, "Everything else about us", tout en retenue, prend lentement son envol vers d'autres horizons, à la fois spatiaux et fébriles, car ici Generic tutoie la stratosphère, rien que ça. Une émotion dépouillée, poignante, décharnée, livrée à vif avant que le pouls de "Georges Louis B" ne se fasse ressentir. Un pouls frénétique et tentaculaire initié par la basse de Fred sur lequel Sylvain n'est pas en reste en promenant sans cesse ses baguettes sur toms et cymbales, sans distinction. De la saturation hypnotique rondement menée lors des premières minutes de catharsis intense, le duo passe à l'acoustique et au contemplatif, aidé par des nappes électros de bon aloi, le tout sans changer de morceau puisque du haut de ses 13 minutes, "Georges Louis B" apparaît comme un diptyque monobloc lors duquel Generic s'exerce particulièrement bien à confronter ses contraires.
Décidemment, Generic rend encore plus crédible l'idée que le duo est une véritable cour des miracles sonores. Et en ressortant de derrière les fagots des plans fabuleux qui leur ont permis de remporter cette finale de tremplin régional (cf Brainans à Bourges 2009 (déc. 2008)), Generic nous fait déjà saliver devant ce que pourra donner leur deuxième album... ainsi que leurs futurs concert dont celui lors du prochain Printemps de Bourges.