Rock Rock > Fu Manchu

Biographie > Fu... fighters

fu_manchu_band.jpg Le Dr.Fu Manchu est un génie du mal créé par le romancier Arthur Henry Sarsfield Ward plus connu sous le pseudonyme de Sax Rohmer, un être diabolique dont il fera le personnage de toute une série de romans... Mais ce n'est absolument pas ce qui nous intéresse ici. Car Fu Manchu, c'est (bien évidemment inspiré du personnage) également un groupe pionnier du mouvement stoner-punk'n roll injustement décrié du côté du vieux continent pour ne pas forcément être à la hauteur des Kyuss, Masters of Reality et autres Clutch ou Electric Wizard. Et pourtant... Né en 1987 du côté de la Cité des Angers, Fu Manchu est au départ un groupe de punk hardcore connu sous le nom de Virulence. Au casting, Scott Hill à la gratte, Ken Pucci au chant, Greg McCaughey à la basse et Ruben Romano derrière les fûts, écument les scènes du Sud de la Californie et sortent en 1989 un album baptisé If this isn't a dream.... L'année suivante, Ken Pucci se barre sans vraiment donner de raison et se voit remplacé par Glen Chivens. Le groupe prend alors le nom de Fu Manchu.
Quelques mois plus tard, paraît un premier single 7'' : Kept between trees. A cette époque, le son du Fu est encore assez hardcore mais rapidement les zikos le font évoluer vers quelque chose de plus orienté 70's, ce qui ne plaît pas à Greg McCaughey qui claque la porte à son tour. Il est remplacé par Mark Abshire, mais celui-ci a à peine le temps de s'installer au sein du groupe que Chivens se tire également. Scott Hill décide alors de prendre le poste de chanteur et débauche un second gratteux : Scott Votaw. Enfin stabilisé, Fu Manchu sort en 1992 une série de trois nouveaux 7'' : Senioritis, Pick up summer et Don't bother knockin (If this vans rockin... Quelques mois plus tard, nouveau changement de casting, Votaw prend la porte et se voit remplacé par Eddie Glass. Le groupe est alors approché par une major qui lui offre un bon petit paquet de billets verts pour enregistrer un album bien calibré pour cartonner. Les quatre veulent faire quelque chose de plus roots et décident d'enregistrer par leurs propres moyens leur premier album long format : le bien nommé No one rides for free (1994), produit par Brant Bjork (Kyuss)... Mark Abshire quitte les Fu en 1995, à la veille de l'enregistrement de Daredevil. Romano et Eddie Glass le suivent l'année suivante, après la sortie d'In search of, pour former le trio Nebula. Brad Davis, Bob Balch et l'immense Brant Bjork intègrent alors le groupe au sein duquel ne subsiste qu'un seul membre originel : Scott Hill.
En 1997, les Fu Manchu new look, sortent The action is go puis un split 7'' avec Fatso Jetson l'année suivante (Jailbreak). 3 autres albums seront mis en boîte (Eatin' dust, King of the road et California crossing) avant que Brant Bjork ne reprenne sa liberté pour mener à bien ses (nombreux) projets personnels... Il est remplacé par un certain Scott Reeder (qui n'a strictement rien à voir avec l'ancien membre de Kyuss et Unida...). LE groupe enregistre l'EP Something beyond, sort un live Go for it... live! et un nouvel album : Start the machine via DRT Entertainment. Deux ans plus tard, le line-up semble cette fois durablement stabilisé et le quartet, signé cette fois chez Liquor and poker Music (Nebula, The Hellacopters...) sort l'EP Hung out to dry (2006) puis l'album We must obey (2007).

