Fanzinat Ma fille fête aujourd'hui ses sept ans. Ce qui est pratique, c'est qu'à cet âge, elle peut lire ses cartes d'anniversaire toute seule. Et dans un coin de ma tête, je me dis que bientôt, elle pourra également lire des fanzines. Comme son papa, elle pourra s'enrichir l'esprit de lectures passionnantes compilées dans des supports physiques artisanaux. Et puis, un jour, on regardera ensemble Fanzinat, le chouette documentaire réalisé par Laure Bessi (journaliste réalisatrice), Guillaume Gwardeath (doit-on encore le présenter ?) et Jean-Philippe Putaud-Michalski aka Jean-Phi Apollo 77 (Les disparus de la photo). Et elle comprendra aisément pourquoi nous sommes passionnés par ce format.

Qu'est-ce qu'un fanzine ? Pour baigner dans le milieu rock depuis longtemps, la réponse me semblait évidente, mais quand je parle de ma passion et de tout ce qui en découle (acheter des disques, suivre l'actualité de mes groupes préférés, et je ne parle même pas de monter dans un van pendant des heures pour participer à un spectacle de trente minutes devant cinquante personnes) à mes collègues ou amis qui ne fréquentent plus les salles de concert anciennement enfumées, ils me regardent un peu bizarrement. Alors, quand je leur décris ces supports dans lesquels je collecte les infos sur les scènes musicales qui me sont chères, ces même collègues et amis (qui pensent que Rock & Folk est l'unique média pouvant assouvir ma soif de culture) me prennent pour un OVNI. Fanzinat est fait pour eux, ces collègues et amis qui ne soupçonnent pas ce qui se passe sous la couche parfois avariée des médias de masse.

Le dossier de presse définit les fanzines comme des « publications artisanales animées contre vents et marées par des fanatiques de cultures de niches voire underground. Assurément, ils constituent une forme bien singulière - pourtant méconnue - de la presse et de l'édition ». C'est clair, net et précis. En élargissant le spectre au cinéma, à la littérature, aux bandes-dessinées, à la science-fiction, au tatouage, et finalement à l'art sous toutes ses formes, Fanzinat va te faire baigner dans un monde pas si parallèle que ça et donne la parole à des gens qui ont en commun une passion et qui perpétuent la tradition de faire avancer la cause, leur cause, à travers des publications distribuées sous le manteau ou par des réseaux souterrains, des publications où le modèle économique est inexistant et où la débrouillardise est l'atout majeur des auteurs.

Le fanzine, qui est apparu durant les années 1930 aux États-Unis, est un acte de militantisme. Ce sont les fanzines qui ont parlé les premiers du véganisme ou du féminisme. Ce sont les fanzines qui ont parlé les premiers des Burning Heads. Ce sont des fanzines que Bursty 2 Brazza (activiste de la culture hip-hop) allait chercher le samedi à Paris pour se tenir informé de sa scène.
Le fanzine est aussi un moyen d'expression. Ce sont les fanzines qui permettent à Delphine Bucher (Les éditions de la dernière chance), à Violette Gauthier (fanzine Eau de javel) ou à Cora Wang-Chang (fanzine Bobby Pins) de coucher sur papier leurs passions, leurs déceptions, leurs joies ou leurs peines. C'est sous la forme d'un fanzine que Bastien Oliveira et ses amis s'expriment à propos de la culture ultra dans le football (Gazzetta Ultra).

Rien n'est figé, tout est libre. Fais ça toi-même, quand tu veux, ou si tu veux, et surtout, si tu le veux. Qu'il soit constitué d'une page A4 pliée en quatre ou d'un format proche du magazine, c'est son contenu et l'implication de ses auteurs qui importent. En un peu plus d'une heure, Fanzinat fait un état des lieux du monde du fanzine en France. C'est passionnant, tout simplement. La team Fanzinat sera sur les routes ces prochains mois pour présenter dans tous les endroits possibles cet instructif et déjà indispensable documentaire que tu pourras également visionner chez toi en VOD ou DVD via les éditions Metro Beach. Bon anniversaire Victoria.