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Foggy Bottom / Chronique LP > Dans cet endroit

FOGGY BOTTOM Dans cet endroit Je ne vais pas vous faire Une histoire à l'envers, je me rappelle très bien de ma chronique du précédent disque de Foggy Bottom pour le Mag #38. Je n'étais pas encore dans l'équipe, c'est Gui de Champi qui m'avait débauché pour l'occasion, en mode pigiste, avant que je ne m'aperçoive qu'il s'agissait d'un test et que je signe à l'insu de mon plein gré un CDI à partir du Mag #40. Cette chronique était élogieuse voire dithyrambique, comme l'a été toute la presse à leur encontre, de Libé à New Noise en passant par Rock & Folk et donc, non des moindres, le W-Fenec mais amplement méritée.

Si j'étais fainéant, je pourrais reprendre grosso modo les mêmes mots pour qualifier ce nouvel album des Lorrains. Rien ou presque n'a changé. Alors ok, je vous l'accorde, ils sont passés du power trio au power quatuor, en s'adjoignant un clavier en complément mais ce dernier reste relativement discret. La pochette du digipak est également plus sobre, sans référence ciné cette fois mais ça ne vous dit rien l'album bleu ? J'y reviendrai. Ils ont aussi bénéficié des services de Camille Belin (Lane RIP sniff, Do Not Machine, Daria...) pour ce qui est de l'enregistrement, mix et de la prod. Voilà pour l'évolution mais point de révolution, ça sort toujours chez Twenty Something, les grosses napes de guitares sont toujours bien présentes, tout comme le chant en français, légèrement fluet, à la limite du faux pour des textes bien moins naïfs qu'ils n'y paraissent de prime abord... Et c'est surtout à nouveau gavé de tubes noisy pop qui te restent en tête dès la première écoute ! Avec encore cette alliance improbable entre le shoegaze de My Bloody Valentine ou Dinosaur Jr pour l'aspect disto et Etienne Daho, Jacno pour le côté pop 80's français. Là, ils sont imparables, implacables, indécrottables... je pourrais continuer comme ça indéfiniment la liste d'adjectifs.

On démarre "À toute allure", très efficace pour nous mettre dans le bain. Le tempo est ensuite ralenti pour un "Match nul", score pas si mal pour une équipe qu'on imagine davantage dans le camp des losers que des winners. Pas de paraître ou de faux-semblants ici, ça parle vrai, réel et comme pour toute personne normalement constituée, l'avenir, l'horizon ne faisant pas franchement rêver, on tourne, s'égare, cherchant en vain dans quel sens aller sur "Le rond-point", troisième autre chouette morceau du disque, qui précède le touchant "Sous la pluie". Celui ci, je défie quiconque de ne pas dodeliner de la tête dès les premières notes et de ne pas être totalement envoûté par la mélodie. Si pour l'instant c'est un sans faute magistral... mais vraiment, j'insiste... quatre morceaux, quatre tubes, la suite perd un peu de son charme. Mince alors ! "Dans cet endroit", titre éponyme de l'album, l'instrumental "Longwy" ou le plus calme "Johnny Belle Gueule" ne sont pas foncièrement mauvais, loin de là mais ils ne sont pas du même calibre que les précédents... et les suivants. Ouf ! Après cette légère baisse de régime, ça repart donc de plus belle car c'est "Tout ce qu'on sait faire", de la distopop (genre autoproclamé) trop classe comme sur "La saison" ou mon préféré, le magique "Celui que tu croyais", qui clôt somptueusement l'album et démontre que non, Foggy Bottom n'a pas changé. Pour preuve, on a irrémédiablement envie d'appuyer sur repeat et repartir "À toute allure".

Depuis 1994 et Weezer c'est assez audacieux de proposer un album bleu, pari réussi et défi relevé Dans cet endroit.

Publié dans le Mag #49

Foggy Bottom / Chronique LP > Une histoire à l'envers

Foggy Bottom J'ai entendu parler pour la première fois de Foggy Bottom il y a quelques mois, alors que le trio existe depuis la fin des années 90. Shame on me ! Ou plutôt honte sur moi car le groupe lorrain (ici c'est Thionville, pas Paris, même si un de leur titre dit le contraire), après une rapide escapade dans la langue de Shakespeare à ses débuts, a très vite eu l'audace et l'envie d'utiliser celle de Molière. Et Johnny. Quand le label Nineteen Something fait un travail salutaire d'archivage digital et de rééditions physiques des plus beaux fleurons de la scène rock hexagonale (Les Thugs, Les Rats, Dirty Hands...), sa filiale Twenty Something, se concentre elle sur la scène actuelle et les plus ou moins jeunes talents que sont Lane, Zero Gain, Les Soucoupes Violentes et donc, Foggy Bottom.

Une histoire à l'envers, leur troisième album est sorti en janvier, faisant rapidement suite à Sur le fil, si l'on compare à Foggy Bottom LP, le premier, datant lui de 2004. Bon, jeune n'est peut-être pas le qualificatif le plus adapté au groupe mais pour ce qui est du talent, ce n'est là pas du tout usurpé. A la première écoute les morceaux nous happent, les refrains restent en tête, à la deuxième on les connaît par cœur et dès la troisième, on se surprend à siffloter inconsciemment le riff de "Je te vois encore" (ou n'importe quel autre des nombreux tubes du disque), le matin en marchant pour aller au taff. C'est rarement chose aisée de faire correctement rimer power pop, puisque c'est de cela dont il s'agit et chant en français, sans que cela ne tourne à la mauvaise variété (pléonasme), au putassier mais ici cela fonctionne à merveille. Grosse guitare bien mise en avant dans le mix, par nappes avec des accents shoegaze et des chouettes mélodies, des paroles faussement naïves pour au final des chansons ultra efficaces. En gros on a une sorte de mélange improbable entre Etienne Daho et Bob Mould ou, pour citer des références plus coutumières du W-Fenec, entre Billy The Kill et Les Thugs (encore eux). Si si, je ne dis pas "Que des conneries" (un autre des tubes du disque), embarquez donc "Dans ce train" (LE tube !) distopop et vous verrez. Oui, il y avait ce terme dans leur bio et force est de constater qu'il leur convient parfaitement. Si les programmateurs radio avaient bon goût, on retrouverait les sept titres qui composent ce disque en heavy rotation ou plutôt rotation lourde, sur les ondes mais au lieu de ça on a ... (insérez qui vous voulez) et c'est bien dommage. Tant pis pour les autres, éteignez votre radio et ruez-vous sur le bandcamp du groupe où l'on retrouve toute leur discographie.

Ah oui et pour finir, je croyais benoîtement qu'ils traînaient et tiraient leur nom d'une mauvaise blague post adolescente (bottom = fesses en argot anglais), comme on en connaît quelques-unes dans l'Est, Flying Donuts, The Rebel Assholes pour ne citer qu'eux mais non, c'est un quartier brumeux de Washington DC.

Publié dans le Mag #38