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Frédéric D.Oberland / Chronique LP > Solstices

Frederic D Oberland - solstices Plus connu pour être membre de Oiseaux-Tempête et Le Réveil des Tropiques, Frédéric D.Oberland navigue entre plusieurs projets collectifs. Multi-instrumentaliste autodidacte, il se construit au fil du temps (et de l'espace) une carrière solo. Un quatrième opus vient de paraître : Solstices.

"Panspermia/Pneumia" vient sur des fréquences lointaines. De petits tintements qui se dessinent dans l'horizon. À ce fond sonore, s'ajoute une boucle de bourdonnements puis la voix du physicien Stephen Hawking intervient. Un symbole de la physique quantique comme rite de passage vers un autre univers. Les tintements gagnent en intensité. Ils sont accompagnés de rebonds sonores lents qui invitent l'auditeur à se laisser porter. Une entrée en matière de 13'09 qui entrelace les sons électro. Un scientifique qui expose quelques théories aussi complexes que cela en devient poétique. Tout en restant globalement zen, le morceau monte en intensité et en densité. Humblement, le spécialiste des trous noirs se retire. Le tout monte en puissance et force à la contemplation.

"A notre nuit" part sur une boucle électro rapide. Elle tourne frénétiquement et rien ne l'arrête. Des pulsations sauvages viennent nourrir le morceau sur sa structure. Une nouvelle fois, c'est le mille-feuille sonore. Sous des apparences anarchiques, tout est en fait précisément à sa place. C'est aussi cela qui définit l'Univers. De là-bas, Frédéric D.Oberland fait rugir son saxophone comme un ultime appel. Une bougie dans les ténèbres. Morceau le plus court de l'album "Quatre épaves d'acier" mesure tout de même ses 6'24. Pour autant, c'est une succession de notes longues. Elles se suivent en étant faites de variations et de tremblements. Tout est parfait pour partir à la dérive. "Worst case scenario" possède quelque chose de plus tribal dans son rythme. Sur plusieurs niveaux, des appels s'acharnent pour faire valser les derviches tourneurs pour laisser place à une transe plus profonde encore. Le saxophone du musicien vient participer à la magie du moment. Des flash lasers assaillent tout ce bon monde. Qu'importe, la machine est lancée et ne s'arrête plus. Plus que jamais percutante, la fin pourrait faire bouger les masses. Capturé dans un marché, dans le cadre du Gabès Cinema Festival de Tunisie, "Cosmos bou deliff 2.3." s'amorce par quelques sonorités orientales avec la participation d'Awled Fayala. Une performance live qui perce les frontières. La foule applaudit la rencontre autant que la prestation. Le saxophoniste tire un dernier salut. Les machines semblent dysfonctionner et mourir dans les échos. C'est la fin.

Solstices est un véritable album-concept. En cinq titres, Frederic D.Oberland réalise une composition de 52 minutes. Aucune partie ne peut être pris à part pour se dissocier des autres. Il s'agît ici de rêver par delà les murs. C'est un chemin. Sa nature expérimentale fait toute sa beauté.

Publié dans le Mag #55

Frédéric D.Oberland / Chronique LP > Même soleil

Frederic D. Oberland - meme soleil Frédéric D.Oberland. Le blase vous dira-t-il quelque chose ? Photographe à ses heures, ce multi instrumentaliste est co-fondateur du label Nahal Recordings et des groupes Oiseaux-Tempête, Le Réveil des Tropiques et Foudre !. Il mène en parallèle un parcours solo qui compte trois albums studios. Le petit dernier de la famille a vu le jour en juillet dernier et porte le nom de Même soleil.

"Augures" fait une entrée mystique. Des boucles sonores sinuent dans le fond. Hypnotisé, le cerveau n'a plus qu'à écouter les instruments se répondre. Les cuivres font une mélodie qui pousse à s'enfoncer dans le rêve, oublier le temps. Simplement se laisser guider vers le chant des oiseaux qui habitent la fin du morceau (sans la tempête). "Quatre épaves d'acier" tourne encore lentement des sons synthétiques à l'infini favorables à l'élévation pour se terminer dans un brouhaha de prières indiennes. Cette fin est reprise sur "En cercle immergé" en superposant à cela des discours de PDG mettant le monde en laisse. Les extraits de déclarations d'Elon Musk et de Jeff Besos bourdonnent jusqu'à créer la confusion. "Un feu rebelle" se construit autour de la guitare de Frédéric D.Oberland. Rapidement, l'ambiance se fait plus sombre. L'instrument semble d'abord résonner dans les espaces avant que quelques vrombissements viennent ajouter du corps. Le morceau gagne en intensité crescendo et la menace grandit. Les sons électro cheminent sur "Ravages" et ramènent la tranquillité à bord du navire. Comme le premier morceau, "A notre nuit" culmine à plus de dix minutes. Le caractère hypnotique revient habiter la musique. Dans la folie de la transe sortent les cuivres. Dominants, ils montrent un cap halluciné. Pour que le soleil se couche, les mêmes instruments se mettent à nu dans une dernière minute émouvante.

La musique de Frédéric D.Oberland est un voyage. Le mieux, c'est sans doute de s'allonger, de fermer les yeux et de se laisser porter sans jamais laisser le rideau se lever.