filter_anthems_for_the_damned.jpg Après la fausse bonne idée qu'était le all-star band de luxe (ou en carton, c'est selon...) Army of Anyone (Richard Patrick + les frères DeLeo, transfuges de Stone Temple Pilots + Ray Luzier) avec un premier album complètement hors sujet et un échec relatif en termes de ventes, Richard Patrick ressuscite Filter début 2007, six ans après la sortie de The Amalgamut. Le buzz est immédiat, mais désireux de faire les choses avec classe, l'homme s'entoure de John 5 (ex-Marilyn Manson), Josh Freese (APC, NIN) et Wes Borland (Limp Bizkit, Black Light Burns) afin de constituer un line-up studio 4 étoiles, le tout, sous la houlette de Josh Abraham (Velvet Revolver) à la prod. Là forcément ça en jette... Sur CD, encore fallait-il que ça assure mieux que sur les extraits postés sur MySpace (en même temps, vue la qualité de l'encodage "made in MS", ce n'était pas difficile...).
Malgré un visuel très "G.I Joe"(ou alors c'est du second degré, sic), Anthems for the damned ne démarre pas si mal. "Soldiers of Misfortune", single évident et calibré pour passer en heavy rotation sur les radios US s'acquitte fort bien de sa tâche : soit braquer l'attention sur le come-back de Filter en sortant une mélodie rock FMisée à souhait et quelques refrains bien inspirés. Certes, c'est ultra-mainstream, mais c'est plutôt bien fait et ça passe finalement plutôt bien comme mise en bouche. Et si les inconditionnels de Short bus doivent alors avoir quelques sueurs froides, Filter remet les compteurs à zéro (ou presque) avec "What's next" et ses riffs 90's... tellement d'ailleurs qu'on se croirait l'espace d'une demi-seconde chez Prong (une demi-seconde on a dit). Le résultat est catchy, très typé néo (trop d'ailleurs) mais l'ensemble se laisse écouter sans déplaisir. En attendant une petite tuerie... qui ne viendra jamais. On attendait un vrai retour de Richard Patrick aux affaires du rock et là c'est le drame. Le néant. "The wake", "Cold", "Lie after lie" ou "Hatred is contagious" et ne suscite qu'un ennui poli. Entre du mauvais Audioslave et Army of Anyone, Filter n'arrive qu'à proposer du déjà archi entendu.
On savait Richard Patrick capable de mièvreries niaises, là il a mis le paquet ("Kill the day") pour faire grimper aux rideaux les jeunes post-adolescentes en fleurs (sic) à coup de mélodies insipides posées sur de riffs supposément rock mais plus certainement marshmallow. Devant l'ampleur des dégâts, on joue alors au sauveteur post-09/11 et on se met en quête de quelconque extrait de morceau capable de tenir la route histoire de sortir un peu la tête du puit. Et en fouillant bien on parvient à extirper un "The take" bien énergique et gorgé en électricité... salvatrice. Quelques discrètes textures électroniques, une batterie qui matraque, des riffs à la fréquence de pulsations particulièrement élevée et un voilà un Filter qui sort enfin les crocs. "I keep flowers around" puis "In dreams" confirment notre impression du moment, à savoir que le groupe s'est enfin réveillé et nous sort de la semi-léthargie dans laquelle nous avions sombré. Anthems for the damned va finir par tenir la route... (peut-être). Richard Patrick et sa bande nous servent quelques titres bien péchus avant de retomber dans ses travers sur les (très) poussifs "Only you" et bien nommé "Can stop this". Deux derniers titres qui concluent piteusement un album au final bien décevant... Dommage, il y avait matière à faire mille fois mieux.