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Biographie > I hate God, but I love drugs


EyeHateGod émerge de son coma (éthylique) en 1988 du côté de la Nouvelle-Orléans (Louisiane). Le groupe entame sa carrière en tant que quartet, composé de Michael Williams (chant), Jimmy Bower (guitare), Joe LaCaze (batterie) et Steven Dale (basse). Quatre ans après ses débuts en tant que groupe, EHG sort son premier album, In the name of suffering (1992, Century Media). Renforcés par un second guitariste (Brian Patton) officiant jusque-là chez leurs voisins de Soilent Green, les chevelus sudistes remettent le couvert un an plus tard avec Take as neened for pain. Succès aidant, le groupe tourne avec des monstres tels que Napalm Death, Godflesh, ou Corrosion Of Conformity. En 1995, Jimmy Bower s'en va quelques temps tâter du riff qui dépouille au sein de Down, le all-stars band formé sous l'impulsion de Phil Anselmo. EyeHateGod doit également faire face au départ de Steven Dale, lequel est alors remplacé par Vince LeBlanc. Troisième offrande au sludge/southern-metal qui désencrasse les enceintes, Dopesick sort en 1996. Le groupe tourne alors avec Pantera. Au niveau musical, tout baigne... au niveau consommations de produits illicites les plus divers et variés, le groupe... baigne dedans. A tel point que les excès en tous genres mettent en péril la suite du groupe et que Mike Williams doit passer quelques semaines en cure de désintox'. A l'époque, c'est un peu moins tendance que maintenant (sic). Nouveau changement de line-up, bye bye, Vince LeBlanc, welcome Daniel Nick qui vient tenir la basse au sein du quintet qui ressort du bayou en 2000 avec deux galettes : Confederacy of ruined luives, le quatrième album estampillé EHG (et pas GHB hein...); puis la compilation de raretés : Southern Discomfort. Un an plus tard, le groupe continue d'exhumer ses vieilleries en publiant le bien nommé Ten years of abuse (and still broke) regroupant quelques démos et titres live de différentes époques, puis Preaching the end-time message (2005) au contenu plutôt identique (des démos, des B-sides, des titres live).

EyeHateGod / Chronique LP > In the name of suffering


eye_hate_god_in_the_name_of_suffering.jpg Le Sludge. La boue. La crasse. Rarement une étiquette aura aussi bien collé à une musique. En l'an de grâce 1992, une bande d'affreux rednecks de la New Orleans, Louisiana, (NOLA pour les intimes) nous balancent à la gueule une déjection sonore ayant pour nom In the name of suffering. Prenez le groove et les riffs de Black Sabbath, la lenteur et la lourdeur des Melvins, la haine et le nihilisme de Black Flag, rajoutez le contexte d'une vieille baraque pourrie dans la chaleur moite du bayou, sentant le mauvais bourbon frelaté, l'herbe et le crack de supermarché et ça vous donnera peut-être une idée de la teneur de cette immonde galette. Ici toute idée de beauté, de paix, d'amour de son prochain est totalement bannie. Ce disque est laid, hideux même. Le but assumé est de mettre en musique tout ce qu'il y a de moche dans la nature humaine et de nous foutre le nez dedans sans préavis. D'ailleurs on s'en rend compte très vite. Dès les premières secondes du premier titre "Depress", nos oreilles sont agressées par les larsens de Jimmy Bower, la rythmique pachydermique et ce cri... mon dieu, mais qu'est-ce que c'est que ce chanteur ?! D'entrée de jeu, Mike Williams nous vomit au visage d'incompréhensibles beuglements dans un nuage de salive, de sang et de vapeurs d'alcool(s). "Ca commence fort !" se dit-on. Et ben mes amis, rassurez-vous, ça va être comme ça tout le long ! Ce disque est proprement dégueulasse, une trentaine de minutes nauséabondes de haine de l'humanité, de violence et de dégoût de soi même. Les ignobles larsens nauséeux de Jimmy Bower (par ailleurs batteur dans Down) sont quasiment omniprésents, les riffs sont rampants et vicelards, la rythmique est d'une lourdeur d'outre tombe, et Mike Williams vient apposer sur ce gâteau douteux sa bile de saoulard à l'alcool violent. Les textes sont infâmes. Drogues, violence domestique, viols, meurtres, tout y passe (il n'y a qu'à regarder les titres des chansons). La prod est complètement cradingue. Même les zicos semblent parfois un peu à côté de la plaque... Bon, après une telle énumération, certains d'entre vous seront en droit de se demander comment on peut écouter une telle horreur. Et ben, franchement j'ai beau chercher, je vois pas comment expliquer rationnellement pourquoi j'aime ce disque. Un petit côté masochiste peut-être. Parce qu'il est bon ce disque, il est excellent même ! Déjà, ça a beau être très lent et très laid, les riffs sont particulièrement accrocheurs et l'ensemble est imprégné d'un groove bluesy à faire danser les morts (c'est que ça danse pas vite un mort...). Et puis il y a ce qui fait tout le charme de cet album : le rythme. Les changements de rythme de In the name of suffering sont complètement erratiques, inattendus et jouissifs ! Il se dégage de ce disque un sentiment de danger permanent qui fait qu'on ne s'ennui pas une seconde. L'exemple le plus flagrant est sans aucun doute la bien nommée (et terriblement fun) "Run into the ground". Ca commence sur un bon gros riff de base (un seul accord) qui va ralentir à l'extrême en quelques mesures, un peu comme si on essayait de courir dans des sables mouvants, en s'enfonçant un peu plus à chaque pas. Puis s'en suit un gros passage "doom mammouthesque" (copyright déposé) à deux à l'heure, et sans prévenir, le tout s'achève sur un gros hardcore "Black Flaggien" à fond les gamelles ! (je me rappelle encore avoir explosé de rire à la première écoute de cette piste). Je pourrais continuer encore longtemps à déblatérer sur chaque petit bout de l'infect hymne à la misanthropie qu'est ce disque, mais ça ne servirait bien sûr pas à grand-chose. In the name of suffering est un tout. Un gros "fuck" à la face de l'humanité triomphante, histoire de bien lui rappeler toutes les casseroles qu'elle traîne et quelle est sa vraie place. Ca fait du bien d'entendre ses quatre vérités de temps en temps. Toujours est-il que malgré une disco qui sera par la suite plus aboutie et "propre" (toutes proportions gardées bien sûr... c'est pas très dur de faire plus propre), EyeHateGod aura quand même profondément marqué les esprits avec ce monstrueux premier album, jetant par la même occasion la première pierre de ce genre bâtard qu'est le Sludge et ouvrant la voie à tout un tas d'autres rockeurs cramés, du sud et d'ailleurs.