Quand le petit prince demanda à l'aviateur de lui dessiner un mouton, il lui fit une esquisse ovine pas vraiment à son goût. Le petit prince continua alors son chemin. Il alla voir son disquaire favori. Il lui demanda de lui faire écouter un mouton. Le disquaire qui, comme tout bon disquaire, a toujours un truc à proposer quelle que soit la demande du mélomane lui en proposa un de fabuleux. Un mouton pas né de la dernière pluie, français, du cheptel biterrois, de type mouton à 5 pattes (Timothée Soulairol, Piero Berini, Charles et Jacques Pernet et Gabriel Ducellier). Un avec déjà un petit passif musical puisque déjà 1 EP et 1 LP dans ses poches, respectivement en 2016 et 2019 (et l'éponyme déjà chroniqué dans le Mag #36). Un mouton un poil hargneux, qui a tendance à être un peu plus vénère avec le temps. Peut-être qu'il n'a pas trop apprécié ses moments de confinement, et vu l'évolution de style sur certains tracks, il a certainement dû le passer dans un garage. Ce fabuleux mouton qui commence à avoir une petite crête post-punk naissante, pour agrémenter sa tonsure. C'est qu'il mordrait le coquinou !
Bref, le quintet from Béziers, Fabulous Sheep débarque donc un poil plus incisif, avec un pelage moins pop et plus orienté rock punk garage. Il suffit de commencer par écouter le très bon single "Satellite", en version pyjama party, pour goûter un peu de cette très bonne galette (et d'en profiter pour défoncer son lit comme le suggèrent le clip et l'artwork). En colère, mais pas que, comme sur le lancinant et alangui "Mediterranean cemetery", comme une respiration entre deux coups de tête. Car le Fabulous Sheep est plus un quadrupède de rodéo, qu'une carpette de coin de feu de cheminée, il sautille et se démène sur la quasi totalité des 11 titres. Et s'il termine son opus par un "Keep in dancing", c'est à la fois pour te donner rendez-vous très prochainement en live, car ça doit envoyer de la sueur, et pour t'indiquer que le rock ne mourra jamais. Allez hop, hop, hop !
Publié dans le Mag #50