Filter Alors, comment te sens-tu d'être de retour en France et de jouer sur un bateau ? L'endroit est bien trop petit pour un groupe comme Filter.
Merci pour cette interview. Il y a eu beaucoup de crowd surfing et de moshing, le public était vraiment au rendez-vous pour ce concert qui était complet. Et c'était vraiment fun. Nous avons passé un bon moment. J'ai vraiment hâte de revenir à Paris.

Tu as effectivement dit que la prochaine fois serait dans une salle plus grande car c'est un des premiers shows de cette tournée à avoir affiché complet.
Oui. Je veux revenir en France et en Europe et jouer dans de plus grandes salles et que plus de gens prennent du plaisir.

Parce que beaucoup de gens étaient un peu tristes de ne pas être sur ce bateau avec vous...
Oh, wow. Eh bien, c'est une raison de plus pour revenir. Bon sang, oui, nous reviendrons et tout le monde pourra nous voir !

À propos de cette tournée, comment avez-vous choisi Belmondo pour ouvrir vos concerts ?
Nous avons reçu un tas de liens envoyés par nos contacts en Europe, ils nous ont suggéré beaucoup de groupes mais Belmondo est ressorti comme étant le plus intéressant, et nous aimons bien ces gars-là.

C'était une bonne découverte pour nous et je pense qu'ils ont bien chauffé la scène et la salle pour vous. Donc oui, c'était un bon moment.
Ils nous ont fait passer un bon moment. Et ils le font tous les soirs.

Parlons de The algorithm, il y a eu un hiatus de 7 ou 8 ans entre les deux derniers albums. La pandémie et le COVID ont occupé une bonne partie de ces 8 ans ?
Entre les deux, j'ai sorti deux singles. L'un était "Thoughts and prayers", l'autre s'appelait "America", et puis il y a eu l'album The algorithm. Mais oui, il y a eu la pandémie et la présidence de Trump, qui craint. Nous avons travaillé sur l'album pendant sept ans, c'est vrai, mais j'en suis fier. Je pense que le disque se démarque au moins des cinq derniers comme étant le meilleur et pour moi, c'est même le meilleur album de Filter depuis The amalgamut.

As-tu accepté le fait que le groupe était à son apogée dans les années 90's ou sens-tu que tu peux surpasser les deux premiers albums du groupe ?
Je pense que nous sommes toujours en train de grandir, et nous avons déjà plus de titres composés. Je veux sortir un autre album, d'ici un an, qui s'appellera The antidote et sera le compagnon de The algorithm. Je pense qu'il est incroyable et que c'est un futur grand disque. Cela a beaucoup à voir avec les gens avec qui je travaille, comme Sam Tinnesz et Zach Munowitz, ainsi que beaucoup de gens géniaux comme Ian Scott, Mark Jackson, Chris Okada, certains de mes musiciens comme Bobby Miller et Rotten Bobby, notre bassiste et Jonny Radtke Tosh, notre guitariste, et notre batteur actuel, Tosh Peterson, qui va travailler dessus. Et ça va être génial. Il y a donc déjà un autre album en préparation en ce moment et je suis super excité. Pour revenir à The algorithm, il est incroyable et j'en suis très fier. C'est un retour à l'ADN initial de Filter.

Les deux pochettes de Crazy eyes et de The algorithm sont très similaires...
Oui. Ce sont des travaux de Sam Sheridan et Sam Sharon. On a toujours l'espèce de logo qui est devenu le symbole de Filter. Sur toutes nos pochettes, nous avons cette cohérence avec notre logo qui se fond dans l'artwork.

Quel a été le processus de création de The algorithm. Tu as parlé de la présidence de Trump que tu as cité au moins deux fois pendant le concert à Petit Bain. De ce côté-ci de l'océan, nous ne sommes pas prêts à le voir revenir et toi non plus visiblement. Je pense que l'Amérique peut redevenir grande sans lui...
C'est une merde raciste. Il ne devrait pas redevenir président des États-Unis d'Amérique. C'est un violeur. Il est beaucoup de choses négatives. Et surtout, c'est un escroc. Et il est aussi autoritaire. Il voulait renverser les dernières élections le 6 janvier avec la mafia des blancs suprémacistes. Et vous savez, un tiers du pays est dupé et l'aime vraiment. Mais les indépendants et les démocrates ne le laisseront pas gagner à nouveau. Il n'y a aucune chance, je suis prêt à parier de l'argent là-dessus. Il est définitivement un sujet des enregistrements que je fais, mais il y en a d'autres. The algorithm comporte beaucoup de chansons sur l'addiction comme "Obliteration" ou "The drowning", dans laquelle je regarde un de mes amis se noyer dans l'alcoolisme. "For the beaten" parle de manifestants qui ont été agressés par le président Trump... Et il y a "Be careful what you wish for" qui parle des harceleurs sur Internet ... Il y a beaucoup de variété dans les sujets de The algorithm et tout n'est pas nécessairement politique.

Filter Filter En tant qu'artiste, ressens-tu la pression de la droite de Trump ? Parce qu'en France, tous les artistes craignent cette droite et qu'en cas d'accès au pouvoir, il y ait moins d'argent pour la culture.
Oui, j'en ai assez de ces conneries de droite, de ces conneries racistes, et je les déteste. Je pense que notre espèce vaut mieux que ça. Malheureusement, il y a un long chemin à parcourir pour qu'il y ait un réveil. Le changement climatique est réel, et les gens doivent comprendre que c'est le véritable ennemi. Ainsi que la pollution, nous polluons notre planète. Nous détruisons tout et c'est quelque chose sur lequel nous pouvons tous travailler ensemble. Mais il y a tellement de crétins à droite qui ne sont pas intelligents. Et ils ne sont pas scientifiques. Ils sont religieux, ce qui est un tout autre domaine d'idiotie, à mon avis. En effet, il y a beaucoup de sujets sur lesquels écrire pour un album de Filter...

