Pointe-à-Pitre est une ville antillaise située sur l'île de Grande-Terre en Guadeloupe, un lieu tropical qui a vu naître des musiques aussi diverses que le gwoka et, plus récemment, le crunk, rap bling-bling inspiré des Américains. N'oublions pas le mouvement artistique le plus évident, le zouk, avec les mondialement connus Kassav', qui ont visiblement inspiré un groupe de la métropole : Francky Goes To Pointe À Pitre. Monté par un trio issu de la scène rock tourangelle (Jérôme, guitariste de Pneu, l'ex-guitariste d'Headcases, Luis Francesco Arena et David, batteur de Mr Protector), cette formation instrumentale vient de sortir son deuxième album intitulé très justement Plaisir coupable sur le label A Tant Rêver Du Roi (Bison Bisou, It It Anita, No Metal In This Battle). Pas de prise de tête, sors ton Ti Punch, le sorbet coco, ta chemise à fleurs, tes tongs dépareillées, et délecte toi des airs chaleureux et des rythmes chaloupés de ce disque qui va très certainement te mettre en état de transe extatique.
Car la musique de Francky Goes To Pointe À Pitre (la plupart auront noté ce jeu de mot foireux/génial (au choix), avec la formation new-wave britannique Frankie Goes To Hollywood) sait opérer une gymnastique rythmique et harmonique assez bluffante empruntée principalement au math-rock que peuvent pratiquer par exemple des artistes aussi variés que Le Singe Blanc, PoiL, ou bien l'éphémère formation parisienne Dessoto qui partage d'ailleurs quelques similitudes "zouk" avec eux. Tu l'auras compris, c'est bien cet élément exotique, ces petits phrasés de guitares qui donnent cette touche à ce trio qui - signalons le - n'en abuse pas complètement (les rythmes sont en réalité rarement "zouk", par exemple). Avec Plaisir coupable, ces Francky ont su trouver cet équilibre parfait entre rock et influences antillaises. Non seulement le rendu de ce deuxième galette nous fait esquisser un sourire approbateur tant le groupe tente de pousser parfois les limites de son concept (spécialement sur "Accélérateur de party cool" où le rock disparaît totalement), mais la formation est aussi douée pour trouver des noms de chansons terriblement croustillants (au hasard "Kazikunu", "Cameroun Diaz", "A10 ça glisse"). Et ça, à l'approche de l'été, une œuvre comme celle-ci, c'est du pain béni !
Publié dans le Mag #33