Que faire quand on n'est pas fan des répétitions et qu'on adore composer ? Monter un "groupe" tout seul... Aprés deux expériences qui n'ont rien donné, Youri Zaragozà décide de faire tout de lui-même, on est à la fin de l'année 2002, ce projet un peu dingue s'appelle Federal. Un peu dingue car quand on fait du rock (ou de l'inde-pop-anti-folk machin si on lit Les Inrocks !) et qu'on n'est pas connu, pas évident de créer un groupe de sa seule personne, quand on a joué auparavant dans Far (Jonah Matranga) ou dans Radish (Ben Kweller), c'est tout de suite plus facile pour s'imposer... Youri n'a que sa guitare acoustique et ses compos, ça lui suffit pour sortir un premier EP en 2003 : Things you wish you could say but sometimes can't paraît chez Dumb Inc Records et arrive même jusque nos platines mais l'implacable loi de "jai plein de trucs à chroniquer et là le son n'est pas excellent alors là tant pis" repousse cet article pour présenter Federal à aujourd'hui... Soit deux ans aprés, cette fois-ci Youri a mis les petist plats dans les grands et est allé enregistrer sa batterie, sa guitare et sa voix outre-Atlantique chez Ed Rose (producteur, entre autres, de The Get Up Kids) au BlackLodge Studio. Aprés le Kansas, il est allé à New-York pour masteriser son The unchoice of defenses chez Michael Fossenkemper (Stereophonics, Mercury Rev...) et c'est Un Dimanche qui enrôle l'Orléanais dans sa troupe (jusque là surtout composée de Grenoblois). Cet album sort le 10 mai 2005 et sera défendu sur scène avec le batteur de Melk en guise de métronome de luxe !
Federal
Biographie > Youri Zaragozà
Federal / Chronique LP > The unchoice of defenses
Comme le titre de l'album l'indique, Federal ne nous laisse pas le choix des armes pour nous défendre, à l'écoute de The unchoice of defenses on est de toute façon sans défense, totalement désarmé, on ne peut que se laisser porter par sa guitare et sa voix. Une batterie discrète donne de temps en temps le tempo mais à l'instar de "Your hands are crystal, theirs aren't hammers" ou de "Never say sorry twice", c'est bien le bonhomme et son instrument qui font la magie de Federal. Songwriter chaleureux, Youri Zaragozà a mis sa voix accrocheuse et entraînante en avant (en anglais ou en français branché, on dit que c'est "catchy"). Les mélodies à la fois douces, rondes et apaisantes ne nous laissent pas dans un état de torpeur, l'Orléanais sachant trés bien jouer avec les rythmes et les relances ("Glorious elements", "And if this farewell was only a "see ou soon""), les douze titres ne manquent donc pas de reliefs. Et Federal s'amuse aussi à pimenter ses compositions d'apports plus ou moins discrets, ici un violon, là un piano... cela densifie l'atmosphère qui peut aussi être transformé quand Kirsten May vient poser sa voix, la chanteuse de Veda (petit groupe de Kansas City croisée lors de l'enregistrement) débarque sans crier gare sur "Estrella (TQ)", la pureté de son timbre tranche avec celle plus lourde de Youri, les arrangements instrumentaux qui encadrent le tout font du morceau une perle... Et pourtant, ce titre n'a pas le potentiel tubesque d'un "Glorious elements" ou d'un "Friends, enemies and excuses", morceaux qui s'incrustent dans vos oreilles et qu'il est difficile de déloger (encore faudrait-il en avoir l'envie !).
Ce premier album de Federal a tout pour plaire aux amateurs de pop rock travaillé et cajoleur, ce genre d'album est rare en France, il s'agirait de ne pas rater celui-là !