Foo Fighters - Wasting light C'est la crise ! Le disque est mort, l'industrie se casse la gueule, en clair la fin est proche. Le discours est connu et force est de constater que les chiffres de ventes actuels n'incitent pas à l'optimisme, malgré un retour en force du support vinyle. Et en matière de rock, c'est soit le chaos, soit le désolation. Sauf quand les Foo Fighters reviennent aux affaires avec un nouvel album. Là, le petit monde des musiques amplifiées frétillent, les ondes radio frémissent et la toile n'en finit plus de tirer des plans sur la comète. Emmené par son charismatique frontman, le groupe n'en reste pas moins une "grosse machine". Certes, appuyée par une force de frappe assez incomparable à l'heure actuelle. Mais les Foo n'ont quasiment jamais déçu jusqu'alors et ça n'est certainement donné à tout le monde. D'ailleurs à l'heure où sont rédigées ces lignes, les chiffres viennent de tomber et le groupe vient de prendre d'assaut les charts US. Easy...

On évacue le sujet tout de suite, la pochette de ce Wasting light n'est clairement pas le point fort de l'album, le choix des tonalités de couleurs étant assez atroce et le rendu final, sommes toutes... raté. Non vraiment. Voilà pour l'artwork. Pour ce qui est de la musique par contre, les premiers extraits éparpillés sur le net quelques semaines laissaient augurer un excellent cru, la première écoute va confirmer cette impression... les autres, définitivement valider le constat. Là encore, on ne va pas traîner, cet album, c'est la grande classe et puis c'est tout. Les Foo Fighters sont un peu les Jack Bauer de l'industrie du disque : à situation désespérée, mesures exceptionnelles, alors les gaziers sortent l'artillerie lourde et empilent les tubes d'entrée de jeu : "Bridge burning" est une rampe de lancement idéale pour ce qui va suivre, les guitares sont fuselées à souhait, le riffing saignant et l'énergie, contaminatrice de la première à la dernière seconde. Sur orbite, le groupe enchaîne alors avec une triplette de tubes, le single idéal "Rope", la bombe hi-energy "White limo" qui dégoupille à tout va un rock sévèrement burné et "Arlandria", taillé pour faire chavirer un stade entier. Entre-temps, on aura eu droit à une ballade un brin trop light par ce que la perfection n'existe pas en ce monde ("Dear Rosemary").

Sans aucun doute l'un des rares groupes actuels à avoir la capacité d'assumer leur statut d'incontournable là où nombre de formations phares se plantent régulièrement depuis plusieurs années (cf :Kasabian, The Strokes, KoRn, Velvet Revolver, le dernier QOTSA ?...), les Foo le prouvent encore aujourd'hui avec des titres de la trempe d'un "These days" au refrain fédérateur ou d'un "Back & forth" à la mélodie power-pop aussi clinquante qu'addictive, démontrant au passage qu'ils n'ont rien perdu de la fougue juvénile de l'album éponyme. La production de Butch Vig, aux manettes d'un certain Nevermind de qui vous savez, sied parfaitement à un groupe qui n'a pas besoin d'avoir un son monstrueusement heavy pour s'affirmer, faut aussi dire que quand on s'appelle Foo Fighters on peut faire ce qu'on veut, même enregistrer à la maison, sur bandes analogiques, directement depuis le garage familial transformé en studio (véridique). On pourrait alors s'arrêter là et se dire que de toutes les façons, on tient entre les mains l'un des disques de l'année... trop facile. Alors Dave Grohl et sa bande et rajoutent une couche avec un énième tube, le très classe "A matter of time", pour flirter avec le sans-faute, même si "Miss the misery" est l'autre titre un peu "faiblard" en terme de songwriting de l'album (avec "Dear Rosemary" donc). Quant aux deux derniers morceaux de Wasting light, "I should have know" puis "Walk", c'est du Foo Fighters pur jus. Si on aime le groupe, on appréciera forcément les mélodies, radiophoniques mais toujours imparables, les arrangements bien foutus et ce charisme ahurissant qui anime le quintet de la Cité des Anges. Simple, calibré, inspiré, mais manquant parfois un peu de nerfs, le septième album des FF est une sacrée plaque, autant destinée à cartonner qu'à ravir les critiques les plus tatillonnes. Mission accomplie.