A vrai dire, l'annonce de la venue des auteurs de Open city en guise de première partie de cette soirée m'avait surpris. Certes l'album mérite amplement d'être découvert mais je le trouvais un peu en décalage par rapport à ce que peu proposer An Albatross. Mais une fois l'expérience vécue, je peux vous assurer que Generic, sur scène, prend une toute autre dimension. Presque le jour et la nuit.
Generic à Brainans - Nov 2008 - 1 Generic à Brainans - Nov 2008 - 1 Un son massif, une nervosité à toute épreuve mais aussi des ambiances tendues, tenues magistralement en suspens avant d'être rompues et laissant place à ce chaotique et jouissant dialogue basse/batterie. Car Sylvain et Fred se font face, se répondent ou fusionnent à l'aide de leurs instruments dans une frémissante combinaison de rock, noise, punk et post-quelque-chose. Bien que les hostilités aient débuté plus tard que prévu (après 22h), les acolytes se donnent à fond et ne rechignent pas devant l'effort, bien qu'on ne compte que quelques dizaines de spectateurs... Une quarantaine de minutes durant, les Generic habités, totalement en transe, cognent et brassent, malmènent nos conduits auditifs pour notre plus grand bonheur. Jusqu'au final, apocalyptique (et pas qu'à moitié), sur lequel Fred hurle les ultimes paroles du set, prosterné à même le sol devant la batterie de Sylvain. Un grand moment.
Pour boucler la demi-heure précédent minuit et avant que la tête d'affiche ne fasse son œuvre, c'est Yip Yip qui officie, très étonnant duo emmené dans les bagages de An Albatross sur la tournée actuelle. Eux aussi face à face, les Yip Yip s'expriment dans un tout autre genre : une électro bien marrante, à l'image de leurs accoutrements qui ne le sont pas moins. La reprise de Nirvana, "Very ape", ouvre la performance du binôme. Puis Yip Yip enchaîne des titres ludiques principalement produits par des machines mais aussi ponctué de saxophone ou de cymbales (octogonales d'ailleurs !). Les joyeux lurons en finissent et c'est aux Pennsylvaniens de débarquer, une fois le changement de plateau effectué, bien entendu.
Mis à part le premier titre, prenant le temps de s'installer, l'ensemble du set de An Albatross peut se résumer ainsi : "toujours au taquet, pied au plancher, ne jamais relâcher". On pourra aussi s'amuser à qualifier la musique du groupe de "grindcore mais avec le sourire". Le quintet (chant, guitare, basse, batterie et clavier) n'y va pas avec le dos de la cuillère en catapultant des titres très courts et d'une compacité sans faille. Musique de cirque, folklore, esprit jazzy et métal ultra-vitaminé font bon ménage chez An Albatross pour qui melting-pot rime toujours avec "à plein pot". Et la scène est un réel exutoire pour le groupe, notamment pour son chanteur. Un chanteur en forme olympienne, ne tenant pas en place, n'hésitant pas à prendre son envol (normal, me direz-vous, pour un albatros) ou à faire subir multiples sévices à son pied de micro, devenant quasiment un partenaire de jeu. Si le son confine parfois à la bouillie sonore, la maîtrise des musiciens est bien là. Ca décape et ça perfore, précis et violent, le set du groupe met en miette quiconque se trouve sur son chemin. Mais une fois terminé, ses membres redeviennent d'adorables albatros...