Frontier(s) - There will be no miracles here Après avoir aidé Far a renaître de ses cendres (était-ce pour autant une bonne idée vu le résultat ?) et contribué à la diffusion sur le vieux continent des travaux de Walter Schreifels, voici que le label allemand Arctic Rodeo Recordings (Jonah Matranga, Solea) nous sert sur un plateau d'argent un disque d'émo-rock mélodique issu de la scène nord-américaine et comme on en écoute assez peu depuis quelques années. Originaire de Louisville, Frontier(s) distille avec There will be no miracles here un rock aux mélodies particulièrement ténues, des morceaux pas trop courts, pas trop longs, habités par la voix d'un chanteur en phase avec ses acolytes, une section rythmique bien rôdée et des guitares qui testent les amplis avec talents. Et si le début de l'album ne laisse pas présager grand chose de bien extraordinaire ("Little wolves", "Von Veneer"), la suite offre à l'auditeur un "Sea of Galilee" punky et très direct à défaut de dévoiler un quelconque début émotion, puis "Abul Abbas" avec lequel, les américains passent enfin aux choses sérieuses, démontrant que dans un registre plus fouillé, malgré un souci d'efficacité immédiate parfois trop constant, peuvent écrire des morceaux qui marquent durablement les esprits. Rock par essence, pop mais pas trop ("Bones"), émo à lointaine tendance metal alternatif/hardcore dans les instrumentations et les poussées de fièvre vocales ("Marching line", "Poor souls"), gimmicks mélodiques inspirés ("Dirty pets"), Frontier(s) joue plus que bien, ne réécrira certainement pas l'histoire du rock avec cet album, mais renoue avec ces disques que l'on écoutait il y a une petite dizaine d'années, en remettant au goût du jour une formule assez simple mais qui a déjà fait ses preuves par le passé... et qui fonctionne ici, le savoir-faire des musiciens aidant ("Young lives", "You are secrets"). Et s'il ne parviendra pas à s'imposer comme l'un des albums majeurs de cette année discographique, There will be no miracles here (le titre était déjà un peu prophétique...) trouvera allègrement sa place aux côtés des pièces certes pas inoubliables mais que l'on ressort de temps en temps pour les réécouter avec un plaisir non dissimulé.