Fu Manchu / Chronique LP > Clone of the universe

FU MANCHU - Clone of the universe Après quelques années orientées hardcore sous le nom de Virulence, la formation finit par prendre le nom de Fu Manchu en référence à un certain "génie du mal" imaginé par l'écrivain Sax Rohmmer. Taulier du genre stoner, le groupe emmené par Scott Hill voit même passer dans ses rangs un gus du nom de Brant Bjork (Kyuss, Mondo Generator, Vista Chino). L'homme en question prend d'abord la place de producteur (1994 - No one rides for free) puis se glisse derrière les fûts (1997 - The action is go / 1999 - Eatin' dust / 2000 - King of the road / 2001 - California crossing). Mais puisque rien ne dure, le musicien prend ses cliques et ses claques et s'en va vers d'autres aventures. Scott Hill continue de mener sa barque. Fu Manchu compte aujourd'hui près de 25 ans d'existence et douze albums studios. Le 9 février 2018, Clone of the universe voit le jour sous le label At The Dojo.

Longtemps, les pochettes de Fu Manchu ont illustré des bagnoles à quelques exceptions près. Depuis Signs of infinite power, il semble que le vent ait tourné. L'intérêt graphique se porte dorénavant davantage sur l'univers. Dans la tradition des deux albums précédents, l'artwork de Clone of the universe s'intéresse à un paysage spatial qui semble sortir d'un rêve. Sur fond de planètes, des couleurs pastels teintées violettes mettent en vie un homme. Son regard paraît direct et son écoute franche. Pourtant, il baigne dans une atmosphère aux parfums psychédéliques. Et côté musique ?

Naturellement, on démarre sur les chapeaux de roues avec un "Intelligent worship" bardé de ces gros riffs typique du stoner. Le morceau est râpeux et donne une dimension garage. Le chanteur renforce la menace par une diction presque parlée. Après quelques refrains percutants, le guitariste pose un solo grinçant. Le ton est donné. Dans des rythmes différents "(I've been) Hexed" et "Don't panic" conservent un jeu de puissance. "Slower than light" vient dans une autre approche. Elle provoque la cassure par la lenteur et l'aspect sombre des couplets. Un zeste de Black Sabbath vient d'être ajouté. Sur la fin du morceau, la basse relance la machine pour terminer le morceau sur un rythme effréné. L'entrée de "Nowhere left to hide" ronfle fort, plonge dans la noirceur puis s'élève au son des guitares qui grincent. C'est du heavy metal boosté aux hormones. Le titre se termine par un solo qui sillonne dans le chaos et une vraie démonstration à la batterie. L'aspect étonnant de "Clone of the universe", c'est son changement de rythme. Le batteur fait en sorte de faire le break au milieu de la piste avant que le reste de la bande prenne le relais pour aller sur des sonorités à mi chemin entre le heavy et le punk. Pour finir, Fu Manchu pose le presque instrumental "II mostro atomico" qui fait à lui seul 18:07 minutes soit près de la moitié de l'album. Hypnotique, le morceau revêt une multitude de reliefs (stoner, psyché, electro) qui représentent une véritable aventure dans le monde de l'écoute. Un truc qui donne tout son sens à l'artwork...

Fu Manchu mérite encore sa place sur le podium des pionniers du stoner. Avec trente années de carrière dans les pattes, les Californiens sont toujours créatifs tout en faisant ce qu'ils savent le mieux faire. En ramenant Clone of the universe sur la table, le groupe certifie que sa traversée du désert n'est toujours pas à l'ordre du jour.

