Frank Turner_FTHC C'est bizarre, mais j'ai toujours du mal à me lancer dans la rédaction d'une chronique de disque d'un artiste que j'aime beaucoup. Ce qui ne veut pas dire que pour les autres, je m'en tamponne. Mais, voilà, c'est comme ça. Arriver à trouver les mots justes en étant le plus objectif possible (quoique, nous sommes avant tout un fanzine, alors l'objectivité, parfois, on s'en cogne), c'est un sacré défi. Bref, voici ma chronique du nouvel album de Frank Turner.

L'homme au 2.629 concerts (à la date du 13 juin 2022, et il en aura enquillé cinquante de plus à la fin d'ici la fin de l'été !) a sorti en février dernier son neuvième album studio sobrement intitulé FTHC pour Frank Turner HardCore. Tout un symbole pour ceux qui suivent cet authentique artiste depuis ses débuts et ceux qui ont pris le train en marche (comme moi), même si ces initiales et son logo original sont à l'origine une simple blague. Frank Turner transpire la sincérité, et son attachement aux valeurs du punk rock est incontestable. Et même s'il remplit les salles et joue dans le monde entier avec une infrastructure de plus en plus conséquente, rien d'étonnant à pouvoir assister à un de ses "solo show" dans une bibliothèque, une ambassade ou dans son salon (confinement oblige). Artiste folk et musicien punk rock à la fois, la pandémie a eu raison des incessantes tournées de Frank et, ce n'est pas un hasard si FTHC se révèle un des disques les plus personnels au niveau de l'écriture et le plus punk dans son approche sonore. Ce qui en fait un de mes préférés de sa discographie (avec Tape deck heart). Je n'ai pas l'habitude de philosopher sur les textes dans mes chroniques de disque, mais j'ai été attiré par ceux de FTHC. Et assez troublé. Les sujets évoqués sont forts, comme entre autre, le rejet du conservatisme ("Non serviam"), ses relations avec son père ("Fatherless" - And I cried myself to sleep each night / For 3 straight weeks until I was dead inside, "Miranda" - I was always hoping that he would find a way to change / And after everything that we've been through / Miranda, it's lovely to meet you) ou le fait de grandir sans figure paternelle ("The resurrectionists"), du quotidien et des conséquences du confinement ("The work", "Farewell to my city" et son clin d'œil London, you can keep my bones, "The gathering"), la drogue ("Untainted love" - I'm not invincible, it's impossible to stay alone forever) et la santé mentale ("Haven't been doing so well", "Punches").

Et la musique dans tout ça ? Affirmée, conséquente, radicale. Cette formule détonante qu'est l'astucieux mélange de punk et de folk fait des ravages et la première partie du disque est aussi puissante que passionnante. Ça bastonne à tous les étages, c'est intense et c'est tant mieux. FTHC est incontestablement le disque le plus agressif du britannique, qu'on se le dise. Après deux respirations ("Miranda", "A wave across the bay"), place à l'un des monuments de ce disque ("The resurrectionists") et son final voyant Simon Neil de Biffy Clyro participer à la récréation. La seconde face est remuante ("Punches", "Perfect score") mais aussi plus intimiste. Un disque complet qui sent le soufre mais qui regorge de pépites mélodiques et mélodieuses. Du Frank Turner pur jus, abrasif et passionnant. Tout ce qu'on aime, en quelque sorte.