Midnight Oil Olympia Midnight Oil Olympia Il ne faut parfois pas grand chose pour changer une existence. Regarder la télévision peut en faire partie. En tout cas, je remercie Antoine De Caunes de m'avoir fait découvrir, un jour de 1982, Midnight Oil lors de l'émission Houba Houba consacrée au rock australien, puis par la suite, la diffusion en exclusivité du reportage sur le Black Fella White Fella Tour dans Les Enfants du Rock et de me permettre ainsi de cultiver une belle passion pour eux. Un vrai choc musical pour moi, jeune adolescent d'une cité à Créteil dans le Val-de-Marne. C'est quoi ce groupe et ce grand mec chauve qui gesticule dans tous les sens, avec en arrière plan des paysages désertiques, ce son unique venu de nulle part ailleurs ?

Ce groupe, tu le connais, non ? Non ? Communément appelé "Les Oils" par les fans français, qui se feront de plus en plus nombreux à partir de 1987 et l'incontournable et emblématique single "Beds are burning", en heavy rotation partout, même si ce n'est pas forcément la meilleure chanson du groupe. Et si vraiment tu ne vois pas qui c'est, il doit exister des sites, des livres ou une page Wikipédia bien remplie. La discographie aussi est bien fournie mais Midnight Oil, au delà d'une formation engagée (pour l'écologie, le peuple aborigène...), c'est avant tout un groupe de scène, passé par le formateur réseau des pubs. Et la meilleure manière de parler et rendre hommage à ce super groupe n'est-il pas de débriefer un concert ?

Flashback. Mardi 12 juillet 2022. Je suis ce soir à L'Olympia avec les légendes du rock australien. Un concert à ne pas manquer, puisque c'est le dernier show parisien, dernière tournée. Ils l'ont annoncé, après, c'est fini. Rideau. Avant le show et fraîchement sorti des balances, le groupe se révèle accessible comme toujours et se prête à une séance de selfies et de dédicaces. Les fans, dont je fais partie, sont comblés. Presque 50 ans de carrière au compteur, 13 albums (dont le petit dernier, le magnifique Resist) qui ont marqué les esprits et l'histoire du rock australien dans le monde et surtout en France. L'ambiance et la température montent doucement, et l'assistance du soir sera cosmopolite : Australiens, Anglais, Allemands, Américains, Canadiens et, naturellement, des Français. C'est devant un parterre de fans que la bande de Peter Garrett va enchaîner pas moins de 24 titres.

Avec des titres poignants (de "We resist" à "At the time of writing" en passant par "Last frontier") côtoyant les classiques, dont aucun ne manque à l'appel, de "The dead heart" à "Blue sky mine", en passant par "Forgotten years", la setlist est majestueuse. Toujours en forme, le géant Garrett arpente la scène avec son pas de danse épileptique, accompagné entre autres de deux choristes, un saxophoniste, un nouveau bassiste (Adam Ventoura remplaçant Bones Hillman récemment décédé). Rob Hirst, le talentueux batteur-chanteur, alterne ses parties sur des pads, notamment pour des titres plus électro comme "Redneck wonderland", quand il ne fait pas crisser ses baguettes sur un bidon en métal ("Water tank"). Entre-temps il prend la parole, en français s'il vous plait, pour exprimer tout l'amour que le groupe voue à la France. Garrett, quant à lui, assène quelques punchlines à l'adresse des politiques du monde. Après les départs du 1er ministre australien et de Boris Johnson, il mise sur celui de Bolsonaro. Pendant le concert, il apparaîtra également avec un tee-shirt affichant un message de soutien au peuple ukrainien.
Mais le groupe maîtrise la notion d'équilibre, hors de question de transformer ce concert en tribune politique. L'heure est à la célébration des adieux des artistes, qu'il convient de vivre comme des retrouvailles, après deux ans de pandémie mondiale. C'est donc sans tristesse mais avec de fortes émotions que Midnight Oil entre en communion avec son public, chauffé à blanc, dans l'enceinte de l'Olympia pleine à craquer. L'énergie qui circule sur scène se répand dans la salle, à tel point qu'on se refuse à penser qu'il s'agit là d'un ultime concert, les Australiens semblent pouvoir assurer le show durant encore de longues années. Une petite fille dans le public pendant de longue minutes brandissait un papier avec un message d'amour pour le groupe, qui postera la photo sur ses réseaux sociaux.

Les Australiens alternent les morceaux récents ("Gadigal Land", "Reef") avec les classiques qui varient au fil des concerts car Midnight Oil est de ces groupes qui surprennent et changent la set-list tous les soirs. Nous aurons ainsi "Short memory", de ce que je considère être leur meilleur album, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, sorti en 1982 et "Kosciusko" durant laquelle une panne générale de courant surprend toute la salle ! Que nenni, le groupe continue à jouer et les lumières reviennent quelques instants plus tard... insolite ! Dans la même veine musicale, "Only the strong" est puissant et permet à nouveau au chanteur ses danses hypnotiques qui électrisent le public. Plus tôt, un hommage fut rendu à Bones qui était encore sur les planches lors du dernier concert parisien du groupe en 2019 au Grand Rex. Accessibles durant leurs quatre décennies de succès, ils ont toujours maintenu une relation particulière avec le public, tout en conservant leur fibre idéologique présente dans bon nombre de leurs chansons. "Blue sky mine", "Power and the passion", "Beds are burning" (évidemment) et "Sometimes"... les tubes s'enchaînent sur la fin. Le rappel est alors magique. Le chanteur gratifie le public de sincères remerciements avant d'entamer "We resist", titre qui résonne particulièrement dans notre pays habitué aux luttes sociales. "Forgotten years" rappelle lui que nous avons subi la 2ème guerre mondiale mais que les terres Australiennes fut épargnées. "Hercules" enfin clôt les débats, avant que le groupe ne salue une dernière fois ses fans surchauffés. Encore quelques dates européennes puis australiennes à l'automne avant de ranger définitivement les micros et les instruments.

Magnifique. Voilà pourquoi je suis fan de Midnight Oil.