Initialement sorti en version numérique et en cassette en décembre 2022, Premier sang des Messins de Frau Trofea a fait l'objet cette année d'une parution dans un format vinyle via une co-production des labels Araki Records, Les Disques De La Face Cachée, Whosbrain Records, Aredje, et quelques autres. Ça valait vraiment le coup d'attendre une version grande galette pour profiter des petites malices noise/no-wave/math-rock/post-punk/post-hardcore de cette œuvre au ton rose (merci à l'artiste graphique mosellan Val L'Enclume, également musicien au sein d'Oi Boys !) et produite par Mr Marcaille. Oui, le même homme qui se trouve derrière ce one-man band punk avec comme outils sonores un violoncelle, une batterie, et... un slip !
Frau Trofea, c'est une formation plutôt jeune (seul un disque live-démo précède ce premier album) constituée de Jojo (Bras Mort, The Sioux, Loth, Strong As Ten...), Valouz (Oi Boys, Divojugend) et Vincent (Le Singe Blanc, Amour). Un trio armé d'une basse, d'une batterie, d'une guitare baryton, le tout accompagné de trois voix un peu dérangées qui alternent en langue française, anglaise et italienne. Et quand ils s'y mettent tous ensemble, cela donne neuf titres possédés aux idées libérées par une énergie naturelle de par les styles cités un peu plus haut. De structures répétitives, parfois Fugazienne ("Cendres"), à des espaces un peu plus labyrinthiques et "noisy" avec des syncopes et des dissonances plus que bienvenues, qui font penser à Shellac d'ailleurs, si ce n'est pas Primus avec cette ligne de basse à la Les Claypool sur le début d'"Under arrest".
Vous l'aurez compris, Premier sang est multidirectionnel, tout en gardant un substrat rock brut (aucun effet et arrangement ne prédominent) qui ne désorientera pas tant que ça l'auditeur qui aura dans son bagage les références citées plus haut. Frau Trofea se permet assez de folie, mais juste ce qu'il faut pour ne pas pour rendre l'auditeur fou à son tour. Le trio délivre un premier album taillé pour la scène, tâchez donc de répondre présents s'ils viennent réveiller votre ville prochainement.
Publié dans le Mag #61