Exxasens Après deux premiers albums qui nous avaient honteusement été snobés malgré le fait qu'ils aient vu le jour chez un label (ConSouling Sounds) nous faisant pourtant habituellement parvenir ses toujours excellents productions (Methadrone, Nadja, Syndrome), les barcelonais d'Exxasens ne ratent pas leur troisième essai, cette fois sorti chez une autre structure de qualité : Aloud Music (Nothink, Toundra notamment). Et Eleven miles, ledit effort de justifier ce que l'on a pu entendre à leur sujet.
Une constellation de titres post-space-rock aux effluves progressives, les morceaux de cet album invite l'auditeur à s'immerger dans un univers qui voyage en permanence entre ciel et terre (voire au-delà). Ondulation prog-rock et crescendo stratosphériques, une musique exclusivement instrumentale et pourtant déjà très riche de part son écriture ("Science will save us"), les premiers pas au sein de l'album sont des plus prometteurs. L'ensemble est particulièrement rythmé, conférant aux premiers titres une réelle dynamique, par ailleurs accentuée par leur aspect très mélodiques, presque pop par instants. Parce que Exxasens n'aime rien moins que mélanger les genres, varier les styles comme les approches artistiques et si les neuf titres de l'album ne sont pas tous résolument différents les uns des autres, ils possèdent chacun leur identité propre ("Helios" et son murs de guitare post-rock qui satellise l'assistance en quelques minutes, "Constellation" qui muscle un peu plus son jeu dans un registre rock catchy flirtant avec le groove nu-metal).
On l'a déjà plus ou moins dit, avec cet Eleven miles, on n'est jamais à l'abri d'une (bonne) surprise et l'enchaînement des titres en atteste un peu plus : que ce soit avec l'éponyme et très 90's "Eleven miles" ou "Baikonur", son intro feutrée et son développement post-métallique, les espagnols démontrent qu'ils savent à peu près tout faire, toujours sans la moindre trace de chant et pourtant avec la même efficacité, en témoigne le très beau et intense "Eclipse", assurément le climax de l'album. Six morceaux sur neuf et plus qu'un seul tiers pour définitivement asseoir son statut de formation montante et talentueuse de la discrète scène alternative ibérique, Exxasens assume et livre avec "Rise up" un énième très bon morceau. Pas de fausse note à l'horizon ("Nebula seven", "Casiopea"), rien de véritablement révolutionnaire non plus mais un groupe qui sait ce qu'il fait, où il va, tout en contrôle et qui plus est, plutôt inspiré : on valide.