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Farewell Poetry est un projet qui dépasse le simple cadre musical puisque (comme son nom l'indique un peu) il y ajoute la poésie et (comme son nom ne l'indique pas du tout) le cinéma. Des Parisiens (Frédéric à la guitare et à plein d'autres instruments, Eat Gas multiinstrumentiste, Colin aux samples, Stéphane à la basse et Stanislas à la batterie) et la franco-australienne Jayne Amara Ross (écriture des textes, réalisatrice des films) mènent à bien ce projet ambitieux qui a donné ses premiers spectacles en 2009 et a sorti chez le microlabel Gizeh Records un premier album/DVD le 26 septembre 2011 : Hoping for the invisible to ignite.

Farewell Poetry / Chronique LP > Hoping for the invisible to ignite

Farewell Poetry - Hoping for the Invisible to Ignite Ambiance crépusculaire avec bourrasques dans les feuilles, voilà ce qui introduit le début du poème/titre "As true as troilus", la voix bien que féminine est quelque peu lugubre, elle est pesante, le débit du texte (en anglais) varie et se fait plus doux quand il accélère, les instruments se réveillent peu à peu, faisant entendre quelques sons tour à tour. Jayne Amara Ross déclame son ode comme si elle nous racontait une histoire mais sa prose est plus travaillée qu'une simple histoire... La tension s'intensifie grâce aux samples, aux effets sur la voix, des craquements viennent nous faire hérisser les poils, il est difficile de parler de musique tant tout est délié mais peu à peu l'ambiance monte en température et après environ 7 minutes, la partie musicale s'est densifiée et accompagne totalement le texte qui lui laisse davantage d'espace pour laisser s'exprimer ses envies, la durée et l'architecture de la composition et le style général fait qu'on peut penser à Pink Floyd ou Archive mais ce que Farewell Poetry propose est éloigné de tout, musiciens et lectrice alternent leurs temps forts et après un premier tiers marqué par la voix et le texte, le dernier est clairement celui des zicos qui font grimper l'intensité avant de tout lâcher, c'est simplement orgasmique...
"All in the full, indomitable light of hope" est divisé en deux parties, la première, très épurée, est centrée sur la poésie (que je ne critiquerai pas, mes connaissances en anglais littéraire ne me le permettant pas), la seconde sur un mouvement musical complètement post-rock dans la veine de Godspeed You! Black Emperor, les cordes sont superbes, c'est un morceau de très grande classe. Les cloches d'"In dreams airlifted out" sonnent la fin de l'album Hoping for the invisible to ignite, le piano leurs fait écho après un passage qu'on imagine bien sonorisé un film de Lynch...
Le DVD n'est pas un simple bonus, le film fait partie intégrante du projet, ici c'est "As true as troilus", le titre phare, qui a bénéficié du tournage et du montage d'images noir et blanc, parfois avec un split screen où défilent des paysages comme des apparitions très lynchéennes, c'est un "cinéma" minimaliste et très expérimental qui n'intéressera que les étudiants en art cinématographique... Honnêtement, c'est surtout pour la musique qu'il faut découvrir Farewell Poetry ! Sur ce DVD, on trouve également un live à l'église St-Eustache du même titre lors du Festival des Nouveaux Arts Sacrés, dans ce bel endroit et avec des couleurs chaleureuses, le collectif livre une interprétation remarquable et intense, cette vidéo live m'a davantage fait plaisir que le court-métrage...
Bien plus qu'un simple album de post-rock, Hoping for the invisible to ignite propose de multiples facettes et joue avec les arts pour titiller nos méninges et faire s'activer nos papilles cervicales...