Forest Pooky-Violets are red, roses are blue and dichotomy Sur la route depuis 25 ans et en solo depuis presque 15, Violets are red, roses are blue and dichotomy n'est "que" le deuxième album studio de Forest Pooky. Je modère tout de suite mon propos, car depuis Every key hole has an eye to be seen through paru en 2012, Forest Pooky n'a pas chômé : tournées aux quatre coins du monde, split album avec Peter Black, Kepi Ghoulie ou Yotam Ben Horin, sans compter un EP, son génial album de covers paru il y a deux ans et ses multiples projets annexes (Maladroit, Supermunk, Napoleon Solo, Sons Of Buddha et bien d'autres). N'empêche que, pour les amateurs du punk-folk singer américano-ardechois, ce deuxième album s'est fait attendre. Mais comme dirait une de mes collègues de boulot, plus c'est long, plus c'est bon. Alors profitons-en !

La force de Forest Pooky, c'est d'être constant dans l'imprévisible. Et dans l'irrésistible aussi. J'ai beau connaître les qualités musicales de cet Artiste (l'emploi de la majuscule est une nouvelle fois amplement justifié), il arrivera toujours à me surprendre en empruntant des chemins que je n'imaginais pas mais qui sont tellement évidents quand on prend le temps d'y réfléchir. En ne restant pas figé dans le prisme du punk-rock dont il vient et dans lequel il a baigné depuis son adolescence avec ses frangins, et en ouvrant encore plus ses œillères à la musique pop et à des orchestrations aussi audacieuses que réussies, Forest Pooky se révèle encore plus fort que je ne le pensais.

Composé durant les confinements de la période COVID, Violets are red, roses are blue and dichotomy (à l'artwork très réussi) se bonifie à chaque écoute. Le premier passage dans ma hi-fi m'aura laissé un peu perplexe car très (j'ose même dire trop) orchestré. Le deuxième m'a rendu plus attentif pour ne pas perdre une miette des délicieux arrangements. Les écoutes suivantes (car je les enchaîne quasi sans interruption) m'ont convaincu. Dès "If I get sick of it", ouvrant ce deuxième album, la mélodie trotte dans la tête et la qualité du morceau est sublimé par les chœurs généreux et la qualité de l'orchestration. Avec "Marvellous", on est encore transporté par la candeur et la finesse de l'écriture et des mélodies. Et que dire de "Jojo judge" (sonnant à s'y méprendre à la David Bowie) et "Crazy heart" qui te fileront assurément des frissons ? Il n'y a rien à dire, il suffit juste d'écouter et de te laisser happer par le charme et le charisme de Forest Pooky.

Oui, Violets are red, roses are blue and dichotomy comporte des plages où le rythme s'accélère et où les guitares saturent un peu plus qu'à l'accoutumé ("I know what love is", le génial "Celling and the floor" et "What you gonna do" qui aurait sa place sur un album de Supermunk). Mais ces titres plus énergiques possèdent ce raffinement pop qui font de ce deuxième album un superbe patchwork musical. Et grâce à la formule live enrichie par le Forest Pooky Full Band (avec Le Bazile à la batterie, Fred Pooky à la basse et Stephan à la deuxième guitare), j'ai hâte d'être une nouvelle fois surpris par les interprétations de ce disque qui, j'en suis certain, pourra être décliné en mode solo comme Forest sait le faire depuis tant d'années. Et tu ne seras pas étonné de retrouver Violets are red, roses are blue and dichotomy dans mes albums de l'année dont la première place est déjà squatté par Not Scientists, groupe de son grand frère Ed. Quand on parle de musique, pas de dichotomie dans la famille Follain.