Je m'appelle Fabien Lefloch, né en 1983 à Nantes. On me connaît peut-être sous le blaze pourri de Flockos, guitariste d'Ultra Vomit ou comme bassiste de Justin(e), mais je suis avant tout un gros fan. Un gros fan qui subit son addiction par une collectionnite aiguë. Un gros fan de Metallica et de NOFX, deux groupes pourtant assez antagonistes dans l'absolu. Mais pour cet article, on m'a demandé de parler de mon amour pour NOFX.
J'ai découvert ce groupe relativement tard (fin 99). J'ai totalement loupé leur période 94 et le buzz de Punk in drublic. J'ai pourtant poncé Smash et Dookie à leurs sorties quand j'étais en 5ème, mais n'étant pas curieux, n'écoutant pas la radio, NOFX était visiblement un groupe trop pointu pour que ça tombe dans mes oreilles. Quand un jour, au lycée, un camarade me demande de faire un échange d'album, je suis très fier de lui filer ma belle K7 (achetée) d'Insomniac de Green Day en lui disant que c'était le haut du panier niveau punk rock. Lui me file un CD gravé pourri de NOFX avec Punk in drublic et So Long sur le même support. Et là, c'est la grosse branlée. Le truc de malade. C'est quoi cette vitesse ? C'est quoi ce son ? C'est quoi cette basse ? Avec mon grand frère, on n'avait jamais entendu une prod' qui mettait aussi bien en valeur ce genre de tempo. Même les Damage Inc et consorts de Metallica n'avaient pas cet impact et cette fulgurance. Et en plus, la légende dit que le batteur n'a pas de double kick ?? On était sidérés par absolument tous les aspects de NOFX. Le chant hyper touchant, les mélodies incroyables, la technique et la vitesse. C'est parti, il nous faut l'intégrale de NOFX. Green Day et The Offspring peuvent aller faire dodo.
Le coup de foudre a pourtant failli s'arrêter là. Dès le lendemain, je cours à la Fnac et je vide le rayon. Il y a donc Punk in drublic, So Long, et deux CDs que je vais avoir le plaisir de découvrir : Liberal animation et Maximum rocknroll. Pwahhhh la douche froide ! C'est vraiment le même groupe ??? C'est dégueulasse. Je pige rien. Je n'ai pas Internet, pas d'ordinateur, je n'arrive pas à savoir à quoi ressemblent les membres du groupe, à comprendre leur parcours. Finalement, je squatte le PC d'un pote et je comprends mieux : Il y a un avant et un après l'arrivée du guitariste El Hefe. Je décide donc de tout choper de leur discographie à partir de 91. Je découvre que ces gars ont une teneur politique qui me fascine. Le tout enrobé d'humour et d'autodérision, c'est encore mieux. Et avec l'admiration sans condition, j'en arrive finalement à trouver la période pré-91 géniale. Je comprends même qu'il y a de l'actu dans l'air : ils passent à Paris pour promouvoir un nouvel album !!! C'est donc le 31 mai 2000 à l'Élysée Montmartre que je les vois pour la première fois en concert. J'avais 17 ans. C'était fou, débile, pas cher, plein de parlotte, des slams et des pogos non-stop, du public tout du long sur la scène, le tout dans une salle pas trop grande : incroyable. Comparé au Bercy de Metallica l'année précédente, j'ai l'impression que la distance « groupe/fan » n'existe pas. C'est un autre univers. Je veux en être d'une manière ou d'une autre. Je n'aurais jamais été dans Justin(e) sans mon amour pour NOFX.
Pump up the valuum sorti en juin 2000 est donc l'album le plus important pour moi. Déjà car il est mortel. Mais aussi car j'avais enfin rattrapé mon retard et je vivais à partir de ce moment l'actu de NOFX en même temps que les autres fans. Cet album marque le début d'une collection assidue. C'est assez simple, j'ai acheté tout ce que le groupe a proposé depuis. Pas forcément tous les t-shirts souvent bien moches, mais tous les EP, les LP, les CD, les DVD, et ce n'est pas peu dire. On peut y voir chez eux une façon de faire du fric, mais je trouve que le groupe bichonne ses fans. Entre les abonnements annuels de vinyle 7 pouces, les versions alternatives entre CD et LP pour les albums, les vinyles colorés, etc. Le tout à tarif peinard, et bah c'est génial.
J'ai dû les voir une quinzaine de fois. C'est fou comme leurs performances sont aléatoires : ils ne rendent de compte à personne. La plupart seront dégoûtés d'avoir trop de speech/vannes et pas assez de musique mais c'est tout l'intérêt de NOFX pour moi. J'ai d'ailleurs rencontré Fat Mike en 2008 car on jouait avec eux au Hellfest. J'étais paralysé de fascination, et lui s'en contrefoutait. C'était assez nul comme rencontre mais j'ai quand même eu ma photo. Depuis, je les ai croisés sur des festoches, notamment au Download où on a fait une petite partie de ping-pong, mais rien de profond. Les gars ne savent pas qui je suis et ce n'est pas grave. De mon côté, j'ai vécu plein de trucs dans le monde des concerts, j'ai grandi et j'ai réussi à soigner mon côté fanatique.
En 2009, quand l'incroyable Coaster/Frisbee est sorti, je les ai suivis sur les dates françaises de Lyon et Toulouse. Je suis retombé amoureux, alors que je me sentais toujours amoureux, et je me suis dit : « Allez, si je dois me faire tatouer, c'est leur logo, c'est sûr ». J'ai alors décidé de faire de ma peau une espèce de mur de chambre d'ado. Les posters de tout ce que j'idolâtre dans cette chambre seront tatoués au fur et à mesure. Ça a donc commencé par NOFX. Depuis, j'ai eu quelques déceptions artistiques mineures, et je prends plus de recul sur les contradictions de Fat Mike. Sa fixette et son encouragement pour les drogues dures sont très critiquables, surtout avec un ex junkie derrière les fûts. Mais c'est très intéressant de le voir se remettre en question au cours des derniers albums. Je crois que ses convictions vacillent. Grâce à leur incroyable autobiographie, la fragilité des egos du groupe n'est pas cachée et ça le rend encore plus cool. Donc même si Single album n'est pas une grosse branlée, je continuerai de choper tout ce qu'ils sortiront, par respect pour tout ce que ce groupe m'a apporté.
J'ai pompé tout mon jeu de basse dans Justin(e) sur celui de Fat Mike, et avec Ultra Vomit, on essaie toujours scéniquement d'être le bon mix entre Gojira et NOFX. Sans parler de leur indépendance et de l'exemple parfait qu'ils font pour choisir le DIY en général. Sans NOFX, mes groupes n'existeraient surement pas tels qu'il sont et ma vie serait radicalement différente.
Publié dans le Mag #47