FU MANCHU - Clone of the universe Après quelques années orientées hardcore sous le nom de Virulence, la formation finit par prendre le nom de Fu Manchu en référence à un certain "génie du mal" imaginé par l'écrivain Sax Rohmmer. Taulier du genre stoner, le groupe emmené par Scott Hill voit même passer dans ses rangs un gus du nom de Brant Bjork (Kyuss, Mondo Generator, Vista Chino). L'homme en question prend d'abord la place de producteur (1994 - No one rides for free) puis se glisse derrière les fûts (1997 - The action is go / 1999 - Eatin' dust / 2000 - King of the road / 2001 - California crossing). Mais puisque rien ne dure, le musicien prend ses cliques et ses claques et s'en va vers d'autres aventures. Scott Hill continue de mener sa barque. Fu Manchu compte aujourd'hui près de 25 ans d'existence et douze albums studios. Le 9 février 2018, Clone of the universe voit le jour sous le label At The Dojo.

Longtemps, les pochettes de Fu Manchu ont illustré des bagnoles à quelques exceptions près. Depuis Signs of infinite power, il semble que le vent ait tourné. L'intérêt graphique se porte dorénavant davantage sur l'univers. Dans la tradition des deux albums précédents, l'artwork de Clone of the universe s'intéresse à un paysage spatial qui semble sortir d'un rêve. Sur fond de planètes, des couleurs pastels teintées violettes mettent en vie un homme. Son regard paraît direct et son écoute franche. Pourtant, il baigne dans une atmosphère aux parfums psychédéliques. Et côté musique ?

Naturellement, on démarre sur les chapeaux de roues avec un "Intelligent worship" bardé de ces gros riffs typique du stoner. Le morceau est râpeux et donne une dimension garage. Le chanteur renforce la menace par une diction presque parlée. Après quelques refrains percutants, le guitariste pose un solo grinçant. Le ton est donné. Dans des rythmes différents "(I've been) Hexed" et "Don't panic" conservent un jeu de puissance. "Slower than light" vient dans une autre approche. Elle provoque la cassure par la lenteur et l'aspect sombre des couplets. Un zeste de Black Sabbath vient d'être ajouté. Sur la fin du morceau, la basse relance la machine pour terminer le morceau sur un rythme effréné. L'entrée de "Nowhere left to hide" ronfle fort, plonge dans la noirceur puis s'élève au son des guitares qui grincent. C'est du heavy metal boosté aux hormones. Le titre se termine par un solo qui sillonne dans le chaos et une vraie démonstration à la batterie. L'aspect étonnant de "Clone of the universe", c'est son changement de rythme. Le batteur fait en sorte de faire le break au milieu de la piste avant que le reste de la bande prenne le relais pour aller sur des sonorités à mi chemin entre le heavy et le punk. Pour finir, Fu Manchu pose le presque instrumental "II mostro atomico" qui fait à lui seul 18:07 minutes soit près de la moitié de l'album. Hypnotique, le morceau revêt une multitude de reliefs (stoner, psyché, electro) qui représentent une véritable aventure dans le monde de l'écoute. Un truc qui donne tout son sens à l'artwork...

Fu Manchu mérite encore sa place sur le podium des pionniers du stoner. Avec trente années de carrière dans les pattes, les Californiens sont toujours créatifs tout en faisant ce qu'ils savent le mieux faire. En ramenant Clone of the universe sur la table, le groupe certifie que sa traversée du désert n'est toujours pas à l'ordre du jour.