Collectif pop expérimental suisse "dirigé" par un certain Nathan Baumann (lequel a su s'entourer non sans talent de membres d'Abraham, Coilguns, Derrick, The Ocean...), The Fawn réunit une vingtaine de musiciens (plutôt issus de la sphère "hard"), graphistes, vidéastes, programmeurs web, photographes, avec pour ambition de proposer une plateforme de composition et d'expérimentation ménageant un espace de création différent de ce à quoi sont habitués les artistes conviés aux festivités du projet. Une manière de créer une forme d'expression tout en étant garant d'un langage de composition affirmé. 3 efforts 100% handmade (The fawn I, II, III), ainsi qu'un disque disponible en "open source" sur le web (Who's the fawn) plus tard, tous publiés dans des tirages collector et extrêmement limités, la joyeuse troupe passe ici à l'étape suivante en proposant le bien-nommé Collegium. Une sorte de grand barnum pop indie et organique, façon "suisse" en somme.
Soit dans les faits un recueil de compositions finement ciselées, perdues quelque part entre indie-folk crépusculaire et pop baroque ("The arche", "Paper cuts"). Une suite de pièces habilement structurées, exhalant une beauté diaphane et languissante. Le propos se veut à la fois lunaire et "terrien", tutoyant ci et là les cieux, avant d'invariablement retomber sur des lignes instrumentales ne s'embarrassant jamais du superflu. Car The Fawn ne cherche pas à jouer avec les effets, préférant les ménager pour mieux s'accomplir dans sa quête d'absolu émotionnel, de pureté mélodique absolue. Et le résultat est une très belle réussite : entre cette guitare discrètement omniprésente, parce que râpeuse, ombrageuse et un chant à la justesse comme l'élégance ineffable ("Two lines"). Laquelle ne se dément jamais et devient même une très belle habitude rencontrée encore et encore au gré des pépites que réserve ce Collegium délicieusement enivrant (on pense notamment à "Queen of rain" ou "Nocturne").
Exaltante, intimiste et toujours sur le fil du rasoir, la pop de The Fawn, de par son écriture comme ce qu'elle renvoie d'un point de vue sensoriel, évoque régulièrement le travail de Radiohead mais également celui de son voisin de label, Louis Jucker ("Asylum"). Complainte presque maladive, ode à l'évasion ataraxique mais pudique, Collegium est un album évitant intelligemment le cliché plus qu'éculé de la mélopée lacrymale, pour affirmer son éthique créative en même temps qu'une personnalité artistique déjà affirmée. Une griffe, qui trouve son espace d'expression sur des pièces à la fois racées et tantôt lumineuses, d'autres fois plus ténébreuses ("Good friends", "Summerbreeze", "Dive"...), quoiqu'il en soit, toujours dans l'esprit d'un songwriting fouillé et inspirant ("Like a ghost"). Peu ou pas de fausse note apparente sur cet album extrêmement abouti mais en même temps suffisamment dépouillé pour ne pas jouer avec les faux-semblants ("Perspectives"), quoiqu'ils touchent, les Suisses transforment tout ce qu'ils entreprennent en véritable pépite du genre. Un dernier tour de piste avec une conclusion minimaliste à souhait ("The time machine") et l'album laisse retomber le silence, non sans avoir au préalable emporté les sens de son auditoire dans une oraison vespérale à la mélancolie infiniment envoûtante.
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Louis Jucker
Echappé de Coilguns, Kunz, The Fawn et The Ocean, le petit Louis s'amuse en solo......
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