Publié dans le Mag #32

Fu Manchu / Chronique LP > California crossing

Fu Manchu - California crossing "Separate kingdom" ouvre le bal de ce nouvel album de Fu Manchu et annonce une plutôt bonne nouvelle : le groupe a réorienté sa musique après quelques albums où il tournait un peu en rond, rabâchant leur stoner'n'roll jusqu'à plus soif. Cette nouvelle trajectoire, c'est la pochette de l'album qui la renseigne au mieux : les Fu Manchu s'offrent une virée à la plage et même si c'est un poncif des chroniques de "desert rock music", un album de Fu Manchu n'a jamais autant senti le sable chaud et les huiles solaires. Et quand le groupe prend l'air, c'est aussi sa musique qui respire : California crossing reprend tous les ingrédients qui ont rendu cultes les Californiens mais avec une production plus aérée et léchée et pour le coup moins stéréotypée au genre. Un son et des ambiances qui tranchent nettement par rapport aux albums précédents d'autant plus que les Fu Manchu lèvent aussi un peu le pied sur les tempos enlevés pour aller régulièrement taquiner le mid-tempo. Et ça marche du tonnerre car les Fu Manchu ont toujours cette patte incroyable pour écrire des pépites rock'n'roll comme "Hang on", "California crossing" et "Bultaco" qui sont une infime partie de ce menu ultra-alléchant qu'est California crossing : 11 titres pour 40 minutes d'une musique dont la seule et principale vocation est de vous faire passer un excellent moment. Un plaisir partagé qui s'achève sur un morceau quasi-instrumental ("The wasteoid") qui contient quelques excellentes parties de batterie dont seul Brant Bjork a le secret.
Au regard de ces quelques évolutions notables dans la musique du groupe, California crossing est certes l'album le plus accessible de Fu Manchu. Est-ce un mal ? Bien sur que non puisqu'ils y puisent le moyen de se renouveler en donnant une couche de peinture rafraîchissante à une carrosserie qui commençait à sérieusement à s'écailler sous les attaques multiples de la rouille. A défaut d'avoir les moyens d'aller en Californie : la bande-son idéale pour aller draguer les naïades en bikini sur la plage de Dunkerque avec votre plus belle monture. Viva Fu Manchu !

Fu Manchu / Chronique LP > In search of

fu_manchu_in_search_of.jpg Nous sommes en 1996, le line-up du Fu a beau avoir l'habitude de connaître de nombreux bouleversements en son sein, là, Mark Abshire est parti quelques mois auparavant et le duo Eddie Glass/Ruben Romano a déjà exprimé quelques velléités de départ (les trois formeront l'année suivante Nebula), en sommes, l'heure est au changement dans le groupe. Ou presque car auparavant, les quatre (avec Brad Davis) ont eu le temps d'enregistrer In search of, un disque pas franchement raté, mais que l'on qualifiera de mineur. Il faut dire que les Fu Manchu semblent l'avoir enregistré un peu à l'économie tant des titres comme "Regal begal" ou "Asphalt risin'" sont convenus et déjà vus sur les deux efforts précédents du groupe. Un peu poussif, limite fainéant artistiquement parlant sur "Redline" ou "Cyclone launch", le groupe semble être en roue libre sans trop chercher à convaincre, puisqu'il l'a déjà parfaitement fait sur Daredevil. En même temps, Fu Manchu a également su se fendre de quelques titres stoner bien incandescents, à l'image de "Missing link" ou du lancinant puis explosif "Neptune's convoy". Des titres qui cherchent l'efficacité sans toutefois la trouver à chaque fois, de vieux riffs sans doute issus de quelques jams enfumés, des plans musicaux un peu faciles, In search of est un disque qui porte, malheureusement, un peu trop bien son nom. Du coup, ça tartine mais un peu à vide parfois, mais si l'esprit du Fu est toujours bel et bien là, on a comme l'impression que le coeur n'y est plus tout à fait... Et malgré un visuel dans la plus pure tradition made in Fu Manchu, ce In search of, solide album de stoner rock punkisant au demeurant, n'en reste pas moins un album mineur au sein de la discographie des californiens. Un disque de transition ?

