France de Griessen, francophone et flamande (comme son nom l'indique quasiment) est propulsé dans le monde musical en 2005 quand elle prend les devants de scène de Teen Machine. Le groupe n'est qu'éphémère mais la demoiselle est mordue par la scène et y remonte en temps que comédienne pour jouer au théâtre avec Edouard Baer ! Elle reprend le micro et la guitare toute seule et se fait remarquer par les No One Is Innocent et notamment Shanka qui l'accompagne pour sortir son premier EP Six uses for a heart (2009) qui voit également Elliot Murphy à son "générique"... La jeune femme sort son premier album en 2011 : Electric ballerina.
France de Griessen
Biographie > La belle France
France de Griessen / Chronique LP > Saint Sebastien
Vraie naïveté ou tentative de buzz mal réfléchie, le nouvel album de France de Griessen a fait un peu parler de lui avant sa sortie... La demoiselle a en effet subi l'application stricte des règles de Facebook, à savoir "Vous ne publierez pas de contenus contenant de la nudité", la pochette de Saint Sebastien qui dévoile un téton a donc été censurée. Ce n'est pas la première ni la dernière fois, qu'une image est ainsi "interdite" sur le réseau social mais France de Griessen a sorti sa plus belle plume pour dénoncer ce "puritanisme dictatorial" et expliquer en quoi cette photo était importante pour elle puis digresser sur les bonnes moeurs, la barbarie et les homosexuels. Alors que ce soit bien clair, on est tout à fait d'accord pour dire que censurer cette pochette est ridicule mais faut-il essayer d'en faire un buzz médiatique en montant sur ses grands chevaux ? Ca aussi, c'est un peu ridicule. Quiconque suit un peu l'actualité et utilise ce réseau social sait pertinemment qu'il censure à tout va (sauf les décapitations... véridique), d'Adam et Eve aux Femen en passant par Gustave Courbet, les "affaires" sont légions ! Si on foutait une fennec avec des nichons, même en dessin, on se ferait nous aussi censurer, on aurait donc l'occasion de créer un buzz facilement en hurlant à la liberté d'expression... Sauf que Facebook est une boîte privée qui fait accepter son règlement par ses utilisateurs. C'est débile dans certains cas mais c'est comme ça. Point à la ligne.
La photo incriminée fait référence à Saint Sebastien (et pas le sein de Sébastien), martyrisé par les romains et transpercé de flèches (non mortelles, il sera battu à mort un peu plus tard). Pour illustrer l'analogie, France aurait très bien pu elle aussi se planter une (ou plusieurs) flèche(s) dans la poitrine, évitant la censure avec habileté et pouvant même buzzer en énervant les cathos intégristes (jurisprudence Bettina Rheims). France de Griessen a souffert durant l'enregistrement de cet album et a demandé à Shanka de l'épauler à nouveau (il était déjà là pour Six uses for a heart). Alors le guitariste, connu pour son travail de métallurgiste en industrie lourde (Lycosia, No One is Innocent, Destruction Inc.), a secondé son amie mais n'a pas cherché à distordre son propos et ses accords. On le retrouve davantage dans la peau de l'auteur de Rock the folk !, les titres doux étant bien plus présents que la saturation. L'âpreté dont est également capable France est plutôt mise de côté, Saint Sebastien semble assez cool dans l'ensemble, tourmenté certes mais calme et dans la retenue, tel le "Sebastien" qui remémore la fragilité rock d'une Scout Niblett qui aurait enrobé son propos de notes plus chatoyantes.
Quelques titres sont tout de mêmes marqués par un rythme plus soutenu et des guitares plus abrasives, "Je ne saurais", "Swan", "Coeur merveilleux", "Choose Again" se font donc remarquer en nous asticotant les oreilles et nous sortent de l'atmosphère pop parfois un peu trop mélancolique ("Skin and stone", "Les oiseaux", "I thought I had", "Agneau mystique"...). Quand la miss se fait plus rageuse, j'adhère encore plus, un morceau comme "Honey lake" bénéficie peut-être de moins de fioritures et d'arrangements subtils que les autres mais il me touche immédiatement. Sombre et triste, Saint Sebastien est encore plus beau quand il se révolte et cherche à se battre pour reprendre sa vie en main au lieu de se morfondre avec une douceur lumineuse.
