Fleuves Noirs - Respecte toi Respecte toi fait suite à Respecte moi sorti en 2018. Comme nous débarquons un peu dans le game concernant Fleuves Noirs - même si ne nous sommes pas tout à fait vierges en la matière, en témoigne ce show excellent auquel nous avons assisté lors de la Ferme Électrique 2019 - on imagine que les Lillois ont livré en octobre dernier la suite d'un diptyque. En tout cas, il faut être totalement débile pour ne pas se rendre compte qu'il y a un lien tant les deux albums ont des similitudes, tant sur la pochette que dans le contenu. Ils cultivent l'étrange et l'occulte. Mais revenons-en à nos moutons, parce que ce Respecte toi, c'est quelque chose !

Tout d'abord, il faut savoir que pour profiter de la magie noire de Fleuves Noirs, c'est en live. Même enregistré, c'est en live, pour garder intacte la fraîcheur et l'authenticité de ce rock incantatoire et mystique. Rien ne doit être lissé, et aucun overdub n'a sa place ici, à moins que je surestime ces gaziers ou omis une information. Après tout, est-ce qu'on regarde des messes à la TV ? OK, le dimanche matin sur France 2 quand on rend visite à papy et mamy, mais c'est quand même mieux en vrai, non ? Bref, en attendant de les voir bientôt, j'ai ce disque de post-punk noise XP entre les mains. Qu'en penser ? Eh bien, un peu comme dans tous les univers vastes, habités, créatifs avec des formes de radicalité, le temps n'existe plus et on se laisse bêtement hypnotiser. Mais que c'est bon !

Que ça soit du post-rock, du post-punk, du post-noise, du post-ce que tu veux, peu importe la manière, on a connu ça à maintes reprises dans le passé avec les mythiques Swans en premier lieu, même dans le blues-psyché avec Endless Boogie, ou encore plus récemment avec The Psychotic Monks. Ici, les Fleuves Noirs jouent au jeu des montagnes russes, les vrilles de guitares nous laissent quelques haut-le-cœur (et on adore ça !), les loopings rythmiques font monter notre adrénaline, parfois c'est tout le contraire (hum... cette trompette pas sexy dans "Bouge le bus"), tandis que le chant, tel un shaman, nous guide dans ce sommeil artificiel. Respecte toi se termine par une plage de 4 secondes illustrant le bruit rigolo que font les ballons de baudruche quand on laisse filer l'air en tirant des deux côtés de l'embout de là où on souffle. Aux antipodes de l'univers de ce disque décidemment pas comme les autres.