Fu Manchu / Chronique LP > Daredevil

fu_manchu_daredevil.jpg Après un No one rides for free, d'un point de vue visuel, assez sobre (trop pour eux), Daredevil inaugure la belle série d'artworks inimitables dont les Fu Manchu ont le secret. Au choix, un véhicule à moteur (du buggy des sables au monster-truck) ou des sexy-babes aux formes voluptueuses... ou les deux en même temps. C'est second degré, genre série B cinématographique "grindhouse" mais c'est totalement assumé et en même temps, ça se prête plutôt bien au style pratiqué. Musicalement, point de révolution fondamentale à l'horizon, sauf que (oui il y a un "sauf que" qui se cache dans le coin de temps à autres), le groupe a eu un peu plus de moyens à sa disposition pour enregistrer le disque qui fait l'objet de la présente chronique, que sur No one rides for free. Donc forcément ça sonne mieux et on le remarque assez vite, confère l'excellentissime "Trapeze freak". Les Fu Manchu savent bétonner leurs albums et à coup de riffs qui dépouillent et en ont apparemment parfaitement conscience. Conclusion, ça rock à tout va, c'est toujours aussi brut de décoffrage et simple (qui a dit primaire ? sic) que sur le premier album, c'est donc parfaitement aussi bien fait, sauf que (oui encore.), le son est donc meilleur. Exit Mark Abshire, welcome Brad Davis. Un Fu Manchu 2.0 ou presque, qui en plus, se paie le luxe de soigner ses riffs histoire de nous faire le coup du "bon il y en a un peu plus, je vous le mets quand même". Et quand ça fait "Tilt" (oui c'est nul), les rockeurs peuvent passer la vitesse supérieure sur "Gathering speed" et se lancer à la poursuite du canis latrans (et oui ce n'est pas parce qu'on chronique du Fu qu'on ne peut pas mettre des mots latins.) du désert sur "Coyote duster". Rock'n rollesque, chargé en alcool frelaté, le groupe envoie la purée. Un petit côté lunaire sur le bien nommé "Space rock", des riffs par packs de douze ("Lug", "Wurkin'" et ses guitares bourdonnantes à mort), quelques passages plus lancinants, les californiens la jouent stoner pur. parce qu'ils le valent bien. Exploitant pleinement leur potentiel les Fu Manchu livrent avec Daredevil un deuxième effort qui confirme largement tout le bien qu'on pensait d'eux. Rock'n roll baby.

Fu Manchu / Chronique LP > No one rides for free

fu_manchu_no_one_rides_for_free.jpg Après une petite brouette de 7'' histoire de se rôder en studio, les Fu Manchu sortent en 1994 leur premier album long-format : No one rides for free. Pour la petite histoire, la légende du Fu raconte qu'un label les aurait approchés quelques mois auparavant pour leur offrir la possibilité d'enregistrer un disque bien calibré comme il faut pour cartonner, un peu à la manière de la vague grunge. L'histoire raconte que Scott Hill et sa bande auraient envoyé bouler les gens du label en question pour s'en aller mettre en boîte le disque par leurs propres moyens. Résultat des courses, dès "Time to fly" et surtout "Ojo rojo", les Fu Manchu vient se dégourdir les muscles en faisant vrombir la machine à riffs, qui bien que ne bénéficiant pas d'une production haut de gamme, lâche quelques passages de grattes bien sentis. Foncièrement stoner rock, bien roots dans l'âme et solidement burnée, la musique du quartet californien sent bon le sable et le soleil, alors même que les amplis crachent les décibels et que le groupe envoie ses brûlots rock faits maison dans les enceintes. C'est du cousu-main, quasiment du DIY mais le groove des américains est déjà parfaitement imparable. A ce titre, "Show and shine" est quasiment un modèle du genre. Les guitares sont bien électrifiées, le fuzz prometteur et l'envie d'en découdre, furieusement communicative. Les morceaux se suivent et s'enquillent les uns derrière les autres comme si de rien était, avec toujours cette efficacité brute, qui malgré le manque de moyens, ne souffre d'aucune contestation ("Mega-bumpers", "Superbird"). Les filles, le sexe, les substances illicites, le poker, les belles caisses, les thèmes abordés ici ne parviendront sans doute pas à convaincre les culs-bénis rétro-catho de droite, mais pour le reste, Fu Manchu c'est du 100% fun (l'excellentissime "Shine it on") à écouter pour se désaltérer, une caisse de bières fraiches au pied du hamac. No one rides for free, 8 titres virils et testostéronés (le furieux et fuzzé "Snakebellies") qui en appellent forcément d'autres, beaucoup d'autres. Qui s'en plaindrait ?