En solo, Ronan K a sorti un EP en 2015 puis a croisé la route de Stéven (chanteur d'Oscar Matzerath). Ensemble, ils ont travaillé sur un album folk intitulé From grey en 2018, devenus indissociables et davantage un duo, ils changent leur nom pour ... From Grey, mais pas leur recette d'un folk qui fait honneur à ses origines comme à d'autres influences.
Mettons tout de suite un truc au clair qui me hante depuis que j'écoute cet album (To dust car un titre découpé en deux parties porte ce nom) : nos deux auteurs ne seraient pas un peu malicieux ? J'ai la forte impression qu'ils ont disséminé dans leurs paroles des références à des aînés qu'ils apprécient... Tu ne comprends pas ce que je veux dire ? Alors que penses-tu de ce "Knock, knock, knocking on your door" ("Salem city"), ce serait-ce pas un écho au "Knock, knock, knockin' on heaven's door" de Bob Dylan ? Le "My girl, my girl, where you get no sleep last night" ("Ice storm") ne serait-ce pas un écho au "My girl, my girl, don't lie to me, tell me where did you sleep last night?" de la tradition folk américaine (et repris par Nirvana pour son cultissime et soyeux Unplugged in New York). Ces deux-là me semblant être plus que des coïncidences et en cherchant un peu, j'en ai trouvé d'autres mais un peu plus tirées par les cheveux ("You put a spell on me" ("You hate me") est certainement plus une histoire de sort qu'un clin d'œil à Screamin' Jay Hawkins). Me voilà débarrassé de cette idée, en espérant connaître le fin de mot de l'histoire un de ces jours...
Et sinon, les mecs font de la musique aussi, non ? Oui, c'est un peu de ça qu'il devrait s'agir dans une chronique de disque, je l'avoue, mais quand même, ça dit quelque chose ces textes, non ? Les onze pièces de ce premier album (en tout cas, sous ce nom-là) nous amènent autour d'un feu de camp, guitare acoustique, chant rauque dépouillé qui touche au cœur, parfois un peu de rythmes (ceux de Nico qui fait que le duo en devient trio) ou d'harmonica, un petit banjo, quelques chœurs, jamais grand-chose... Les titres sont purs, simples, évidents et piochent dans l'americana, la country, le blues, tout ce qui est aux origines du rock se retrouve dans To dust. Et comme tout est emballé avec soin dans un très beau digipak et enregistré avec un son de dingue, on t'encourage à remonter à la source de nos plus belles émotions musicales.
Publié dans le Mag #60