Furies est la sensation Hard Rock made in France du moment. Même si le groupe est actif depuis la moitié de la précédente décennie, la sortie de son premier album (faisant suite à un premier EP chroniqué dans nos pages) était attendue par sa fan base, et Fortune's gate, c'est son nom, paraît cet automne en totale autoproduction. Le line-up a évolué depuis la dernière trace discographique (bienvenue aux deux nouveaux gratteux) et semble vouloir en découdre sans retenue. Passé l'artwork peu attirant, le contenu de la galette comportant 10 titres ne laissera personne indifférent, et pour cause : jouer du Hard Rock en 2020, aussi moderne soit-il, ça passe ou ça casse. Et pour être transparent, la première écoute de Fortune's gate a failli être la dernière pour moi. Chant féminin haut perché, guitares ultra démonstratives, références trop évidentes, bref, le cocktail pas vraiment gagnant en ce qui me concerne. Mais une deuxième écoute attentive a attiré un peu plus mon attention, et la troisième m'a fait tomber sous le charme du combo parisien ! Car Furies maîtrise à la perfection les codes (musicaux et -malheureusement- vestimentaires) d'un mouvement dont les heures de gloire remontent à plusieurs décennies déjà mais qui n'a rien perdu de sa superbe. Jouer (très bien) du Hard Rock déviant vers le Heavy par les temps qui courent dans notre bel Hexagone mérite d'être souligné.
Majoritairement chanté en anglais (seul "Antidote" a droit à un traitement dans la langue de Molière pour une réussite discutable), Fortune's gate tiendra en haleine tous les shredders en herbe en mal de sensations fortes et les vieux de la vieille qui n'ont pas mis au placard les vestes à patches. Les lignes de chant sont assez téléphonées mais exécutées avec une justesse presque irréprochable. Les musiciens s'en donnent tous à cœur joie dans un registre dosant, avec intelligence, démonstration technique et sens de le mélodie. Il en ressort de bonnes chansons avec des refrains qui percutent, le tout servi par une production en mode rouleau compresseur. Si bien que l'ensemble est riche mais pas indigeste. Furies n'est pas tombé dans le piège du mauvais revival sans intérêt et délivre un disque authentique et sacrément bien foutu.
Publié dans le Mag #45