Fake Names Fakes names, premier album du groupe éponyme, est le disque que j'ai le plus écouté depuis le début du déconfinement. Et certainement celui que je vais préférer cette année. Cet album, d'un peu moins de trente minutes pour dix titres, est envoûtant. Il est aussi et surtout superbe. Il caresse le sublime et s'approche de la perfection. Rien que ça.

Mais faisons les présentations : Fake Names, c'est LE "supergroupe" (punk) rock du moment. Il réunit en son sein Dennis Lyxzen, hurleur de Refused, la paire de guitaristes Brian Baker (Minor Threat, Dag Nasty, Bad Religion) / Michael Hampton (S.O.A., Embrace), Johnny Temple (Girls Against Boys) et Matt Schulz (Enon, Holy Fuck) pour le basse/batterie. Putain de line-up. Le genre de band un peu louche dont j'attends personnellement peu de choses. Mais la curiosité l'a emporté et je ne me suis pas fait prier pour enclencher le mode "play" pour faire défiler le disque pour la première fois. Une opération que j'ai renouvelée plusieurs dizaines de fois depuis.

Car Fake Names, pour un premier tir, a mis sur orbite un disque d'une intelligence et d'un raffinement rares. Je te l'accorde, les musiciens composant ce groupe ne sont pas des lapins de six semaines, mais l'alchimie du quintet est tout simplement surprenante et bouleversante. Il plane sur ce disque un léger spleen, une douce mélancolie et des sentiments amers savamment contrebalancés par mélodies pop et des guitares lumineuses. Dès "All for sale", le ton est donné : tout est simple, sans artifice, avec des riffs efficaces et un refrain déjà inoubliable. Dennis Lyxzen, dans un registre plus posé qu'avec Refused< /rubrique>, est magistral dans son rôle. Le morceau est parfait, et neuf autres du même calibre vont se suivre sans que la qualité s'en ressente. Avec les oiseaux composant Fake Names, on pouvait légitimement s'attendre à du punk rock à fond les ballons, à de la noise atypique ou à du punk hardcore allumé. Il n'en est rien : les rythmes sont mid tempo, le chant jamais excessif, et la production résolument pop est scintillante. Que ce soit pour "Driver", "Being them" et biens d'autres, chaque refrain me procure une excitation et une chair de poule caractéristiques des disques qui me font vibrer. Et même quand le rythme s'accélère ("Lost cause" est bien l'œuvre d'un musicien de Bad Religion !) Et point besoin de distorsion à outrance ou de structures compliquées pour toucher mon petit cœur de rockeur : la formule magique de Fake Names est bien suffisante pour ne pas me laisser indifférent. Le format "court" des chansons (moins de 3 minutes) permet d'aller à l'essentiel, et plus qu'un musicien en particulier, c'est bien l'œuvre d'un groupe en entier qu'il convient de saluer en applaudissant des deux mains. Car pondre dix tubes intemporels n'est clairement pas donné à tout le monde. À l'image de sa musique, l'artwork du groupe est sombrement lumineux et quand on s'autorise à penser dans les milieux autorisés que le groupe pourrait tourner en France avec Burning Heads, tu comprendras que je ne peux être qu'aux anges !