"Mais ce concert d'FFF au Solex 'n' Roll, c'était en 1996 ou 1997 ?"
C'était l'année du concert du NJP je te dis !!".
Alors que je suis dans la file d'accès à la BAM (Boite à Musiques, SMAC de Metz), je n'ai pas pu m'empêcher de me retourner et d'apporter l'information à deux types en pleine discussion. Oui, ce concert au Solex 'n' Roll à Metz, c'était au printemps 1997. La veille d'une échéance électorale. Avec Ultra Orange en première partie, d'ailleurs. Les types sont scotchés par la précision de l'information, mais que veux-tu, quand on parle d'FFF, un de mes groupes de cœur, c'est bien normal. C'est surtout que j'ai un souvenir très précis de cette soirée d'il y a presque 27 ans mais qui restera gravée dans ma mémoire. Pour tout te dire, je me suis souviens de tous les concerts de FFF auxquels j'ai pu assister, les très bons (tournée de l'album éponyme) comme ceux pour lesquels je n'ai pas été conquis (fin de tournée Vierge). N'empêche que FFF demeure pour moi ce qui se faisait de mieux "on stage" dans les années 90, et même dans les années 2010 quand le groupe rejouait sporadiquement. Alors, quand la formation vient jouer dans mes coins pour présenter son excellent nouvel album, je ne pouvais qu'être de la partie.
FFF
Concert un mardi soir, pas de première partie, show à 20h30. Parfait pour le quadra que je suis. Ça tombe bien, la moyenne d'âge dans la salle tourne aux alentours de la quarantaine, même si elle s'étire de 7 à 77 ans ! Le groupe du 18ème arrondissement n'a pas renouvelé son public ? Peut-être. On s'en FFFout d'ailleurs. Les gens présents ce soir (ça ne semble pas complet, mais la salle est bien remplie) sont des connaisseurs de la Fédération Française de Funk, et j'aurai plaisir à le constater tout au long de la soirée.
Le show démarre à 20h45 dans la pénombre, chaque musicien portant des lunettes du futur projetant les lettres F F F, sur un sample intriguant mêlant rythmes électroniques et l'intro de "Devil in me", seul micro-extrait de Blast culture, le premier album du groupe. Car oui, le groupe ne jouera pas de titres de ce disque génial. Ni de Vierge d'ailleurs, mais ça, on ne va leur reprocher. La set-list va se concentrer sur I scream (tous les titres seront joués à l'exception de "Death on the danceFFFlor" !), Free for fever et FFF. Et même si le public réagit avec les vieux tubes (c'est d'ailleurs "Silver groover", en quatrième position du set, qui fera décoller le concert), les nouveaux morceaux sont bien accueillis par une assistance bienveillante puis débordante d'énergie (n'exagérons rien, on n'est pas face à la première jeunesse, mais j'ai quand même vu un slam !). Il faudra quelques titres pour que le chant de Marco soit optimal, alors que sa diction est impeccable de bout en bout (j'étais impatient d'entendre "Les magazines" et son pont à mille à l'heure, parfaitement exécuté et salué comme il se doit par le public).
FFF
Le son est très bon (même si la caisse claire aurait mérité de claquer un peu plus, à la mode des années 90) et le light show est quant à lui un peu brouillon (même si le jeu de lumières avec le backdrop est bien pensé). Et le groupe ? Impeccable, bien sûr. Pas aussi fou qu'il y a 25 ans, mais c'est bien normal. Mon voisin (qui a découvert le groupe par le biais de Johnny Halliday, Yarol ayant tenu la guitare et les arrangements pour le rockeur français) me dira à la fin du concert avoir pris une bonne taloche tant l'énergie déployée par le groupe l'a scotché. Il a raison.
Yarol (avec son tee-shirt Bad Brains) enchaînent les riffs avec brio tandis que Krishoo (qui n'ôtera pas ses lunettes de soleil de tout le concert) assure le groove avec précision. Et que dire de Marco (qui sait tenir son public) et surtout de Niktus à la dégaine toujours improbable, au jeu de basse délicieux et à l'énergie débordante, arpentant la scène de long en large ? Les quatre FFFantastiques, auxquels s'ajoute Romain aux claviers, maîtrisent leur sujet, qu'il s'agisse d'envoyer de grands riffs électriques ("Barbes", "Le pire et le meilleur") ou d'enflammer les cœurs avec des rythmes funk ("I'm there", le génial "Des illusions"). La pression ne retombera qu'en milieu de set, le temps de jouer "Je pars", pour relancer la machine avec des titres énergiques (dont l'excellent "Won't you"). "Morphée" (parfaitement chanté par un Marco débordant d'enthousiasme) mettra tout le monde d'accord, "AC2N" (aux riffs revisités) sera l'occasion de se rappeler qu'à l'époque de l'écriture du titre, le FN était à 5 % d'intention de votes (fffuck !) et "Niggalize it" (au cours duquel Yarol terminera dans le public, porté à bout de bras pendant qu'il mouline les riffs) atomisera la salle ! Le temps passe trop vite et c'est déjà la fin. Le groupe aura pu constater qu'après un début timide, "son" public est bien vivant.
Après les acclamations du public, Yarol remonte seul sur scène avec son bottleneck pour entamer quelques riffs de blues, prémices à l'intro d'un "Barbes" explosif, et la fin du show se fera en douceur en mode boule à facettes (véridique) et l'interprétation de deux nouveaux morceaux aux tendances dansantes ("Keep on" et "Love train"). J'aurais personnellement une fin dans la fureur et le bruit, mais ainsi va la vie ! Marco lâchera, avant de sortir de scène : « Maintenant, vous allez pouvoir leur dire qu'FFF est de retour ». T'inquiète mon pote, on va faire passer le mot ! J'ai personnellement passé un excellent moment en compagnie du quintet à l'attitude impeccable et auteur de tubes légendaires (ou presque). Bien évidemment, la fougue n'est plus la même qu'il y a un quart de siècle, mais c'est toujours un plaisir d'avoir rendez-vous avec ses héros loin d'être devenus des zéros !
Merci à Guillaume Circus, à Marie D'Emm et à Pauline de la BAM.
Photos : Marie D'Emm.
Publié dans le Mag #60