France de Griessen / Chronique LP > Electric ballerina
Bref, j'ai fait la chronique de l'album de France de Griessen. Vers juin environ, JF me demande si je veux recevoir l'album Electric ballerina. JF c'est un mec qui bosse pour la promo et le management de bons groupes. JF est cool. J'écoute donc rapidement ce que donne France de Griessen. Je tombe sur un titre très pop assez mielleux. Ca ne me branche pas. Je le dis à JF. Il me dit "ouais mais y'a des titres bien rock, je t'envoie quand même l'album". En juillet, je reçois l'album, je ne l'écoute pas. En août, je l'écoute. JF avait raison, y'a des titres rocks et sympa. La disto de "Will you ?" est carrément grunge. En fait je kiffe. La fille a une voix claire, fragile et envoie du gros. C'est bon. Faut que je le chronique. Ca sort le 26 septembre, c'est bon, j'ai le temps. 22 septembre, faut que je chronique Electric ballerina, je l'écoute intensément. Je rekiffe. Même les titres chantés en français tout doux. 2 octobre, je suis à la bourre mais je commence à écrire. J'enquête, je rédige la bio. Je découvre qu'Aurelio avait reçu, aimé et chroniqué Six uses for a heart. Merde j'ai fait une bio pour rien. Il avait pas fait la bio. Alors qu'Aurelio est du genre à écrire plus que toute l'équipe réunie, il aime pas écrire les bios. La feignasse. Mais du coup, Aurelio est plus légitime pour écrire l'article sur la suite. Il est débordé. Je dois écrire l'article. Cool mais je suis encore plus à la bourre. La petite grunge touche à tout sans complexe et s'en fout si on la compare à Kurt Cobain ou Patti Smith. Enfin je crois. Elle nous ressert des titres de son EP d'il y a deux ans ? La feignasse. Mais comme je ne la connaissais pas, "La ballade de Norma Rose" (partagée avec Elliott Murphy) et les autres jouent à armes égales. En plus elle joue aussi avec Vérole et reprend les Sales Majestés. C'est hétérogène. J'aime les différentes ambiances. Ma femme aussi. Là, elle regarde la TV avec le netbook sur les genoux pendant que j'utilise la hype du moment en biais de rédaction. Je me demande si c'était une bonne idée finalement. Mais il est trop tard, la flemme de tout refaire autrement. Bref, j'ai fait la chronique de l'album de France de Griessen.
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France de Griessen / Chronique EP > Six uses for a heart
Six uses for a heart ? Une référence à un conte d'Hans Christian Andersen ("Les chaussons rouges"), Un casting à haute teneur en rock n roll : Shanka (Destruction Incorporated, No One Is Innocent), Bastien Burger (Blackstrobe, Destruction Inc.), Pierre Belleville (Destruction Inc., Lofofora), Yann Coste (Doppler, No One Is Innocent) et Elliott Murphy, une France de Griessen (ex-Teen Machine) décidée à en découdre et un premier titre qui détruit tout sur son passage. "I want to be you" : une fougue peu commune, une intensité électrique qui prend d'assaut les amplis, des guitares tendues et agressives doublées d'une hargne furieusement rock'n'roll, difficile de rester insensible. On appelle ça une grosse claque. "Rue des Pierres Rouges", la demoiselle abandonne la langue de Shakespeare pour celle de Voltaire et parvient pourtant à se sortir avec talent de l'écueil "rock français bien chiant" qui aurait pu se dresser devant elle. Bien entourée, France a également pour elle le talent d'écrire des compos grungy efficaces, de faire preuve d'un charisme peu commun et de savoir parfaitement mélanger les genres. Après la déflagration du premier titre et le calme retrouvé du second, on enchaîne avec la nonchalance de "Sunbeam". Folk électrique tendance country, univers presque retro et en marge des courants actuels, songwriting pop-rock inspiré, on oublie les références (en vrac, Hole, Sonic Youth, Juliette & the Licks...) et on se concentre sur l'essentiel : soit des morceaux de la trempe de "Ballerina" ou ""La ballade de Norma Rose" avec Elliott Murphy en guest de luxe. Malgré un "Petit coeur" qui peine à convaincre et qui se révèle sommes toutes assez poussif, France de Griessen met du coeur à l'ouvrage et en six titres, démontre qu'elle a très clairement des choses à dires. Intensité grunge, une folk country décomplexée et énergique, suave, mélodique et personnelle. Une identité musicale affirmée, une personnalité unique, presque punk par moments, une vraie découverte...