Simon, chanteur et guitariste d'Exsonvaldes répond à quelques questions sur leur nouvel excellent album, les clips et les concerts du groupe en toute décontraction...
Exsonvaldes (Dour 2013)
Le dernier album studio date de 2009, pourquoi a-t-il fallu attendre 4 ans ?
On est toujours un peu lents je crois. D'abord il y a eu la tournée acoustique et la sortie de There's no place like homes. Puis l'écriture du disque s'est étalée sur 2 ans. Et enfin l'enregistrement, qui a pris du temps car nous avons produit le disque nous-mêmes avec Alex Firla (le réalisateur) = complète liberté artistique, mais budget serré ! Du coup on a eu le temps de vraiment peaufiner ce disque.
La réussite des concerts en appartement, ça a "retardé" vos plans ?
Oui en quelque sorte, même si a l'époque on n'avait pas encore vraiment de "plan" pour notre troisième album. Disons que si on avait pas sorti There's no place like homes, Lights aurait peut-être été terminé un an plus tôt. Mais on serait passé à côté de beaucoup de supers concerts donc... c'est bien comme c'est !
Near the edge of something beautiful montrait un nouveau visage d'Exsonvaldes, vous enfoncez le clou avec Lights, qu'est-ce qui d'après toi, vous a fait évoluer ?
Je pense qu'on évolue à chaque album car cela ne nous intéresse pas de refaire les mêmes choses. On aime chercher des nouveaux sons, des nouvelles idées. Essayer de nous surprendre nous-mêmes. C'est ce qu'on a voulu faire avec les morceaux en français, quelque-chose de nouveau pour nous. C'est notre moteur à chaque album : faire mieux, sans se répéter. C'est un truc qu'on se disait beaucoup avec Alex Firla pendant l'enregistrement : ça ne doit pas sonner "vieux Exson".
La production joue un rôle important ou tout est pensé dés les répétitions avant le studio ?
Pour la première fois, elle a joué un vrai rôle. Sur Near the edge of something beautiful, Alex était arrivé assez tard dans le processus d'écriture. Pour Lights, on a écrit une grande partie de l'album dans son studio, à Bastille, dans lequel il nous a prêté une petite pièce pour travailler. Il y a eu une période où on allait tous les matins au travail, pour écrire notre album et Alex passait parfois pour donner un conseil, une orientation. Souvent il identifiait mieux que nous les forces d'un morceau, nous disait sur quelle idée appuyer. Souvent aussi, d'une version à une autre, il trouvait qu'on avait retiré le meilleur truc. Bref, il avait le recul qu'on ne pouvait pas avoir. Ensuite on a appris à jouer les morceaux, pour pouvoir enregistrer le plus de choses en live.
Exsonvaldes (Dour 2013)
Il y a 3 titres en français, là encore, qu'est-ce qui fait que tu as sauté le pas ?
J'ai commencé tout seul, pour un projet solo. J'avais déjà écrit des morceaux pour moi dans le passé, en anglais, mais les meilleurs avaient toujours fini par être récupérés par Exson, parce que c'est le projet le plus important. Du coup cette fois-ci je me suis dit, ok, je vais écrire en français, comme ça, ça ne pourra pas être du Exsonvaldes. Tu vois comment ça se termine... (rires)
En fait pendant longtemps on avait pas envie de chanter en français car c'était un sujet qui revenait hyper souvent. On nous demandait tout le temps "Pourquoi vous ne chantez pas en français ?". Du coup, en réaction, on s'y refusait ! Et puis j'ai commencé à faire écouter mes morceaux autour de moi, et tout le monde reconnaissait notre style, ça sonnait comme du "Exson en français". Donc on s'est lancé. Et on est très contents !
Vous avez bossé sur l'artwork et ses déclinaisons, d'où vient cette idée ?
C'est le travail de Please Let Me Design, des graphistes belges. On voulait une idée simple - on aime beaucoup les designs minimalistes - qui serait facile à décliner. Ils nous ont proposé ce "logo" qu'on a tout de suite adoré. C'est un prisme, qui décompose la lumière ... d'où le spectre lumineux à l'intérieur de la pochette. Moi j'y vois aussi une représentation stylisée des voyages à la vitesse de la lumière dans les films de SF, les scènes à la fin de 2001 l'odyssée de l'espace par exemple.