Alors peut-être qu'il y aura un troisième album autour de The algorithm avec tous ces sujets ?
Il y aura au moins The antidote.

Mais tu as de la matière pour un troisième album à venir avec tous ces sujets de révolte.
Il y en aura un autre qui s'appellera, ... Qui sait ?...

Tant que tu reviens et que tu joues en France, nous prendrons le titre que tu choisiras. Je me souviens d'une de tes premières interviews que j'ai lue dans un magazine français, à la création de Filter, tu disais « Je ne quitte jamais un job sans en avoir retrouvé un », après ton départ de NIN. Peut-on dire que tu as eu un super boulot après Nine Inch Nails ? Parce que ça fait longtemps que Filter remplit des salles et ta discographie comprend de nombreux hits...
Oui, Filter a une superbe aventure. C'est ma vie depuis mon départ de NIN. Regardez-moi, je suis un vieil homme aux cheveux gris désormais, car je fais ça depuis 30 ans, et j'ai un batteur qui n'était même pas né quand j'ai commencé le groupe ! Notre batteur, Josh, a 22 ans et la plupart des chansons qu'il joue sur scène à mes côtés sont plus vieilles que lui. C'est fou ! Mais c'est une personne adorable, et il traîne avec nous, les vieux. (rires)

Est-il important d'être jeune pour être le batteur de Filter ? (rires)
Non. Non, il faut juste que le mec soit génial. Et Josh est génial. C'est un excellent batteur et nous aimons sa compagnie, mais il n'y a pas de limite d'âge chez Filter. C'est avant tout une aventure humaine, mais s'il y a un prochain batteur, je vous chercherai un vieux ! (rires)

Revenons à NIN. Il y a eu cette réunion à Cleveland et Nine Inch Nails a fait une reprise d'une chanson de Filter. C'est quelque chose qui devait être émouvant ?
Oh, c'était génial. Oui, c'était une expérience extraordinaire. Trent m'a vraiment accueilli à nouveau, il m'a dit : « Tu vas chanter "Eraser". Ensuite, nous allons faire "Wish", "Sin", "Gave up", puis nous allons faire "Hey man, nice shot" et enfin nous allons chanter "Head like a hole" ». Et j'ai été époustouflé. J'étais très excité d'être là. C'était très cool de sa part de faire ça et j'ai vraiment apprécié. Trent est un type formidable, c'est mon ami depuis très longtemps. Ces dix dernières années, nous avons retrouvé une relation amicale et il n'y a rien d'autre que de l'amour entre nous. Je pense que c'est une bonne chose parce que nous avons réussi à faire ce que l'on voulait avec Nine Inch Nails ! Il n'est donné de vivre cela qu'une ou deux fois dans sa vie, et j'étais juste là, avec lui.

Filter Filter En tant qu'ado ayant grandi dans les années 90, c'était pour nous émouvant de vous voir réunis sur scène ensemble. Où en êtes-vous de la tournée ? Comme c'est un day off, nous ne voulons pas te priver de visite si tu le souhaites. Tu es en Allemagne, c'est ça ?
Oui, je suis à Munich. Je viens de faire un tour dans la ville et de faire réparer ma montre. Un fan m'a offert une superbe montre et le bracelet s'est cassé, alors je suis allé la faire réparer. Voilà ce que j'ai fait de ma journée, pendant que les autres gars étaient au lavomatic. Ce soir, nous allons manger un steak et ce sera tout. Je suis plutôt crevé, la tournée est intense.

C'est vraiment différent de ce que les gens s'imaginent des days off en tournée. On pense que les artistes visitent... mais entre le bus et la préparation des shows, il ne vous reste plus beaucoup de temps...
Nous voyageons comme des salauds pour cette tournée et c'est épuisant. J'adore les tournées, mais c'est vraiment épuisant.

Avez-vous l'impression que les tournées deviennent plus difficiles avec le Brexit ?
Oui, le Brexit ne facilite pas les tournées au Royaume-Uni. L'UE est bien pour ce qui est de l'Allemagne, la France, la Suisse et la Belgique. Tous ces pays sont faciles à traverser mais passer de l'Europe au Royaume-Uni, c'est un peu délicat. Vu des USA, nous pensons que le Brexit est un peu stupide. Il n'y a qu'un seul monde, c'est un grand et beau monde, bébé. Ouvrez vos portes et débarrassez-vous du Brexit. Ouvrez ce putain de Royaume-Uni !

Nous n'allons pas prendre plus de ton temps et terminer par cette question : Quelle est la question que nous n'avons pas posée ? Et quelle est la réponse à cette question ?
La question que vous n'avez pas posée est : comment va mon frère ? L'acteur, le T1000 de Terminator 2, Monsieur Terminator ! Et bien, il se porte bien, c'est un grand acteur et il s'amuse beaucoup. Il a une belle famille et c'est un bon grand frère.

Il a aussi un petit frère assez cool qui fait du rock. C'est une belle famille.
Il a un jeune frère fou de rock and roll qui aime traîner et partir en tournée, en bateau à Paris et qui reviendra certainement dans une plus grande salle...

Merci beaucoup pour ton temps, profite bien du reste de la tournée et prends soin de toi.
Merci encore pour l'intérêt que vous portez à Filter. À bientôt.