Il a donc tout naturellement invité des amis de longue date au talent reconnu. Le premier à monter sur scène et à accorder sa guitare, c'est Olivier Portnoi aka Panic Monster, on lui a déjà dit de s'accorder avant mais c'est plus fort que lui, il doit trifouiller ses mécaniques et s'en excuser avant de se lancer. Ce n'est pas un problème pour le gaillard qui aime discuter et sait jouer dans toutes les conditions. Chacun de ses morceaux est présenté avec humour, l'inspiration de la plupart de ses compositions étant issue de la pop culture ou de son enfance, on partage un peu de sa vie, qu'il veuille voyager dans l'espace ("Might as well be an astronaut"), un cadeau original ("I want an alien for Christmas") ou pouvoir aller aux toilettes alors qu'il porte un costume de Batman ("Batman"). Le son est clair, le ton énergique, les titres courts, le temps file et pour quelques morceaux, il est rejoint sur scène par un membre du quartet de Forest Pooky et par le boss lui-même, après tout, ils ont écrit "Jennifer Lawrence" ensemble au sein de Maladroit...

Forrest Pooky - We will folk you Forrest Pooky - We will folk you Avec la même décontraction mais une intensité incroyable due à un son lumineux et sa voix ensorcelante, Chris Gordon prend le relais, lui aussi n'est venu qu'avec sa guitare, déjà accordée, mais il impose le silence dans les rangs et le respect en quelques secondes. Le leader de Baby Chaos était impressionnant depuis son home studio durant le confinement, il l'est bien davantage dans les conditions du live. Il reconstuit ses morceaux en version folk, qu'ils aient 25 ans ou quelques années, leur efficacité est identique même si le public s'émeut davantage sur les tubes ("Hello", "She's in pain", "Blackbirds") que sur les morceaux plus récents. Venu d'Écosse spécialement pour nous, Chris s'amuse autant qu'il réalise des prouesses vocales dans ses interprétations, c'est du velours ! Là encore, le temps passe trop vite, entre les couleurs, le timbre de voix et la pureté des sonorités, on est comme dans un rêve dont on ne voudrait pas sortir. Masterclass.

En solo, en groupe ou en formation quartet comme ce soir, Forest Pooky joue davantage de sa sympathie et de sa facilité à entrer en contact avec le public que sur l'installation d'un moment onirique, c'est donc assez terre à terre qu'il nous présente ce soir bon nombre de nouveaux morceaux, ils ne sortiront que dans deux mois mais le public dunkerquois peut déjà en profiter, comme ce merveilleux "Marvellous" (un des meilleurs de l'album selon moi) et "If I get sick of it" (premier single) qui lancent le show (on aura de toute façon l'intégralité de l'album en version live !). Lui aussi aime expliquer la genèse de ses créations et tailler le bout de gras avec son public, forcé de le corriger quant à la date de son dernier concert ici-même... Ambiance très cool, bonne énergie, le quartet s'amuse aussi (à changer d'instruments par exemple), tout le monde passe une excellente soirée. Les connaisseurs attendaient un moment particulier, ils n'ont pas été déçus car évidemment, Chris est venu se joindre à Forest pour reprendre "Space oddity", les deux musiciens l'ont travaillé ensemble pour Cover stories, il était impensable qu'on ne prenne pas des nouvelles de Major Tom... Peut-être un des plus beaux moments de ces concerts (à égalité avec "She's in pain" ?) qui doivent bien se terminer, après une dernière dernière chanson ("Heart and faith" couplé à "The darkness comes")...