Le titre de l'album s'est imposé assez vite, le thème des lumières était présent dans beaucoup des textes, en anglais comme en français. On aime bien les sens multiples qu'il peut avoir : on a essayé de faire un disque plus lumineux, plus assumé, avec plus d'espoir ; et il y a aussi le thème des Lumières au sens historique, le progrès, la science... et pour finir le rétro-futurisme de l'Aérotrain. Ce sont des thèmes qui nous ont beaucoup inspiré pendant l'écriture du disque.
Vous avez déjà réalisé 3 clips, très bons et très différents, on peut en dire plus sur leur création ? Pour "Days", y'a pas mal de placement de produit ? Ca rapporte ?
Non pas du tout malheureusement (rires). Je ne crois pas qu'Apple ait besoin de nous. En fait, c'est un hasard : quand on a eu l'idée de ce clip - qu'on a réalisé en plan séquence en une journée - on a pris ce qu'on avait sous la main : nos téléphones, l'ordinateur sur lequel on enregistrait nos démos, etc. Il se trouve qu'on avait tous des iPhones, mais on y a pas vraiment pensé avant de se faire attaquer sur 4chan !!! Du coup quand on a réalisé on s'est dit : autant envoyé le clip à Apple. Et on a reçu une réponse de Jonathan Ive, incroyable !
Pour "Seahorses", ce sont des images qui existaient avant le clip ? Quel a été le travail demandé au réalisateur ?
Les images ont été tournées pour le clip, mais pas seulement. Un ami monopalmeur nous a proposé l'idée car il devait aller filmer en Mer Rouge et nous a dit : "Je pourrais aussi filmer des images pour "Seahorses", on verra ce que ça donne". Ensuite notre monteur a lui aussi fait un super travail pour rythmer l'ensemble. C'est lui qui a identifié dans les rushs les images du nageur qui "danse" dans la lumière alors qu'au départ ces images ne devaient pas servir.
Pour "L'aérotrain", il y a un gros travail avec des images d'archives et de la post-production. Qui a eu l'idée du clip ? C'était comment de tourner ces images et de voir le résultat final ?
Franchement le tournage était génial. On était tellement en trip sur ce truc, et heureux d'avoir récupéré les archives. Pour te raconter le début de l'histoire : la première fois que j'ai joué ce morceau, en solo, quelques jours à peine après l'avoir écrit, le petit fils de Jean Bertin (l'inventeur de l'Aérotrain) était dans la salle. Un hasard incroyable ! Du coup, l'accès aux archives a été facilité ! Ensuite on a confié le projet à notre pote Naël Marandin, qui avait réalisé le clip de "Lali", en le chargeant de raconter une histoire. On est partis deux jours en plein hiver pour tourner près du rail de l'Aérotrain, à Orléans. On a eu très froid mais ça valait le coup !
Le présent, c'est les concerts et la promo de l'album, vous avez joué à Dour en début d'après-midi, peu de festivaliers étaient levés par rapport à la jauge de la tente, c'est dur de jouer dans ces conditions ?
Oui en ce moment on est vraiment concentrés sur les concerts. C'est clair que ce n'est pas toujours évident de jouer quand il y a peu de monde, mais en même temps, on le sait d'expérience, ce n'est jamais inutile : il y a toujours des gens qui sont venus exprès pour te voir, ou des gens qui vont découvrir le groupe et revenir ensuite plusieurs fois. Donc c'est comme ça qu'on trouve la motivation à chaque fois : il n'y a jamais de concert inutile.
Début septembre, vous retournez en Espagne, y'a un truc avec les Espagnol(e)s ?
Oui je crois ! Mais on ne l'explique pas bien, peut-être le nom du groupe ? En tous cas c'est une belle rencontre ! On y va le plus souvent possible, dans des endroits de plus en plus grands, c'est chouette.
A part les concerts, d'autres choses de prévues ?
On va sans doute reprendre les concerts en appartement cet automne car c'est une idée qui nous tient à coeur. On en n'a pas fait depuis quelques temps, et ça nous manque !
Merci Simon et Exsonvaldes !
Photos : Oli (Dour 2013)